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31 juillet 2018 2 31 /07 /juillet /2018 18:00

Pour marquer l'anniversaire de la naissance de Gabriel MAIRE, né le 1er août 1936 à Port-Lesney, voici une longue page écrite en janvier 2018 par le père Bernard COLOMBE, prêtre fidei donum avec Gabriel à Vitória. Il nous montre comment son confrère était engagé dans la nouvelle évangélisation, priorité de l'Eglise Catholique depuis le pontificat de Jean-Paul II.

Acrostiche de Gabriel par Darcio

Acrostiche de Gabriel par Darcio

L’Eglise universelle s’engage vers une nouvelle évangélisation 

 

Dix ans avant l'assassinat du père Gabriel MAIRE, le 23 décembre 1989, l'Eglise universelle était entrée par la voix de Jean Paul II dans la nouvelle évangélisation. C'était exactement le 9 juin 1979, en Pologne. Cette expression a été reprise par lui 250 fois ! Le pape Benoit XVI l'utilisera assez souvent, par exemple lorsqu'il promulgua une année de la foi du 11 octobre 2011 au 24 novembre 2012 en vue d'un « engagement ecclésial plus convaincu en faveur d'une nouvelle évangélisation ».

 

Gaby, Martyr de la libération

 

Les témoignages écrits et oraux de Dom Silvestre Scandian, archevêque de Vitoria, Espirito Santo, Brésil, puis de son successeur Dom Luiz Mancilha, comme d'une multitude de laïcs et de religieux brésiliens, font un écho clair et direct à ces paroles de Benoit XVI. Ils peignent le portrait d'un prêtre engagé dans son Eglise d'adoption, au titre de Fidei donum de 1980 à sa mort. Un livre édité au Brésil pour les 25 ans de son assassinat en est un témoin essentiel : -Padre Gabriel Prefiro morrer pela vida a viver pela morte (pas encore traduit en français). 134 pages de témoignages recueillis dès 1990, par un groupe d'amis.

 

Zé Vicente, compositeur que Gabriel avait fait venir du Nordeste à Porto de Santana, écrit ainsi :

Jusqu'à quand annoncer la libération sera-t-il une raison de mourir assassiné ? Triste société qui ne supporte pas la moindre dose d'amour envers ses opprimés ! Pauvre démocratie commandée par des criminels, sinistres messieurs habillés d'impunité et de propagande !

 

Et Sr Terezinha :

Père Gabriel, merci d'avoir collaboré à mon processus de formation, comme Missionnaire de Jésus crucifié ! Merci, car vous m'avez aidé à découvrir l'eucharistie comme une révolution dans ma vie. Vous êtes vivant dans le cœur de celles et ceux qui vous ont connu. Pour votre engagement auprès des privilégiés de Jésus, vous êtes devenus martyr de la libération, pour la plus grande gloire de Dieu.

 

Nous pouvons citer ici une partie de l'homélie de Dom Silvestre pour le 1er anniversaire de la mort du Père Maire :

Notre compagnon et frère sur le chemin parcouru ensemble a laissé une phrase prophétique qui s'est dressée comme un drapeau de convocation afin de ne pas nous décourager et continuer la lutte : je préfère mourir pour la vie que de vivre pour la mort. Cette phrase a été une devise, un idéal de vie, inspirée des paroles du Maître dont nous commémorons la naissance : Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir et donner ma vie pour la libération de beaucoup. (In : Serenidade em meio a altas ondas - biographie de Dom Silvestre, éditée au Brésil).

 

Et puis 27 ans plus tard, Dom Luiz Mancilha qui n'avait pas connu Gabriel écrivait à l'évêque de St Claude, Mgr Jordy :

Dans ma visite pastorale à la paroisse St François à Porto de Santana, j'ai entendu de fidèles chrétiens des beaux commentaires au sujet du Père Gabriel Maire comme un homme de Dieu. Son témoignage fort et la clarté de ses paroles et de ses attitudes ont résonné dans le cœur de plusieurs prêtres de ce diocèse. 27.09.17

Quelques jours plus tard, après l'annonce de la prescription du procès le 18 octobre, Dom Luiz signe un communiqué à la presse qui se termine ainsi :

Le Père Gabriel est certainement un des martyrs de l'Eglise en ces temps de tant d'injustice et de manque d'éthique.

 

Poster créé par l'association

Poster créé par l'association

Prêtre Fidei Donum à Vitória

 

Gabriel Maire avait répondu à la demande de Dom João Batista e Dom Luiz Fernandes de venir travailler dans ce grand diocèse où étaient déjà passés 4 prêtres français. Deux d'entre eux avaient pourtant déjà été menacés de mort en 1987, à Linhares. Son ministère sacerdotal aura été essentiellement paroissial et d'accompagnement de la pastorale ouvrière diocésaine. Sa volonté de rester au milieu du peuple qui lui avait été confié, au moment où des menaces de mort se précisaient sur sa personne, reste le signe le plus parlant de l'adhésion de Gabriel Maire à ce projet missionnaire universel, concrétisé sur un point limité de l'immense Brésil. Par sa mort, il rejoignait les dizaines de personnes assassinées pour leur résistance à l'oppression, dont plusieurs au nom de leur foi et de leur ministère, appelées spontanément par le peuple croyant : les martyrs du chemin fait ensemble.

Grand désir de vivre au diapason du monde

 

Ces 9 années au Brésil faisaient suite à une présence originale et résolument missionnaire dans le diocèse de St Claude, Jura, dans la diversité des ministères reçus. Grand désir de vivre au diapason du monde, aux côtés de tout homme de bonne volonté, comme « citoyen du monde », et déjà, comme séminariste, présence précieuse pour ses camarades pendant la guerre d'Algérie. Le 24 octobre 1977, il concluait dans La Croix jurassienne la riche interview qu'il avait donnée à propos de « prêtre et politique » :

« Je souhaite qu'on s'habitue à connaître les options de chaque prêtre sans croire qu'il veuille imposer ses idées. C'est l'apprentissage de la liberté dans l'Eglise, donc une franche diversité. Je souhaite que les communautés chrétiennes, prêtres et laïcs ensemble, deviennent plus prophétiques, en actes, pour que la Parole devienne plus crédible. (in Un prêtre... Karthala p 17-21.)

Evangélisation du monde moderne

 

Il était nourri de la réflexion et des décisions des Pères du Concile Vatican II et quelques années plus tard de l'Exhortation apostolique de Paul VI Evangelii nuntiandi de 1975 sur l’évangélisation du monde moderne. La même année le Conseil permanent de l'épiscopat français publiait : Libérations des hommes et salut en Jésus Christ, où on pouvait lire :

Nous ne serons pas fidèles à l'unité et à l'unicité du dessein de Dieu, à l'unité de la vocation de la personne humaine et de l'humanité, si nous ne prenons pas une part active aux actions et aux combats de libération humaine. C'est au cœur du monde qu'il s'agit d'annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle, aux opprimés la libération, aux affligés la joie.

Le choix prioritaire des pauvres

 

A son arrivée dans le diocèse de Vitoria, il s'est intégré dans une Eglise locale largement organisée en Communautés ecclésiales de base (CEB) par l'archevêque Dom Joao da Motta et son auxiliaire Dom Luis Fernandes. Un grand enthousiasme parcourait les paroissiens heureux de participer à la mission dans les périphéries et les campagnes. Gabriel Maire ne faisait pas partie des résistants à ce renouveau ecclésial promu par la Conférence des évêques du Brésil (CNBB). Au contraire, il apportait toute sa fougue et ses compétences à ce vaste chantier. Le choix prioritaire des pauvres assumé par le CELAM (Conseil épiscopal d'Amérique latine) dès 1968 était devenu le sien.

Photo d'un ami du Brésil

Photo d'un ami du Brésil

Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile !

 

Pour ses 25 ans de presbytérat, Gabriel Maire avait célébré une messe en plein air. Sur un calicot en arrière de l'autel, il y avait la phrase de st Paul citée par Jean Paul II pour faire entrer dans le grand Jubilé de l'an 2000 :

Nous devons raviver en nous le sentiment enflammé de Paul qui s'exclamait : Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile ! 1 Co 9, 16. Cette passion ne manquera pas de susciter dans l'Eglise un nouvel esprit missionnaire, qui ne saurait être réservé à un groupe de spécialistes, mais qui devra engager la responsabilité de tous les membres du peuple de Dieu.

 

Engager la responsabilité de tous les membres du peuple de Dieu, a été la priorité de Gabriel Maire en lien avec l'Eglise de Vitoria, attaché qu'il était à donner à ses membres jusque là passifs, se jugeant incapables, l'expérience d'assumer progressivement leur vocation de laïcs à part entière.

Transformation de la société comme signe de la réalisation du Royaume

 

Ses lettres à sa famille et à ses amis français appelées par lui Echos de Vitoria ont été éditées en 2014 sous le titre Gabriel Maire Un prêtre français assassiné au Brésil 1936-1989, chez Karthala.

Il a été traduit en portugais par des amis et édité depuis. Au long des presque 300 pages, on peut suivre l'évolution de ses convictions et de ses pratiques, ses joies et ses souffrances et ainsi accompagner la mise en œuvre de cette évangélisation renouvelée dans les paroisses de Cariacica et de Viana. Mise en œuvre « nouvelle en son ardeur, dans ses méthodes, et dans ses expressions », selon Veritatis splendor du 6 août 1993, déjà bien pratiqué en particulier dans de larges secteurs de l'Amérique latine. On peut aussi se reporter aux Options et directives pastorales de l'Eglise de Vitoria, éditées en 1987 chez Paulinas, où l'on parle entre autres priorités de collaborer davantage dans la transformation de la société comme signe de la réalisation du Royaume cf. p 48 et 49.

Conversion individuelle et pastorale

 

Quand on entend aujourd'hui, 28 ans après la mort de ce missionnaire français, les laïcs commenter, en se souvenant de paroles et de gestes concrets, la manière dont leur curé leur permettait de donner le meilleur d'eux-mêmes, à partir d'une connaissance de l'Evangile, ou mieux d'une expérience d'Evangile, on se réjouit que la nouvelle évangélisation avait été prise très au sérieux.

 

L'objectif général de l'action de l'Eglise au Brésil commençait d'ailleurs son intitulé par : Evangéliser. C'était un processus de conversion individuelle et pastorale auquel le Père Maire avait joyeusement adhéré.

 

Le coté infatigable de sa vie ministérielle, les méthodes de participation appliquées à toutes les décisions pastorales et missionnaires, les expressions liturgiques dans les petites chapelles en planche ou en dur, les grands temps forts de l'année, avec leurs neuvaines, processions, en particulier au sanctuaire marial de Nossa Senhora da Penha, théâtres, formation biblique, chants, rédaction de psaumes etc... comme sa présence courageuse dans les conflits de la terre urbaine, le soutien des femmes menacées dans leur intégrité corporelle, l'appui aux balbutiements de la démocratie, le renforcement de la pratique syndicale, après 20 ans de dictature, bref une lutte contre les « structures de péché » comme l'avait remarqué Jean Paul II, voilà bien quelques exemples faciles à retrouver et avec force détails dans sa correspondance qui confirment un choix missionnaire résolu.

Formation des prêtres et des laïcs

 

Les prêtres étaient vus aussi par le pape de l'époque comme des acteurs privilégiés, à condition, écrivait-il dans un texte de 1993, qu'ils aient une formation initiale et continue, une connaissance intime de la Parole de Dieu, une sainteté de vie, un nouveau style de vie pastorale, une collaboration avec les laïcs et une profonde communion avec le Pape et les évêques. La résidence provisoire e Gabriel au séminaire diocésain a permis un beau témoignage sur ce point.

 

Les laïcs, eux, selon Christifideles laici, 1988, étaient encouragés : ils ont leur rôle à jouer dans la formation de la communauté ecclésiale, non seulement par une participation active et responsable à la vie communautaire, mais aussi par l'élan et l'action missionnaire en direction de ceux qui n'ont pas encore la foi ou qui ne vivent pas selon la foi reçue au baptême. Les lettres lues dans les Echos de Vitoria tout autant que les témoignages recueillis après la mort du Père Gabriel Maire rassemblent un grand nombre de réalisations dans ce sens.

 

Les temps de retraite spirituelle, parfois loin de Vitoria du côté d'Alagoinhas (BA) dans la communauté de Taizé ou bien à Crateus dans le Piaui, montrent bien son souci du ressourcement pour un engagement aussi fort dans l'évangélisation. Les prédications au cours des nombreuses messes du dimanche dans 3 ou 4 communautés, étaient de riches moments d'approfondissement de l'Evangile, tout comme les enseignements donnés par exemple aux charismatiques de la paroisse de Campo Grande.

La théologie de la libération

 

L'Instruction sur Liberté chrétienne et libération, du 22 mars 1986, rédigée par le Cardinal Ratzinger et approuvée par Jean Paul II, faisait suite au premier document de septembre 1984 intitulé Quelques aspects de la théologie de la libération. Les dates situent ces deux documents en plein dans le ministère du Père Maire. L'Eglise de Vitoria a bien sûr fait des études sur les remarques et recommandations romaines, qui mettaient beaucoup de réserves sur le type d'engagement qu'elle vivait, en lien avec beaucoup d'autres au Brésil et en Amérique latine. Et cependant on trouvera dans le 2ème document la reconnaissance de cette manière de rendre présent l'évangile auprès des pauvres. Citons n° 57 :

 

Une foule de chrétiens, depuis le temps des apôtres, ont engagé leurs forces et leur vie pour la libération de toute forme d'oppression et pour la promotion de la dignité humaine. L'expérience des saints et l'exemple de tant d’œuvres au service du prochain constituent un stimulant et une lumière en vue des initiatives libératrices qui s'imposent aujourd'hui.

 

Le 100ème et dernier paragraphe commence ainsi :

Il est vrai que devant l'ampleur et la complexité de la tâche, qui peut requérir le don de soi jusqu'à l’héroïsme, beaucoup sont tentés par le découragement, par le scepticisme ou par l'aventure désespérée.

 

Ses amis savent que Gabriel Maire a eu des moments de découragement, mais pas de scepticisme et moins encore de tentation d'aventure désespérée, ce qui dans le langage ecclésiastique de cette Instruction désigne la guérilla.

Bâtir une civilisation de l’amour

 

Bâtir une civilisation de l’amour (expression de Paul VI) au sein d'un Brésil fortement inégalitaire, dans la rudesse de la vie des classes populaires, avec leurs souffrances, leurs blessures et leurs espoirs, dans les déceptions surmontées lorsque les puissants impriment leurs pensées par la télévision dans des foyers où tout manque, évoquées ainsi par Dom Silvestre :

Je pense surtout aux élites économiques et politiques de notre pays, je pense aux banquiers et aux grands propriétaires, nos grands politiques et entrepreneurs... eux tous, sauf de rares et louables exceptions, tournent le dos au futur, sentant l'odeur de la fumée de l'incendie qui se développe dans les maisons voisines tout en fermant les yeux sur le danger qui frappe leur propre maison... et donc je préfère mourir pour la vie à vivre en causant la mort des autres. (dans l’homélie de Dom Silvestre du 1er anniversaire)

 

Oui bâtir une civilisation de l'amour, telle est la relecture que l'on peut faire de la vie de ce prêtre diocésain français, le Père Gabriel, Roger, Félix Maire, comme il était connu officiellement au Brésil et plus encore comme Padre Gabriel, comme en témoignent des signes durables : un quartier de Cariacica, une place, un buste sur une place publique et une école pour handicapés mentaux qu'il avait aidée à construire, sans compter les brésiliens qui ont reçu Gabriel comme nom de baptême !

Note : outre les documents cités dans cet article, en français ou en portugais, un petit livre m'a aidé dans les dates et les citations : La nouvelle évangélisation de Jean Paul II à Benoît XVI, de Jean Philibert, aux éditions des Béatitudes 2012 112 pages

 

                                                                                                               Bernard Colombe - Janvier 2018

Les amis de Vitória se réunissent le 1er août.

Les amis de Vitória se réunissent le 1er août.

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4 février 2016 4 04 /02 /février /2016 13:40

Cleunice, Dárcio e Jovanir

11 dias nos passos de Gaby, na França

Por: Jovanir

 

"Eles não sabiam que era impossível...

então, fizeram"

Quarta-feira, 06 de janeiro de 2016

 

Após 11 horas de vôo, chegamos um tanto cansados ao aeroporto de Paris (Charles de Gaule). Constantes momentos de turbulência obrigaram os passageiros a permanecer quase o tempo todo sentados durante o vôo. Às vezes eu tive a impressão de que essa exigência não passava de uma estratégia dos comissários de bordo a fim de terem menos movimento nos corredores; afinal, salvo alguns momentos - em minha opinião de leigo no assunto de vôos -, nem havia tanta turbulência assim.

 

Chegamos com 15 minutos de atraso a Paris, o que fez com que tivéssemos que correr por diversos longos corredores para não perder o vôo para Lyon. Perdemos. Não porque não corremos o bastante, mas porque, devido o atraso no vôo, a empresa não teve tempo  hábil de transportar as malas de um avião para o outro. Foi preciso esperar o próximo vôo; e não tínhamos como avisar ao padre Bernard, que nos aguardava em Lyon.

 

Tomado o avião para Lyon, chegamos ao aeroporto Saint Exupéry (Homenagem ao autor do célebre livro "O Pequeno Príncipe"), e lá estava o padre Bernard com um grande sorriso e braços abertos para nos acolher.

 

Ao longo do caminho até sua casa misturávamos francês e português em nosso diálogo. Pareceu-me que assim estava bem para todos.

 

Padre Bernard COLOMBE já exerceu seu ministério no Brasil, entre os anos 1974 e 1983. Seu principal local de atuação foi a região de Cariacica, na linha dos padres engajados no meio popular, o que quer dizer que não estava lá apenas para celebrar os sacramentos, mas também para contribuir na diminuição do sofrimento do povo, por meio da conscientização das pessoas acerca da realidade em que vivem, apontando caminhos de solidariedade entre si (campanhas, mutirões,...), e de ação conjunta junto a órgãos governamentais em prol de melhorias para o bairro (água encanada, redes de esgoto, postos de saúde, transporte coletivo, dentre outros).

 

Pe. Colombe chegou a morar uns dois anos com Gabriel, em Vera Cruz - Cariacica. Os dois, juntamente com o padre João, eram conhecidos carinhosamente como "os padres franceses" pelas pessoas da localidade.

 

O frio de Lyon já nos acompanhava desde o aeroporto. Cerca de 8 graus, e diminuindo. Em sua casa um almoço nos esperava, com um simpático bilhete da cozinheira, dando boas-vindas aos três brasileiros.

 

Cleunice disse que ela mesma não acreditava estarmos conseguindo realizar esta viagem. Simpaticamente, o padre Bernard então nos disse um ditado que os franceses usam com certa frequência: "Eles não sabiam que era impossível... então fizeram".

 

Um breve passeio a pé pelas ruas vizinhas nos fez conhecer um pouquinho a região.

A noite foi chegando devagarinho.

Dárcio e Cleunice foram para a casa de Marielle, irmã de pe. Bernard. Eu fiquei na casa dele.

Photos de Cleu et Darcio
Photos de Cleu et Darcio
Photos de Cleu et Darcio
Photos de Cleu et Darcio
Photos de Cleu et Darcio
Photos de Cleu et Darcio
Photos de Cleu et Darcio
Photos de Cleu et Darcio

Photos de Cleu et Darcio

Cleunice, Dárcio et Jovanir

 

Onze jours sur les pas de Gaby, en France

Par Jovanir

 

"Ils ne savaient pas que c'était impossible…

alors, ils l'ont fait"

Mercredi 6 janvier 2016

Après onze heures de vol, nous arrivons, un peu fatigués, à l'aéroport Charles de Gaulle à Paris. Des turbulences continues ont obligé les passagers à demeurer assis presque pendant tout le vol. Parfois, j'avais l'impression qu'il s'agissait simplement d'une stratégie des commissaires de bord pour avoir moins de passages dans les couloirs ; finalement, si l'on excepte certains instants – à mes yeux de novice à propos de voyages en avion – il n'y avait pas tant de turbulences que cela.

Nous arrivons à Paris avec quinze minutes de retard, ce qui fait que nous avons dû courir dans plusieurs longs couloirs afin de ne pas rater le vol pour Lyon. Nous l'avons raté. Non pas parce que nous n'avons pas couru assez vite, mais parce que, étant donné que le vol avait du retard, la compagnie n'a pas eu le temps suffisant pour transborder les valises d'un avion à l'autre. Nous avons dû attendre le vol suivant ; et nous n'avions pas de quoi avertir le Père Bernard, qui nous attendait à Lyon.

 

Une fois dans l'avion de Lyon, nous arrivons à l'aéroport Saint Exupéry (Hommage à l'auteur du célèbre livre "Le Petit Prince") et là se tenait le Père Bernard avec un grand sourire et les bras ouverts pour nous accueillir.

 

Tout au long du chemin vers son appartement, nous avons mélangé, dans notre dialogue, français et portugais. Il me semble que c'était bien ainsi, pour chacun d'entre nous.

 

Le père Bernard COLOMBE avait effectué son ministère au Brésil, déjà dans les années entre 1974 et 1983. Il a exercé principalement dans la région de Cariacica, dans la lignée des prêtres engagés en milieu populaire, ce qui veut dire qu'il était là, non seulement pour célébrer les sacrements, mais encore pour essayer de diminuer la souffrance du peuple, en conscientisant les personnes autour de leur vécu, leur montrant des chemins de solidarité (campagnes d'action, travaux en commun,… initiatives prises en accord avec les services gouvernementaux pour mieux organiser le quartier en installant canalisations d'eau, réseaux d'égouts, postes de santé, transport collectif, parmi d'autres.)

 

Le Père Bernard Colombe est venu habiter quelque deux années avec Gabriel, à Vera Cruz-Cariacica. Les deux prêtres, avec aussi le Père Jean (Fugeray), étaient connus et aimés par les gens de la localité, comme « les prêtres français ».

 

Le froid de Lyon nous accompagnait déjà depuis l'aéroport. Environ 8° et cela continuait à diminuer. Chez Bernard, un repas nous attendait, avec un sympathique petit mot de la cuisinière, souhaitant la bienvenue aux trois Brésiliens.

 

Cléunice nous a dit alors qu'elle-même ne croyait pas que nous arriverions à faire ce voyage. Aimablement, le Père Bernard nous a alors cité un dicton que les Français utilisent assez couramment : "Ils ne savaient pas que c'était impossible…alors ils l'ont fait".

 

Une brève promenade à pied par les rues voisines nous a fait connaître un tout petit peu les alentours.

 

La nuit est arrivée tout doucement.

 

Dárcio et Cleunice sont allés chez Marielle, sœur du Père Bernard. Et moi, je suis resté chez lui.

 

(traduit du portugais en français par Claudette et Paul)

 

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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 21:57

Ce texte est paru dans le journal La Croix peu de temps après la mort de Gaby. Il a été écrit par Jean, celui que Gaby venait remplacer à Vitòria et que nous pleurons maintenant puisqu'il est mort le 23 octobre dernier. La dernière phrase de cette lettre nous paraît prophétique quand on prend en compte le travail fait par nos amis de Vitòria, dans la continuation de l'esprit du Padre Gabriel. 
 

Jean Fugeray avec Claudio Vereza en 2009

Jean Fugeray avec Claudio Vereza en 2009

En 1980, tu arrivais à Vitòria (Brésil), en pleine dictature militaire. Bernard, Marcel et moi nous étions heureux de t'accueillir. Très vite tu es devenu notre frère.


Très vite ton enthousiasme naturel t'a fait aimer le Brésil, ton pays d'adoption. Tu t'es mis avec acharnement à apprendre la langue avec une institutrice de notre quartier. Tu aimais descendre à pied de chez nous jusqu'à chez elle pour te mêler au peuple, à la foule et, tout de suite, partager la vie des gens. Des années durant, tu t'es déplacé ainsi à pied, en car urbain, bousculé dans la poussière, dans la boue ou sous la pluie comme n'importe lequel des habitants du coin.


Gabriel, prêtre de Jésus-Christ, tu y croyais, toi, à l'incarnation. Depuis longtemps tu étais "citoyen du monde" ouvert à l'univers. C'est sans doute pour cela que tu as quitté ton Jura natal. Et pour toi, être prêtre, c'était "vivre avec", vivre ensemble, travailler ensemble, évangéliser ensemble, découvrir, organiser ensemble, avec les gens, toujours avec eux.


Tu avais toujours plein d'idées, un agenda bourré de rendez-vous. Pas étonnant ! Ton peuple c'était plus de vingt communautés de base urbaines, plus de 50 000 habitants en bordure d'une capitale, dans un coin plus semblable à un bidonville qu'à autre chose. Tu étais aussi coordonnateur de tout le secteur de 200 000 habitants. Tu donnais des cours de pastorale au Grand Séminaire. Tu étais aussi responsable de la Pastorale ouvrière et de mouvements de jeunes. Et bien d'autres choses encore.


Mais tu faisais toujours confiance, tu soutenais, tu étais un "multiplicateur d'apôtres".  (…)
Tu ne savais pas – et tu ne pouvais pas – te taire. Tu aimais écrire, parler, dénoncer. Tu avais un don de journaliste. Parce que pour toi, comme pour tant d'autres en Amérique latine, "la lutte pour la justice faisait partie intégrante de l'évangélisation" (…) Tu as dénoncé les conditions d'oppression de la femme, les ligatures de trompes, faites en série et gratuitement au moment des élections, par un médecin de ton quartier, qui voulait ainsi gagner des bulletins de vote. Tu as dénoncé les injustices continues d'une famille au pouvoir dans ton coin depuis près de vingt ans, abusant du peuple et dominant de son pouvoir les gens qu'elle aurait dû servir… Et grâce à toi les gens s'organisaient, prenaient courage.
Tu dénonçais…


Tu souffrais des événements de l'Eglise, de Recife particulièrement, …de tout ce qui freinait les acquis du Concile.


Gabriel, maintenant tu as rejoint le Seigneur ton frère, celui que tu aimais rencontrer dans la prière, la Bible, les pauvres. Tu as rejoint cette foule immense d'ouvriers, de paysans, qui ont été assassinés par des tueurs à gage à la solde des grands propriétaires toujours plus avides ou des hommes politiques corrompus. Là-bas on risque sa vie quand on parle de partage, du droit à la terre pour les paysans, de réforme agraire, de justice sociale. Les grands ont tout "acheté"…et le projet de réforme agraire n'est pas entré dans la nouvelle constitution de 1988.
Et bien sûr, c'est quand on dénonce tout cela qu'on est traité de "communiste", que l'on soit prêtre, religieux ou laïc. Gabriel, tu as rejoint ces centaines de martyrs d'Amérique latine.


(…) Il y a un an tu fêtais tes 25 ans d'ordination avec tes frères, Joseph, prêtre à St Claude, Bernard, ta sœur Marie-Thérèse. Je pense à eux dans la peine et la souffrance car tu étais très sensible Gabriel, et si présent à ta famille. Et la fête avait été si belle à Porto de Santana érigé en paroisse il y a trois mois et dont tu étais le premier  curé.


Je pense à eux, ce peuple de là-bas… à tous ces visages que j'ai aussi rencontrés parfois dans ce quartier populaire et que toi, tu connaissais si bien.
Gabriel, tu vas nous manquer terriblement. Tu vas manquer intensément à ta famille, à tes amis. Tu vas manquer à ce peuple…
Mais c'est sûr, la semence va germer car ton exemple, ton témoignage, le don de ta vie ont marqué des milliers de gens…


Jean Fugeray

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30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 15:00

Pour la période brésilienne de la vie du Père Jean Fugeray,(mais cette période ne s'est jamais terminée !) les repas du Seigneur avaient leur couleur propre et indélébile, celle des petites communautés. C'était un style participatif qui plaisait à Jean et dont il avait gardé une forte nostalgie.

 

Les jeunes souvent très présents, une guitare ou un accordéon, des dialogues à l'homélie, les petits enfants sur le sein de leur mère, quelques personnes âgées assises sur les cotés,  les réunions du Conseil qui les précédaient ou les suivaient, les baptêmes en grand nombre, la chaleur étouffante et dans les communautés plus riches un ventilateur bienfaisant, les nouvelles des malades et les projets pour un monde meilleur, voilà quelques aspects de ces longs repas du Seigneur dont Jean inlassablement relayait l'invitation auprès des paysans et des ouvriers  des banlieues : oui, heureux étaient-ils d'être ensemble, les laïcs et leur prêtre, leur Padre Joao (dont un paysan confiait un jour à l'évêque: il parle très mal portugais, mais il explique très bien) nourris d'une Bible en portugais simple, rendue accessible  par des cercles bibliques bien suivis, par des dessins, des théâtres, des cantiques.

 

Nous sommes heureux de nous joindre à la longue action de grâce de Jean, prêtre de ce diocèse et de l'autre,  envoyé en mission  ici et là-bas, disponible, batailleur et râleur,  joyeux dans l'adversité, inquiet pour des riens, tranquille pour l 'essentiel.

 

Avant que je le rejoigne, Jean était heureux de me vanter les charmes de cette Eglise de Vitoria qui, assez vite après le Concile, avait entamé cette conversion, ce choix prioritaire des pauvres.

 

Il a désormais rejoint les deux évêques Dom Joao et Dom Luis, le frei Lauro son grand ami, Gabi le martyr et le prophète, et les nombreux militants assassinés ou morts de leurs fatigues, mais aussi tous ces baptisés dont Jean admirait toutes les qualités humaines et spirituelles : les voilà tous assis à la table du Seigneur, humbles et donc pleins de reconnaissance, pour ce que Dieu avait fait en eux et par eux, parlant entre eux sans accent la langue de l'amour.

 

Oui: Heureux es-tu Jean et  tous les invités au repas du Seigneur !

 

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26 octobre 2010 2 26 /10 /octobre /2010 09:23

8° Lettre de l’Apocalypse

 

Introduction

 

(Quand j’ai fait ma rechute du cancer , c’était à Pâques 2010.Cette semaine-là on lisait dans le livre des Heures les lettres de l’Apocalypse.. Je me suis souvent dit qu’il faudrait qu’un jour nous écrivions aussi notre lettre. Voici donc ce que j’ai imaginé pour dire ce merci que je dois à tant de monde et pour dire mon au revoir à ce diocèse que j’ai aimé!)

 

Suite de l’Apocalypse de Saint Jean

 

 

Lettre à l‘ANGE de l’Eglise qui est à Langres. Ainsi parle le Seigneur qui regarde, écoute, analyse et voit le fond des cœurs de tout son Peuple.

Il y a longtemps que je te connais. Et souvent j’admire ton énergie, ta fidélité à mon Evangile et les efforts que tu fais pour l’ajuster à notre temps. Par le passé tu as eu de brillantes années avec la Jeunesse Agricole Chrétienne (JAC)

 

 

Aujourd’hui, le monde a changé, mais tu continues à semer. Car il a toujours des gens qui attendent la Bonne Nouvelle.

Tu dois voir loin ! Ne pas t’enfermer dans l’organisation mais vivre dans le témoignage et la formation comme tu le fais. ll y a chez toi bien des laïcs courageux !

Mais d’où vient-il que nous ne donnions pas encore suffisamment le témoignage d’une foi joyeuse et de communautés vraiment fraternelles. ?

Tes prêtres sont généreux. Beaucoup font confiance aux laïcs, mais il y a toujours la subtile tentation du pouvoir. Or c’est le service qui est essentiel. Cependant ton cheminement porte des valeurs d’espérance puisque chez toi des vocations naissent, que des jeunes gens s’orientent vers le sacerdoce, d’autres vers le diaconat, que des baptisés s’engagent pour être aux côtés de leurs frères souffrants ou fatigués. Malgré parfois leurs grand âge. Nous avons aussi le grand don de la présence de catéchumènes.

L’heure vient où notre foi doit être de plus en plus lumineuse, grâce à un amour plus personnel, plus fort plus recherché du Seigneur qui «est avec nous jusqu’à la fin du monde» !

La victoire est à notre portée… L’Eglise attire quand il y a de petites communautés joyeuses ,fuyant critiques inutiles et qui se rassemblent pour échanger sur la PAROLE contents d’être réunis par le même baptême. Quelques fois on confond Eglise et Assemblée. L’Eglise, notre Eglise de Langres vivra tant qu’elle fera de plus en plus d’efforts dans ces petites communautés qui vivent de foi, de charité et d‘espérance !

Une chose te manque qu’il faut quand même que je te le dise : tes biens matériels, ton patrimoine, tes archives auraient sans doute besoin de plus d’attention. Or ils ne t’appartiennent pas. Ils appartiennent au Peuple de Dieu. Tu possèdes des laïcs compétents pour asssumer cette gestion. Tu sais que Dieu aime la BEAUTE pour son Peuple. Il y a une belle histoire du diocèse à ne pas perdre.

La VICTOIRE sera là…Ecoutons la voix de L'ESPRIT qui parle à notre Eglise !

 

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24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 19:51
Nous venons d'apprendre la mort du Père Jean Fugeray. Jean a vécu au Brésil, à Vitòria, avec Gaby. Ceux qui sont allés au Brésil en 1999 l'ont bien connu et apprécié.
Jean Fugeray
Nous regretterons cet ami si attachant. Nous sommes tous dans la peine.
La cérémonie religieuse aura lieu jeudi 28 octobre à 14h à la basilique St Jean Baptiste de Chaumont dans la Haute Marne. Il sera inhumé au cimetière de Thonnance les Moulins (52)

 

De la part de Michel, Maryse, Marie-Thérèse, Bernard et Joseph, Claudette.

 

Lire son au-revoir à l'Eglise de Langres : Cliquez ici 

 

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 19:30

Jean Fugeray n'était pas retourné au Brésil depuis dix ans.

"Je savais combien est magnifique l’accueil des Brésiliens. (…) L’Eglise bouge. J’ai vu beaucoup de prêtres jeunes. A Noël j’ai concélébré avec un jeune prêtre récemment ordonné originaire comme trois autres d’un quartier dont j’étais responsable. Je n’ai pas eu le temps d’analyser la vie de l’Eglise dans le diocèse, mais le souci de la vie des gens demeure au coeur de beaucoup de chrétiens affrontés comme nous à des transformations énormes de la société

(…) En dix ans, cette région du Brésil où j’ai vécu a connu comme l’ensemble du pays un développement considérable. Il est vrai que l’Etat de l’Espirito Santo, à cinq cents km au nord de Rio est un Etat riche. La ville de Vitoria est le terminal d’un des plus grands ports minéraliers du monde. (…) Une sidérurgie est accolée au port. On a découvert des gisements importants de gaz et de pétrole. Les plantations d’eucalyptus ont permis une industrie florissante de pâte à papier ; la canne à sucre, de l’alcool pour les voitures. Ce qui frappe c’est la nette amélioration des infrastructures : grandes artères en ville, rues goudronnées dans les quartiers, même dans les quartiers populaires où dominaient jadis les rues de terre ou, au mieux, de pavés. Je sortais de France à l’heure de Copenhague.  En voyant le nombre considérable de voitures  je me suis dit que si la Chine et l’Inde en faisaient autant, la planète serait irrespirable sous peu. Et le Brésil n’a que 190 millions d’habitants. Bien sûr, avec Internet, le téléphone mobile,  la société de consommation est envahissante.

Autre choc, le paysage a changé. Jadis Vitoria avec ses îlots était un coin magique. En dix ans le bord de mer où  se trouvaient quelques gratte-ciel en est rempli de centaines à touche-touche, de quinze à vingt étages, le loyer d’un appartement dépassant  là quatre fois au moins le salaire minimum. Ce sont des foules partout. Le salaire minimum est à 510 réals, le litre de gazole à 1,99, celui d’essence à 2,10. D'où le contraste énorme entre cette nouvelle classe moyenne et la population des travailleurs  en bas de l’échelle… Les travailleurs un peu spécialisés sont un peu mieux lotis… Mais il y a toujours cet immense petit peuple qui souffre, peine dans les transports collectifs bien organisés mais longs, se nourrit comme il peut, travaille avec courage  mais s’entasse dans les quartiers périphériques toujours plus loin. Et cherche à survivre. On m’a dit plusieurs fois qu’un des grands problèmes chez les jeunes était la prostitution et la drogue. Dans une rencontre faite avec les ouvriers  de la pastorale ouvrière  il a tout de suite été question des conditions de travail, du chômage dû à  la multiplication des entreprises intérimaires .Les syndicats, a-t-on dit, ne  sont guère branchés avec cette immense foule d’ouvriers et se politisent. (…)"

A un autre moment, Jean dit : "Il faut absolument soutenir les Brésiliens. On ne peut pas les laisser seuls affronter ces assassins."…

Jean-Fugeray.jpg

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 19:22

Messe du 23 décembre 2009. Cathédrale de Vitoria

Le P. Jean Fugeray, du diocèse de Langres, prêtre Fidéi Donum que le Père Gabriel Maire a remplacé dans le diocèse de Vitoria.

Texte de l’Evangile : Luc 1,57-66

Aujourd’hui l’Evangile nous parle du nom que reçut à sa naissance Jean Baptiste. Jean veut dire, selon une traduction, « Dieu a pitié ». Les fêtes qui approchent vont nous montrer la grande pitié de Dieu pour nous et combien chacun de nous est précieux pour Dieu. Nous savons qu’en voyant les foules se rendre auprès de Jean, Jésus leur dit : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent... ? Alors, qu’êtes-vous allés voir ? Un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent des vêtements magnifiques sont dans les palais des rois. Alors qu’êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui je vous le dis et bien plus qu’un prophète ». (Luc 7,24-27)

Nous savons que la mission de Jean comme prophète a été de montrer le bon chemin, d’inviter les personnes à changer de vie. Comme Dieu le disait au prophète Jérémie : « Aujourd’hui je t’établis sur les nations et sur les royaumes pour arracher et renverser, pour exterminer et démolir, pour bâtir et planter » ! (Jér 1,10) En ce temps de l’Avent nous sont rappelées les paroles et la manière de vivre de Jean Baptiste. Chaque année, en effet, nous avons à redresser le chemin de notre vie. Et les cercles bibliques que nous faisons, nous aident chaque année à nous questionner.

Mais allons plus loin. Dans le déroulement de la vie de l’Eglise les prophètes n’ont jamais manqué. Il y en a toujours eu pour redresser le cheminement du Peuple de Dieu et rappeler les exigences de l’Evangile, dénoncer ce qui abîme le visage des hommes. Parce qu’il est toujours nécessaire de rendre la vie de tous plus humaine. Et, en tout temps, les prophètes ont dérangé, questionné. Ils ne laissent personne tranquille.
Pour nous aujourd’hui, il est intéressant de lire dans le grand document d’APARECIDA où les évêques d’Amérique latine se retrouvèrent il y a deux ans , divers passages qui nous invitent tous, aujourd’hui même, à être prophètes. Ainsi nous comprendrons mieux encore pourquoi , dans ce vingtième anniversaire de l’assassinat du Père Gabriel MAIRE, nous pouvons lui donner le nom de prophète dans la ligne de ceux qui furent les prophètes. Je vais donc lire quelques passages de ce document citant parfois les numéros de référence.

·         Etre prophète : c’est avancer avec la foi en Dieu et placer Dieu au premier plan : « Béni soit Dieu, Père de notre Seigneur Jésus Christ qui nous a accordé toutes sortes de bénédictions en la personne du Christ ». ( 30)
* Etre prophète : c’est cheminer les yeux toujours fixés sur la Parole de Dieu pour
« apprendre du Christ, à sa suite, la dignité et la plénitude de la vie ». (41)
* Etre prophète : c’est cheminer aux côtés des petits qui n’ont ni place pour eux ni voix pour s’exprimer. « Aujourd’hui encore, nous voulons ratifier et redonner force à l’option préférentielle pour les pauvres que nous avons prise dans les conférences antérieures » dit le document d’Aparecida .(396)
* Etre prophète : c’est cheminer en dénonçant ce qui n’est pas conforme au projet de Dieu en ce qui concerne « la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire, la protection sociale, l’accès à la terre et au logement ». (76)
* Etre prophète : c’est cheminer en ôtant tout ce qui empêche de voir, d’écouter, de parler et aider tout le monde à mieux examiner la situation, à écouter le cri des opprimés et dénoncer toute erreur.
* Etre prophète : c’est cheminer sans avoir peur de personne, grand ou petit, et construire le Royaume de Dieu qui est « un Royaume de la Vie parce que la proposition de Jésus Christ à nos peuples est une offrande de Vie en abondance pour tous ». (361)
* Etre prophète : c’est mettre en pratique la loi de l’amour « en rappelant que l’évangélisation va toujours de pair avec l’accès à la promotion de l’homme et à une authentique libération chrétienne ». (26)

Enfin, pour terminer , le texte dit encore : « nous voulons évoquer tous ces frères qui sur cette terre « se sont identifiés à Jésus-Christ et ont partagé son destin. « Là où je suis, là aussi sera mon serviteur » (Jn 12,26). Le chrétien vit le même destin que le Seigneur, y compris jusqu’à la croix . « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui même , qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mc 8,34) Ce qui nous stimule, c’est le témoignage de tant de missionnaires et de martyrs, d’hier et d’aujourd’hui, qui, au sein de nos peuples, sont arrivés à partager la croix du Christ jusqu’au don de leur propre vie ». (140)
Finalement, célébrer l’eucharistie c’est l’engagement à donner notre corps, à répandre notre sang pour que naisse un monde fraternel de partage, de paix, de justice, à l’exemple de notre frère Jésus Christ , modèle de tous les prophètes.

P.Jean Fugeray

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 19:21

En ce 23 décembre 2009, vingt ans depuis le martyre du Père Gabriel ! De nombreux souvenirs, beaucoup d'énergie et une formidable célébration de la vie !

1) Rassemblement sur la place 8, où se retrouvent d’habitude  les manifestations politiques, culturelles, sociales ! " Un Cri de Justice" affiche la banderole. Les animateurs arrivent, on chante, on présente le grand panneau des Martyrs ; amis et compagnons se retrouvent : apparaissent Giovandro, Paulo Matedi, Dàrcio, Graça Andreatta, Tereza Cogo, Ana Helena et tant d'autres, en plus des amis français, dont l'évêque Dom Legrez, enthousiaste et sympathique. 

 23-12-2009-compo 

2) Procession jusqu'à la Cathédrale, en passant par l'avenue principale, en montant la rampe du Palais Anchieta, et passant devant l'ancien siège de l'Assemblée Législative et du Pouvoir Judiciaire. Un grand cierge est allumé – représentant le Christ – auquel on allume toutes les autres bougies, et on va jusqu'à la Cathédrale, où trois évêques (l'archevêque de Vitòria, Dom Luis Mancilha, l'évêque auxiliaire Dom Màrio Marquez et Dom Legrez), et des prêtres nous attendent.  Parmi les prêtres, Jean Fugeray qui a fait l'homélie sur le prophétisme, en partant de Jean Baptiste, du document d'Aparecida et de Jésus ; le Père Ivo, curé de la Cathédrale et les autres.

   23-12-09 Caminhada+Missa Catedral 30

3) La messe : C'est Marlène Lopez qui coordonne les différents moments : le psaume chanté par une jeune fille handicapée physique, l'offertoire avec des enfants et Jean Fugeray pour l'homélie – à la demande de l'archevêque – et pour la traduction de Dom Legrez (toujours avec des paroles fortes et profondes) et Beth Loyola, présidente de l'association. A la fin, Beth s'écrie : "Que tout le peuple des communautés proclame – Gabriel est Martyr de cette Eglise. Nous le confirmons et nous nous engageons à le suivre, dans la lutte pour la vérité, pour la justice et pour la paix !" – et on distribue vingt roses blanches, pour la Paix. (A l'arrivée à l'aéroport, c'étaient vingt roses rouges qui avaient été offertes aux arrivants.)

 

 23-12-09 Caminhada+Missa Catedral 50

Je dis avec beaucoup d'enthousiasme, c'est-à-dire, empli par l'Esprit, que ce fut une grande affirmation du cheminement du peuple de Dieu, à la recherche de la justice, de l'égalité, de la paix ! Et tout ceci par le souffle de la Vie ressuscitée de Gabriel

 Padre Gabriel, Présent !

 

Nous sortons tous avec l'âme purifiée et débordant de courage et d'engagement.

Claudio VEREZA

  

23-12-09 Caminhada+Missa Catedral 53Le 23, juste vingt ans après l’assassinat, sur une grand’place de Vitoria, un groupe de guitaristes et de chanteurs conviait les passants à les suivre pour monter vers la cathédrale. "Un cri pour la Justice", annonçait la banderole qui énumérait une vingtaine de noms de "martyrs", ceux qui au cours des dernières années avaient payé de leur vie pour la reconnaissance d’une vraie justice sociale.

Des bougies soulignaient comme autant d’étoiles la lente montée vers la cathédrale, freinée par les embrassades chaleureuses des passants, émus de voir d’anciens souvenirs partagés à la fois  par les  Français et par les Brésiliens. Et on comprenait bien que derrière cet homme qui avait cherché à comprendre, puis à agir en écrivant, en parlant dans la rue, en dénonçant en haut lieu les responsables - comme tant d’autres l’avaient fait avant lui (depuis deux mille ans) -  le message passait et la transmission se traduisait au grand jour.

La célébration était organisée autour de moments symboliques, tous traduits pour que nous ne perdions rien de ces instants émouvants, et quand vingt enfants sont venus nous offrir vingt roses, la communion était complète. "Il a donné sa vie pour nos vies"…De qui parlait-on ? La réponse arrivait, en chœur : "Padre Gabriel, presente !"

Maryse   MARCHAND (EV 75)

 

Ensuite le cortège a emprunté cette artère principale de la ville de Vitòria, pour aller jusqu'à la cathédrale où l'archevêque et son auxiliaire, et puis moi-même qui m'étais joint à eux, nous avons célébré une messe, très festive, dans la cathédrale, à la mémoire du Père Gabriel.  

L'homélie a été prononcée par Jean Fugeray à la suggestion de Claudio Vereza. Jean s'est appuyé sur le document des évêques d'Amérique latine réunis à Aparecida pour montrer que, par son engagement, Gabriel était un "prophète". L'assistance ne pouvait que répondre par des applaudissements.

J'ai touché du doigt à quel point le ministère du "Padre Gabriel", comme on dit là-bas, non seulement avait marqué son époque, mais se poursuivait.

Dom Jean Legrez (EV 75)

 

  Cliquez ici pour voir l'album photo de cette commémoration 

 

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 16:49

Le deuxième jour, le 21 décembre, nous avons été reçus à la mairie de Cariacica ; le maire nous a avoué que sa vocation politique était née, lorsqu'il était jeune étudiant, au contact de Gaby Maire. Puis, en fin d'après-midi on s'est rendus à l'Assemblée législative de l'Etat de l'Espirito Santo, où il y avait une séance exceptionnelle, organisée par un ami de Gabriel Maire, le député Claudio Vereza. Là nous avons entendu un certain nombre de témoignages (…) ; tous les orateurs ont demandé de poursuivre l'action en justice. (…). Donc, une séance exceptionnelle dans cette assemblée législative, très marquante, très émouvante ; beaucoup des personnes, des orateurs, avaient connu le Père Gabriel, on sentait que ce combat, ce n'est pas seulement un combat pour que soient reconnus des faits, qui sont quasi certains, mais c'est en vue d'obtenir, je dirais, une évolution de la justice au Brésil. (…)

 Dom Legrez (EV 75) 

 

 

 

A la session spéciale de l'Assemblée Législative siégeaient le député d'Etat Claudio Vereza, la députée fédérale Iriny Lopes, Dom Jean Legrez, Maryse Marchand, Père Jean Fugeray, Père Kelder Branão de Vitòria, Me J. Baptiste Herkenhoff, Me Verônica Cunha, Prof. Dagiòs (Conseiller d'Etat pour les Droits de l'Homme)

 

21-12-2009 Sessão Especial Pe.Gabriel (14)

Chaque membre de la délégation française a reçu la médaille Ewerton Montenegro Guimarães, conçue par le Pouvoir législatif pour rendre hommage aux personnes et institutions qui luttent pour les Droits de l'Homme et pour la Justice.

 

"Quelle ne fut pas notre émotion, de découvrir une médaille à l’effigie de Maître Ewerton, l’avocat qui avait consacré l’essentiel de sa vie à rechercher - et à mettre au grand jour - les circonstances exactes de la mort de Gaby. Il recevait ici l’hommage de la société civile et des élus de l’Etat. Belle reconnaissance du travail effectué au prix de tant de silences, de reculs, d’exigences, de remises en cause des institutions policières, judiciaires et politiques ! Chaque membre de la délégation française recevait cette médaille au nom des Droits de l’Homme que Gaby avait passé sa vie à défendre. "

Maryse MARCHAND (EV75)

 

21-12-2009 Sessão Especial Pe.Gabriel (53)

 

A la fin, après les interventions de chacun, on a évoqué la mémoire des martyrs et autres "combattants" décédés, et parmi eux Père Gabriel, Maître Ewerton, Dom João Batista, Dom Luis Fernandes. Après l'évocation de chacune de ces personnes, tous répondaient "Présent !"

Il y avait une traduction français/portugais et portugais/français.

Lutte contre l'impunité, pour la justice, fraternité,  partage, liberté,  pardon,  miséricorde, amitié France/Brésil ont été les mots clés des discours.

 

 Lire l'allocution de Jean-Baptiste Herkenhoff à l'assemblée législative

 

Padre Gabriel, présent !

 

 

Cliquez ici pour voir l'album photo de cette séance exceptionnelle.

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 13:41

Rencontre prévue au Centre de Formation Dom Luis Fernandez à Porto de Santana, ce centre que Gaby avait souhaité pour tous ceux qui avaient besoin d’un appui, en formation, en réunions, en échanges de toutes sortes, matériels et spirituels. Combien de vieux travailleurs avaient tenu à venir nous raconter comment ils avaient creusé, asséché puis transporté des tonnes de matériaux pour élever ce lieu de vie qu’ils étaient heureux de partager avec nous !

Missa Porto de Santana - 20-12-2009 004

 

 

Et que dire du superbe tapis que les Communautés Ecclésiales de Base (C.E.B.) avaient tenu à broder, à assembler comme un patchwork pour nous prouver que "faire ensemble" c’est faire dans le même sens. (…) 

Bien sûr, ce cadeau symbolique décorera nos prochaines rencontres, aux côtés des T-shirts et des banderoles offertes au cours des vingt années. 

  

Missa Porto de Santana - 20-12-2009 020

 

Dom Jean Legrez nous a rejoints pour concélébrer une messe rythmée et chaleureuse. (Célébration de la messe avec les Pères Roberto, Amòbio, Jean Fugeray et Dom Jean Legrez, évêque de St Claude)

 

Missa Porto de Santana - 20-12-2009 023

  

 

Beau moment de Mémoire de la Vie et du Combat pour la Justice.

 

D'après le témoignage de Maryse MARCHAND (EV75) et infos transmises par Claudio VEREZA.

 

Cliquez ici pour voir l'album photo de ce temps fort vécu à  Porto de Santana

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 09:22

Célébration dans la communauté de Primavera, paroisse Santa Clara à Viana ES

Père Jean Fugeray et Frère Arineu. Le Père Jean a reçu en cadeau un tableau du Père Gabriel.

 

Pe. João em Viana 20-12-09 011



 

  Voir l'album photo

 

 

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 08:54

Vitòria : Vingt ans après, vingt roses pour une commémoration

 

C’est en effet avec vingt roses rouges que les "Amis de Gaby Maire Pour la Vie", accueillaient, à l’aéroport de Vitoria les quatre amis français : Jean Fugeray (qui a été prêtre à Vitoria avec Gaby), Michel Voiret (président de l’Association française), Maryse Marchand (vice-présidente) et sa sœur Eliane Bouillet.

 

Les Amis chegaram! 19-12-2009 032  

Voir l'album photo

 

Des symboles nombreux, chaleureux, les Amis en ont eu beaucoup tout au long de leur séjour du 19 au 28 décembre. Monseigneur Jean Legrez, évêque de St Claude, avait pu les rejoindre après beaucoup de péripéties dues au mauvais temps. L’arrivée à l’aéroport a été un moment fort de notre voyage : une bonne dizaine d’Amis étaient venus avec une grande banderole et nous les reconnaissions l’un après l’autre avec toute l’émotion liée aux moments connus ensemble, à Vitoria ou en France. Que d’évocations colorées et sonores, que de rires et de larmes pour rappeler Gaby !

 

Maryse Marchand EV 75

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 14:41

II y a cinq ans, les séminaristes avaient demandé à Gabriel de venir vivre au milieu d'eux au grand séminaire de Vitoria. Presque tous issus des communautés ecclésiales de base, ils voulaient rester fidèles au monde populaire qui les avait fait grandir comme hommes et comme chrétiens. Gabriel fut, pour eux, prêtre accompagnateur, habitant avec eux durant un an, sans jamais cesser d'accompagner les communautés dont il avait la charge.

Depuis trois ans, il était chargé du cours de pastorale au grand séminaire de Vitoria. Tous les séminaristes ont un engagement pastoral hors séminaire. Le cours de pastorale a pour fonction de les aider à revoir ce qu'ils font, d'en améliorer la pratique et de la fonder théologiquement. Il donne de la matière première aux études théologiques en lui posant les questions que la vie du peuple de Dieu pose et il rend opérationnelles les études théoriques.

L'Eglise locale, déjà si riche en laïcs engagés dans une évangélisation libératrice, voit maintenant surgir des ministres ordonnés et des consacrés en communion profonde avec les grands choix de Vatican II, Medellin et Puebla. Le diocèse de Vitoria do Espirito Santo a eu une extraordinaire fécondité parce qu’il y a eu continuité depuis le retour du concile de ses évêques Dom Joao et Dom Luis.

Gabriel est arrivé dans un mouvement pastoral puissamment enraciné depuis déjà une quinzaine d’années  et il était normal qu’après le temps où de nombreux laïcs ont découvert et vécu le message «l'Eglise, c'est nous», quelques-uns parmi eux se posent la question de la vocation sacerdotale ou religieuse et qu'ils cherchent un chemin de formation adapté à leur origine populaire et à leur futur ministère dans des communautés de base du monde populaire.

Dans cette étape de l'histoire du diocèse de Vitoria, Gabriel a pris aussi normalement sa place. Il est facile de penser que le développement d'un jeune clergé bien du pays issu du monde populaire, très en lien avec lui, fortement enraciné dans une pastorale latino-américaine libératrice dérange davantage les classes installées. Elles étaient plus à l'aise jusqu'alors avec un clergé à leur dévotion ou des religieuses pansant les plaies laissées par la société.

Aimant profondément l'Eglise, il a donné du temps à la formation des personnes qui aiment l'Evangile. Il a aussi souffert des lenteurs de cette Eglise, de ses hésitations et de ses marches  arrière. Il a souffert de l'énorme difficulté qu'a l'Eglise en Europe de comprendre vraiment ce qui se passe dans le peuple de Dieu en Amérique latine. Il a passé du temps, écrit de nombreuses lettres animées d'une fougue passionnée pour nous aider à mieux comprendre et à ne pas perdre l'espoir : une Eglise évangélique où les petits aient tout leur place, c'est possible !

Nous témoignons de cet espoir, nous qui avons eu la chance de faire partie de cette Eglise durant plusieurs années, dont quelques-unes avec Gabriel Maire à Vitoria.

Nous rédigeons ce témoignage à trois voix, le jour de la fête de saint Etienne, premier martyr. Nous relisons ensemble, avec l'émotion que vous devinez, la parole de Jésus : « Méfiez-vous des hommes, ils vous livreront aux tribunaux et vous flagelleront dans leurs synagogues. Vous serez détestés de tous à cause de mon nom. Mais celui qui aura persévéré jusqu'au bout, celui-là sera sauvé. »

 

Témoignages de Bernard COLOMBE, du diocèse de LYON, de Marcel CORTEY du diocèse d'AUTUN, de Jean FUGERAY  du diocèse de LANGRES

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 14:35

Dans ces communautés, Gabriel rencontrait tous les jours le monde ouvrier. Les dernières années ont été très difficiles : l'inflation était galopante, plus de 20 % par mois, le pouvoir d'achat ne cessait de diminuer (n'oublions pas qu'au Brésil, de 1986 à 1989, on a ôté six zéros à la monnaie). Arrivant à Vitoria, Gabriel a perçu très vite la situation catastrophique des ouvriers ; à cette époque, la pastorale ouvrière était en route depuis quelque temps déjà au niveau du diocèse et au niveau du pays. La « Commission nationale de pastorale ouvrière » s'organisait. Gabriel a pris part très vite à tous ces efforts.

II s'agissait d'aider les ouvriers des communautés ecclésiales de base à découvrir, analyser, réfléchir aux causes de leur misère. La communauté, lieu d'Eglise, se devait d'être l'espace d'une telle réflexion.

Au temps de la dictature militaire, on avait commencé, dans le diocèse, à faire paraître le journal Serramenta-(l'outil), qui avait surtout pour but d'informer les ouvriers sur les événements ouvriers du pays et de les conscientiser petit à petit. Gabriel avait le don du journalisme, il a repris ce petit journal, a trouvé des collaborateurs, veillait jalousement à son impression, ses dessins et à sa distribution. Ce petit mensuel devait être de qualité.

Gabriel faisait souvent l’éditorial ; c'étaient généralement des chefs-d'œuvre de clarté et de simplicité où il reprenait les événements les éclairant de la lumière évangélique. Il ravivait sans cesse la conscience des ouvriers des communautés pour qu'ils s'engagent, sortent de la résignation et comprennent qu'être chrétien c'est participer à cette longue gestation d'une classe ouvrière plus consciente, plus organisée, plus libre et plus juste. Et pour que tout cela passe mieux dans quelques-unes de ces communautés, c'était l'équipe de pastorale ouvrière qui assumait, une fois par mois, l'animation liturgique du dimanche.

Le deuxième samedi après Pâques, il y a, à Vitoria, le pèlerinage des hommes au sanctuaire de Nossa Senhora da Penha, situé selon les cas à quinze ou vingt kilomètres des communautés. Les hommes partent vers 20 h des communautés et se rassemblent au sanctuaire, situé sur la hauteur, vers minuit.

Comme coordinateur de son secteur, Gabriel a beaucoup fait pour que ce pèlerinage parle le langage des ouvriers, entre dans leurs préoccupations, les aide à sortir de la résignation et de l'inertie. Naturellement, il marchait avec les hommes de ces communautés toute la nuit et passait aussi beaucoup de temps à préparer, avec les confrères, la célébration pour que les ouvriers se sentent interpellés et chez eux. Ce pèlerinage ordinaire a pris, grâce à Gabriel, une couleur vraiment ouvrière.

Bien souvent, on se demandait où Gabriel puisait tant d'énergie, aussi bien sur le plan physique que spirituel car, lorsqu'il y avait des grèves ou des meetings publics pour la défense des ouvriers et de la démocratie, il était toujours présent malgré tout son travail et son agenda bourré de rendez-vous.

Gabriel lisait et se nourrissait de la parole de Dieu : c'est grâce à la révélation d'un Dieu qui n'a fait qu'un avec notre histoire que Gabriel avait la force de ne faire qu'un avec l'histoire du peuple qui lui a été confié.

Témoignages de Bernard COLOMBE, du diocèse de LYON, de Marcel CORTEY du diocèse d'AUTUN, de Jean FUGERAY  du diocèse de LANGRES

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 14:24

Le 8 octobre dernier, Gabriel Maire était installé comme curé de la paroisse Saint-François-d'Assise, le frère, le pauvre, le non-violent, sur la commune de Cariacica. Paroisse toute nouvelle créée comme un rassemblement de dix communautés ecclésiales de base. L'évêque, Mgr Sylvestre Scandian, venait de renouveler pour trois ans son mandat dans le diocèse. Gabriel était heureux de voir aboutir un long travail de formation de centaines de chrétiens, jeunes et adultes. Depuis neuf ans, il accompagnait cette population de 40 000 habitants, de gagne petit, soumis à de dures conditions de transport, de travail, de logement et de sécurité.

A l'autre bout de la même commune, il était au service d'une demi-douzaine de communautés de la paroisse du Bon Pasteur. Ce long cheminement quotidien de visites, de réunions, de célébrations, de joies et de souffrances individuelles et collectives, avait donne à Gabriel une énergie très forte pour défendre cette population contre tous ceux qui se moquaient d'elle. Il y avait des gens qui ne supportaient pas ce travail de libération, de mieux être collectif, d'espérance populaire que quelques droits fondamentaux seraient un jour respectés. C'était notamment le cas d'un petit groupe d'hommes qui s'étaient maintenus à la tête de la mairie pendant vingt ans, pour en tirer les meilleurs bénéfices et retarder le plus possible les installations de routes, égouts, écoles, postes de santé dont les gens avaient besoin.

Le 15 novembre 1988, un nouveau maire est élu sur un programme social qui va forcément léser les intérêts de ce groupe. Diverses manœuvres que Gabriel a racontées dans les Echos de Vitoria vont empêcher le maire élu, Vasco Aives, d'exercer son mandat. Les communautés se mobilisent alors dans toute la commune « pour la paix et la démocratie à Cariacica », selon le slogan adopté et affiché devant toutes les églises.

Avec deux autres prêtres, Gabriel reçoit alors des menaces de mort, en juin 1989. Protégé par la police pendant un ou deux jours, il préfère ne plus dormir chez lui pendant quinze jours. En décembre, les menaces reprennent, anonymes ou directes. L'évêques les a rendues publiques au cours de la célébration des funérailles de Gabriel, à la cathédrale de Vitoria, le dimanche 24 décembre. Devant des milliers de paroissiens et d'amis, cette annonce a coupé court à la version divulguée par les journaux d'un crime crapuleux... alors que rien n'a été volé, ni la voiture ni les documents ni l'argent.

Gabriel est mort d'une balle dans le cœur tirée à bout portant. L'enquête de la police fédérale devra chercher le tueur et ses motifs. Peut-être montrera-t-elle qui a donné l'ordre de tuer. Même si elle ne le faisait pas, les gens, eux, ont compris la logique de la vie du Padre Gabriel : ensemble, on peut faire quelque chose pour se rendre la vie moins dure ; ensemble on peut faire respecter quelques lois et pour cela il faut de la ténacité et du courage.

Les  gens  des  communautés  l'ont entendu réagir, prier, prêcher sur les événements qui abîmaient ou supprimaient la vie de tant d'êtres humains appauvris, opprimés par des « structures de péché » comme dit Jean-Paul II. Il voulait que cela change, il formait des responsables en grand nombre et dans une intense diversité de fonctions : baptêmes, Bible, trésorerie, associations, politique, rédaction de bulletins, histoire des communautés, chants, conseils, etc. Sa capacité d'animation et de coordination avait été reconnue : il était le coordinateur des communautés de Cariacica (200000 habitants) et célébrait souvent la messe télévisée locale.

Témoignages de Bernard COLOMBE, du diocèse de LYON, de Marcel CORTEY du diocèse d'AUTUN, de Jean FUGERAY  du diocèse de LANGRES

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 14:08

GABRIEL MAIRE : « MARQUÉ POUR MOURIR »

Agé de 53 ans, Gabriel Maire était, depuis neuf ans, prêtre d'une paroisse de Vitoria, la capitale de l'Etat d'Espirito Santo (jouxtant l'Etat de Rio). Au Brésil, mais aussi en France par l'intermédiaire d'une lettre intitulée « Echos de Vitoria », il ne cessait de lutter pour une Eglise engagée aux côtés des plus pauvres, dans la lutte pour la justice et la défense des droits de l'homme. Au Brésil, ces militants — qu'ils soient chrétiens ou non — sont généralement « marqués pour mourir » : c'est-à-dire que leur tête est mise à prix...

S'opposant depuis plusieurs années aux manœuvres de la famille Santini — qui règne sur Cariacica, la commune de Gabriel Maire, parla démagogie, la corruption et l'assassinat — Gaby était « marqué pour mourir ». La « sentence » a été exécutée le 23 décembre : après une réunion à l'église, quelqu'un lui a demandé de le conduire en voiture a quelques kilomètres de la ; on devait retrouver le cadavre de Gabriel Maire, tué d'une balle en plein cœur... Inutile de dire que « l'autostoppeur » avait disparu. Nous avons demand2 à trois prêtres français qui étaient ses amis, de dire qui était Gabriel Maire, quel était le sens de sa vie, quel est celui de sa mort.

1) Dans une Eglise qui grandit avec les pauvres

2) Dans une Eglise qui grandit avec le monde ouvrier

3) Dans une Eglise qui grandit avec ses séminaristes

Témoignages de Bernard COLOMBE, du diocèse de LYON, de Marcel CORTEY du diocèse d'AUTUN, de Jean FUGERAY  du diocèse de LANGRES

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Présentation

  • : Les amis de Gabriel MAIRE
  • : L'association "Les amis de Gabriel MAIRE" a été créée après l'assassinat de Gaby au Brésil le 23 décembre 1989. . A associação "les Amis de Gabriel Maire" foi criada depois da morte do Padre Gabriel em Brasil o 23 de dezembro de 1989.
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