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5 janvier 2021 2 05 /01 /janvier /2021 13:36
Padre Gabriel PRESENTE !

Dampierre, 28 de dezembro de 2020

 

Caros amigos brasileiros que dizem "PRESENTE" ao ouvir o nome do padre Gabriel.


Há alguns dias, com os amigos de Gaby e sua irmã Marie-Thérèse, estávamos reunidos em PORT-LESNEY na quarta-feira, 23 de dezembro, no pátio da igreja, e juntos com vocês nós  nomeamos de "Praça  GABRIEL MAIRE"


Em união com vocês, comemorávamos o dom da sua vida "pela verdade e pela justiça custe o que custar ". Sentíamos que existe uma pequena ponte entre vocês, amigos brasileiros de VITORIA, e nós, amigos franceses do JURA.


É a pequena ponte do amor fraterno, desejada pelo Padre Gabriel entre todos nós, e desejada pelo Papa FRANCISCO na sua carta dirigida a todos «FRATELLI TUTTI”. (Todos irmãos).


Os três poemas que você escreveu, querida OSCARINA, para o tríduo da vida, morte e ressurreição do Padre Gabriel, expressaram  com humilde fé e profundo respeito nesta praça na vila de nascimento de Gaby.


Deste local nós podíamos ver a pequena ponte que atravessa o rio "LA LOUE" por reunir a margem da casa onde Gaby nasceu e a margem da igreja  onde ele foi batizado.


Nós sentíamos ao ouvir suas palavras e ações, a beleza e intensidade de sopro de amor que nos chega do ESPÍRITO SANTO de JESUS. Nós percebíamos que tudo isto é comunicado a nós através da mediação daquele que vocês  chamaram "PROFETA GABRIEL “.


Não são todas maravilhosas as sementes da não-violência que o Padre Gabriel recolheu durante os nove anos que vocês viveram com ele?


OSCARINA, fiquei emocionado com o que você escreveu sobre o que estava acontecendo no ser de Gaby, quando sentiu que o cerco da violência estava se  apertando ao seu redor. Você pensa que ele disse a si mesmo: "Tornei-me uma semente que germinará nesta terra".


Não é isso também que estamos nos tornando, cada vez que colhemos nos "jardins da paz", instituídos por Gaby? Nessas colheitas nós escolhemos sementes e plantações de nossas habilidades e talentos, que nós colocamos a serviço da verdade e da justiça.

 

Amigo Gaby, você era semeador de paz pela sua sede de um mundo onde os direitos dos oprimidos sejam respeitados. E eis que na boca dos pequeninos você se tornou um "grão de trigo". "Só se cair na terra e morrer é que o grão de trigo dá fruto" (Jo 12,24).


Lucien CONVERSET

Trad. Dárcio

Dampierre, le 28 décembre 2020

 


Chers amis brésiliens qui dite « PRÉSENTE » quand vous entendez le nom du Padre Gabriel.

 

Il y a quelques jours avec les amis de Gaby et sa sœur Marie-Thérèse nous étions réunis à PORT-LESNEY le mercredi 23 décembre, sur le parvis de l’église, qu’ensemble avec vous nous avons nommé «place GABRIEL MAIRE».


En union avec vous nous commémorions le don de sa vie « pour la vérité et la justice quoi qu’il en coûte ». Nous sentions qu’un petit pont existe entre vous amis brésiliens de VITORIA et nous autres amis français du JURA.


C’est le petit pont de l’amour fraternel, voulu par le Padre Gabriel entre nous tous, et souhaité par le pape FRANÇOIS dans sa lettre adressée à tout le monde « FRATELLI TUTTI ».


Les trois poèmes que tu as écrits chère OSCARINA au sein de votre association pour le triduum de la vie, de la mort et de la résurrection du Padre Gabriel, nous ont été exprimés avec une humble foi et un profond respect sur cette place du village natal de Gaby.


De cet endroit nous pouvions voir le petit pont qui enjambe la rivière « LA LOUE » pour réunir la rive de la maison où est né Gaby et la rive de la maison-église où il a été baptisé.


Nous ressentions en entendant vos paroles et vos actes, la beauté et l’intensité du souffle d’amour qui nous vient de l’ESPRIT-SAINT de JÉSUS. Nous percevions que cela nous est communiqué par la médiation de celui que vous avez appelé « PROFETA GABRIEL ».


Ne sont-elles pas merveilleuses toutes les graines de non-violence que Padre Gabriel a ramassées durant les neuf années que vous avez vécues avec lui, au milieu de vous ?


OSCARINA, j’ai été touché par ce que tu as écrit de ce qui se passait dans l’être de Gaby, quand il a senti que l’étau de la violence se resserrait autour de lui. Tu penses qu’il a dit en lui-même : « Je suis devenu une graine qui germera sur cette terre ».


N’est-ce pas aussi ce que nous sommes en train de devenir, chaque fois que nous récoltons dans « les jardins de la Paix » institués par Gaby ? Dans ces récoltes nous choisissons semences et plantations de nos capacités et de nos talents, que nous mettons au service de la vérité et de la justice.

 

Ami Gaby, tu étais semeur de paix par ta soif d’un monde où le droit des opprimés soit respecté. Et voici que dans la bouche des tout-petits, tu es devenu « grain de blé ». « Seulement s’il tombe en terre et meurt, le grain de blé porte du fruit » (Jean 12,24).

 

Lucien CONVERSET

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12 mars 2020 4 12 /03 /mars /2020 13:01
Photos François Phliponeau exceptée la photo des séminaristes en vélo. Gaby est au centre, le plus petit de tous, il porte des lunettes.

Photos François Phliponeau exceptée la photo des séminaristes en vélo. Gaby est au centre, le plus petit de tous, il porte des lunettes.

Vitoria, 23 décembre 2019

 

« VERITE ET JUSTICE QUOIQU’IL EN COÛTE »

(Gaby Maire De Port-Lesney

citant Pierre Chaillet de Scey en Varais,

fondateur de Témoignage Chrétien)

 

Nous arrivons à l’endroit où la fresque réalisée par le peintre Luiz Quintanilha immortalise cette station du chemin de croix de Gaby. Ceux qui venaient de te tuer pour 30 pièces d’argent ont essayé de cacher la vérité, de la dissimuler.

 

Monsieur  Ewerton que nous sommes allés visiter ce matin au cimetière São Pedro, a tout fait, pensé, écrit, pour que la vérité soit bien découverte. La lutte fut intense au Brésil et en France afin que l’on sache, et en sorte que la vérité ressurgisse de là où elle a été enfouie et dissimulée.

La veillée de ce soir 23 Décembre se veut révélatrice et signifiante, que ta vie, Gaby, celle-là que tu as appris à recevoir et à donner, est plus forte que la mort.

La force d’aimer et d’être vrai, que nous avons toujours vue habiter en toi et dans tes comportements, ne pourra pas être effacée par la détermination assassine et odieuse de te faire mourir et disparaitre.

Tu avais dit :   « que tu préférais une mort qui mène à la vie, plutôt qu’une vie qui mène à la mort » tu avais dit encore : «  je préfère mourir debout que vivre à genoux ».

Luiz, le réalisateur de la fresque est là. Il est en train de jouer de la flute au moment où nous arrivons, et nous nous retrouvons avec les membres des associations.

 

 

 

Il y a aussi beaucoup d’autres personnes que nous voyons pour la première fois.

C’est Raquel qui joue de la guitare, tout le monde chante. Je tends tout mon être qui est très fragile, afin de correspondre au souffle et à l’enthousiasme que tous ces amis de Gaby sont en train de nous communiquer.

Je me demande où Joana et Raquel vont chercher ce qu’elles nous donnent. A notre tour nous aurons à faire sortir de nous-mêmes ce qui nous habite et nous relie. Je pense aussi à tous ceux qui vont nous demander compte de notre voyage. Je sens combien notre présence à cet acte de reconnaissance est importante. C’est exprimer à nos amis qui ont découvert la « pédagogie des opprimés » grâce à Gaby, que nous sommes avec eux pour lutter contre l’impunité.

Nous sommes venus avec vous, aussi parce que, à la ressemblance de Gaby, nous avons tant à apprendre de vous.

Dans cette intense moment de communion avec toi Gaby, avec toi, ami Jésus, avec vous tous les résistants à la violence et à l’oppression, nous sommes venus pour être témoins.

Nous nous voulons être aussi artisans de cette résistance au cœur de cette nuit, à deux pas du regard lumineux de Gaby, Marielle, Alexandre, Paulo, et Sœur Cleusa.

 

Une femme très fragile est en train de s’écrouler. Dans l’immédiat de cette découverte, Rachel s’approche de cette femme avec délicatesse et respect. Toutes deux  s’assoient sur les marches du petit escalier qui est en dessous de nous.

Toutes proches l’une de l’autre, au travers de la force de la musique et des chants, elles trouveront moyen de se parler, de s’écouter, à tel point que, quand Joana nous appellera à danser la libération de la mort que Gaby expérimente, de même, cette femme se lèvera ainsi que Rachel, elles se mettront à danser en disant et en écoutant : « Padre Gabriel a baptisé mes enfants »

Jovanir m’a invité à exprimer en communion avec le groupe des français : « comment tu as été témoin durant ton enfance et ton adolescence avec Gaby, que Gaby transformait les relations humaines et apportait du nouveau dans les rencontres. »

 

Je m’approche tout près de la fresque, je dis :

C’est une grande chance pour moi d’avoir été enfant et adolescent avec Gaby,  je ne garde pas cette joie pour moi tout seul.

Déjà, quand nous étions enfants, Gaby ne nous laissait pas comme il nous avait  trouvés, lorsque la rencontre avait commencé.

C’était déjà un garçon  qui continuait et cher

chait à terminer ce qu’il avait commencé, Gaby était très exigeant.

Devant une injustice, il ne supportait pas que nous soyons indifférents à ce qui éprouvait les autres. Quand quelqu’un ne comprenait pas le cours expliqué par le professeur, lui Gaby, qui avait compris, prenait le temps d’expliquer à celui qui ne savait pas.

Quand quelqu’un n’avait pas beaucoup à manger pour goûter, et que d’autres avaient abondamment, il faisait établir la justice et l’égalité.

Parfois, il y avait des copains qui étaient humiliés par d’autres, Gaby ne supportait pas que quelqu’un soit abaissé.

Sur son appel, on arrêtait de se moquer, d’humilier, et de mettre plus bas que terre.

Ces faits créaient quelque chose de nouveau, de neuf, qui n’existait pas auparavant, c’est l’enthousiasme. Le souffle de Dieu, l’Esprit de Jésus se répandaient dans la Communauté.

Ceux qui avaient donné de leur temps, de leur savoir, de leur avoir, étaient heureux de créer quelque chose de nouveau.

Ceux qui avaient reçu des autres ressentaient qu’ils avaient du prix à leurs yeux. Ils étaient reconnus dans la dignité de leur personne. Avec de l’avoir, nous avions créé de l’être.

Une fois que nous sommes devenus prêtres à Dole dans le Jura, Gaby nous a aidés à découvrir que le respect de la vie et de l’amour entre les hommes et les femmes que nous sommes :

- Tu ne tueras pas

- Tu ne voleras pas

- Tu ne violeras pas

était un commandement, non seulement de personne à personne, mais aussi de classe sociale à classe sociale, d’état à état, de continent à continent.

Un jour nous apprenons que la France qui a fabriqué des Mirages porteurs de bombes, cherche à les vendre au Brésil.

Gaby, avec des amis, « Citoyens du Monde », avec les jeunes de la JOC  Internationale écrivent un tract pour empêcher la vente des avions de la France au Brésil. Gaby renvoie son livret militaire pour protester contre la fabrication, la possession, et  l’expérimentation de l’éclatement de la bombe nucléaire dans le Pacifique.

Ce qui est interdit entre les personnes l’est aussi entre les états, voilà comment je pense que Gaby transformait les relations humaines et apportait du nouveau dans les rencontres entre nous tous.

Je pense que nous avons beaucoup appris au séminaire. Mais c’est  lorsque nous avons été confrontés à la violence de la guerre en Algérie, alors que nos comportements étaient emprisonnés dans l’armée, que nous avons appris à résister, à entrer en objection de conscience.

C’est en Algérie que nous sommes nés à la non-violence.

Tout cela préparait Gaby à ne pas supporter les blessures faites aux petits et aux pauvres. En venant au Brésil, il se donne à fond, il choisit de se solidariser avec les exclus de la société, il s’engage dans : « l’option prioritaire des pauvres » du CELAM (Conseil Episcopal Latino-Américain de Medellin et Puebla)

Des gens détenteurs de pouvoir n’ont pas supporté, et ont commandité de faire taire Gaby en le tuant. C’est ici même que l’on retrouve son corps.

Voilà ce que j’ai essayé d’écrire avant la célébration-manifestation devant la fresque.

En même temps durant cette célébration devant la fresque, je m’adresserai aussi à Gaby pour lui exprimer qu’il continue de nous aider à nous engager avec lui et comme lui.

Vraiment, après avoir chanté Profeta Gabriel, nous aurons raison de dire intensément et fortement, Padre Gabriel … Présente !

Gaby, tu as traversé la mort, tu es vivant !

Lucien Converset dit Lulu

Soirée à Cobi de Cima, jour anniversaire de la mort du Padre Gabriel
Soirée à Cobi de Cima, jour anniversaire de la mort du Padre Gabriel
Soirée à Cobi de Cima, jour anniversaire de la mort du Padre Gabriel
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10 mars 2020 2 10 /03 /mars /2020 20:47

Vitória lundi 23 décembre 2019

 

« JE PREFERE UNE MORT QUI MENE A LA VIE,

QU’UNE VIE QUI MENE A LA MORT »

 (Padre Gabriel … Presente !)

 

Nous avions décidé de nous retrouver autour de la tombe de Monsieur Ewerton, le premier avocat de Gaby. Nous voilà arrivés au cimetière São Pedro où repose le corps de cet homme que j’ai eu la chance, la grâce, de connaitre il y a 20 ans. Nous attendons Carlita qui doit venir en accompagnant les 3 fils d’Ewerton. J’ai lu il y a quelques jours, lorsque nous étions chez Carlita, qu’Ewerton est reconnu dans les grands hommes de Vitória. Bernard qui a préparé cette rencontre avec Elisabeth et Carlita nous dit : « Je propose qu’on écoute le poème : « Envoie-nous des fous » (Clic ici). Ewerton a été une espèce de fou. Il fallait l’être pour s’engager dans le procès de Gaby comme il l’a fait. Il s’y est donné jusqu’à la fin, décidé à ne jamais trahir la vérité.

 

Bernard nous dit aussi que le pape François vient de faire hier une sorte de poème pour dire ses vœux de Noël au monde entier. Les vœux et souhaits du pape François nous arrivent au Brésil par l’attention de Bernard. François nous demande ainsi qu’à lui-même d’être le « Cadeau de Noël » pour les gens que nous rencontrons, « l’arbre illuminé », « la cloche de Noël annonciatrice ». François dit encore à chacun de nous et à lui-même : « Sois la lumière dans la nuit, sois l’étoile qui réussit à faire prendre un autre chemin, sois la carte de Noël envoyée jusque très loin, sois le repas de Noël qui nourrit celui qui a faim … » Il y a parmi nous, un autre François : notre ami photographe. Discrètement il prend en photo un homme qui dans la rue où nous sommes, accomplit un travail analogue à celui que Jeannot fait dans la ville de Lons-le-Saunier : prendre soin des rues et des trottoirs de la cité, pour que ça aille bien entre les gens qui y circulent. Cet homme a déjà sarclé beaucoup d’herbe, celles-là qui poussent entre les pavés de la chaussée. Il vient de s’arrêter. Il a trouvé sans doute que sa pioche ne coupait plus les racines des herbes comme il le fallait. Il a installé une petite enclume portative à même le sol, et le voilà en train de  « rechapeler » sa pioche avec une adresse étonnante, qui me rappelle celle de mon papa lorsqu’il rechapelait sa faux.

 

Nous entrons dans le cimetière, très bien entretenu comme le sont souvent les cimetières. Pourquoi ? Guidés par un agent de la ville à qui nous avons demandé où se trouvait la tombe de M. Ewerton, nous voici dans cet endroit où ses fils ont fait ramasser ce qui restait de son corps abimé par la mort. Nous pouvons lire sur la pierre :

Ewerton Montenegro GUIMARAES

06-04-1949    22-05-2002

 

Pendant que nous attendons la venue des 3 fils d’Ewerton, en mon cœur je dis le psaume 129. Arrivent les 3 fils d’Ewerton avec Carlita : André, Bruno, Claudio et trois de ses petits-enfants. Une profonde émotion nous travaille en nous retrouvant avec les enfants et petits-enfants de cet homme qui nous a tant donné pour que surgisse la vérité à propos de la mort de Gaby. Il me revient que Bruno et André sont venus en France il y a quelques années. Je les ai rencontrés chez Paul et Claudette Clemens. Nous nous reconnaissons. Ils conviennent avec nous que le poème proposé par Bernard soit exprimé : « Seigneur, donne-nous des fous ». Eux proposent aussi à notre méditation un texte tiré d’un livre écrit à propos d’un homme qui a beaucoup marqué la ville de Rio : « Gentileza » c’est un grand penseur. Il peignait ce qui lui traversait l’esprit, en grandes lettres, sur les murs de la ville de Rio, pour cela, il montait sur une échelle. Comme M. Ewerton, cet homme était un peu fou pour entreprendre d’exprimer aux gens de la cité les messages qu’il avait à donner à l’humanité.

Nous écoutons alors les enfants d’Ewerton. Ils ont tant de choses à nous dire à propos de leur père dans sa relation avec Padre Gabriel.

Bruno dit « La vie de Padre Gabriel a été semence de justice et de paix pour notre père. »

Claudio : « J’ai beaucoup admiré l’engagement de Padre Gabriel Maire pour un peuple qui n’était pas le sien. Son désir de paix nous fait voir sa volonté de changer l’inégalité qui est au Brésil. Notre père n’appartenait à aucune église. Padre Gabriel a changé notre père. Il a été tellement charmé par le travail de ce prêtre qu’il avait mis dans son bureau sa photo en grand. C’était une sorte d’affiche. Ça inspirait notre père. Il a fait son travail d’avocat mais aussi quelque chose de plus. »

André : «  Un jour, quelqu’un a dit à notre père : Avec ce que tu fais pour Padre Gabriel, ça signifie que tu crois en Dieu ? »

  • Non, je suis athée.
  • Comment une personne comme toi peut être athée !

Notre père est devenu croyant, il allait à la messe plus d’une fois par semaine. Il avait d’abord été journaliste. Il a lutté contre les Escadrons de la mort, puis il est devenu avocat. »

Afin que ce qui pousse chez vous, ça pousse chez nous !

Il me vient la pensée de ramasser un peu de terre qui est sur la tombe d’Ewerton. J’explique aux amis réunis en ce lieu que j’emporte un peu de cette terre qui recouvre le corps d’Ewerton, afin de la déposer sur le corps de Gaby, dans le cimetière de Port-Lesney. Je la ramasse et je la mets dans un petit sac.

Lucien : « Je déposerai cette terre sur la tombe de Gaby chez nous afin que ce qui pousse de vérité et de justice chez vous, ça pousse chez nous. »

A vous Ewerton, à vos enfants et petits-enfants, à vous tous gens de Cariacica, à vous Carlita, je dis : C’est beau comment tous ensemble vous avez étayé, charpenté, construit notre humanité. Un grand désir et une volonté ardente habite en nous : c’est que nous fassions pareil. »

Quelle profusion de vie et d’amour a jailli de l’endroit où est tombé et repose ce qui reste à nos yeux de l’être d’Ewerton, avocat de Gaby.

 

Lucien Converset dit Lulu

Ces 2 Photos :  F. Phliponeau
Ces 2 Photos :  F. Phliponeau

Ces 2 Photos : F. Phliponeau

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8 mars 2020 7 08 /03 /mars /2020 22:22

Vitoria, dimanche 22 décembre 2019

 

« EN SANG SEMENçANT »

 

Messe à 10 heures à la Cathédrale.

 

Tu as du venir en ce lieu de temps en temps cher Gaby. Nous avons reconnu en ce jour et nous l’avons chanté que ton sang versé sur le terrain où tu as été tué, l’a été comme celui de notre ami Jésus.  Non pas usurpé et capturé, mais donné, versé dans la terre pour que de cette terre pousse une sacrée espérance de vie. C’est ce que nous signifions le soir, sur le terrain en nous donnant la main les uns aux autres.

 

« Ton sang, profeta Gabriel, est semence de vie »

Parole de Tertulien. Parole de Helder Salomão. Parole que nous nous sommes donnée les uns aux autres ce soir.

 

En plantant la croix de Jésus là où tu as versé ton sang Gaby, je t’ai demandé, je t’ai fait cette prière :   «Continue de m’apprendre à aimer, à me relier à fond à celles et ceux avec qui j’ai à être solidaire. Donne-moi le respect de me relier corps et âme sans capturer les autres, sans les attacher à moi, mais en cherchant à ce qu’ils réussissent eux aussi d’aimer comme tu as su aimer. Que nous soyons   « libérateurs les uns des autres parce que nous sommes alliés les uns aux autres. » (Psaume 143, 1 et 2)

 

Au retour de la veillée sur le terrain vague, pas si vague que ça, depuis que la terre, notre mère y a reçu et recueilli ton sang Gaby …

 

Je ne voyais pas, je ne reconnaissais pas beaucoup les gens que nous retrouvions. Mais je crois que l’essentiel je l’ai reçu. Pourquoi ? Parce qu’il nous était donné. Je ne voyais pas avec mes yeux ta vie donnée, ton sang versé coulant de ton cœur blessé par le révolver du jeune commandité. Mais je voyais au profond de moi que ce qui s’était passé pour toi Gaby, était à la ressemblance de ce qui s’était passé pour notre ami Jésus, son sang coulant du côté ouvert par la lance du soldat.

 

Je ne voyais pas avec mes yeux, je n’entendais pas beaucoup de paroles exprimées, mais dans mon cœur et ma conscience j’entendais ta parole Gaby, tellement ressemblante à celle de notre ami Jésus. Elle était de même veine ? En elle coulait le même sang, porteur d’appel à donner la vie, ma vie en aimant jusqu’au bout comme tu as fait Gaby, faisant comme ce qu’a fait Jésus, faisant, accomplissant comme tant de témoins-artisans l’ont fait par après.

Lucien Converset dit Lulu

 

« Ton sang, profeta Gabriel, est semence de vie » photos de François Phliponeau.
« Ton sang, profeta Gabriel, est semence de vie » photos de François Phliponeau.

« Ton sang, profeta Gabriel, est semence de vie » photos de François Phliponeau.

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1 mars 2020 7 01 /03 /mars /2020 21:38

áJeudi 12 décembre 2019 sur la route qui va d’Almaço-Nositio à Vitória

 

« C’ETAIT DANS LA NUIT BRUNE, SUR LE CLOCHER JAUNI, LA LUNE COMME UN POINT SUR UN I » (Paul Verlaine)

 

Nous revenons de la montagne Almaço-Nositio, nous nous sommes arrêtés à Santa-Tereza, la ville où est né Dárcio. Il y a très longtemps que nous connaissons Dárcio. Nous l’avons rencontré pour la première fois en France lorsque Gaby était revenu vivre quelques semaines dans sa famille en 1983. Comme Port-Lesney, le village natal de Gaby, le coin de la terre où est né Dárcio est, lui aussi, très beau : les oiseaux, les colibris, les serpents et les fleurs nous émerveillent dans le jardin botanique que nous sommes en train de traverser… Et nous voilà remontant dans notre minibus. Nous savons que nous descendons faire la fête chez Oscarina. Il y a grande joie en nos cœurs de vivre ces moments de fête mêlés aux temps culturels que nous offrent « les amis de Gaby ». Merveilleux partage entre Brésiliens et Français que nous sommes. L’ambiance est enjouée dans ce petit véhicule. Nous avons encore un bon moment de trajet à réaliser avant d’arriver chez Oscarina.

 

La nuit vient de tomber. Le chauffeur du minibus, Carlos, enclenche dans le poste de télé, une clef USB. Nous voyons et entendons des chanteuses et musiciens brésiliennes et brésiliens que connaissent nos amis. Ma voisine, Cleunice, chantonne de temps en temps l’une ou l’autre des chansons que les artistes sont en train de nous offrir. Et juste à ce moment-là la lune est en train de se lever à l’horizon sur notre gauche. Tout à coup, nous entendons de la bouche des amis brésiliens assis à côté de nous, une ovation : « Oh ! Nascer da Lua ! » et ils se mettent tous à chanter avec joie « A Lua nasceu tão linda... ! » . Je dis alors à Cleunice : « C’est une chanson que vous connaissez bien ?! » Et Cleunice me dit : « C’est Jovanir qui a écrit le texte de cette chanson ! »

 

La lune a illuminé plus encore notre voyage. De temps en temps, nous en apercevons un quartier, puis la voilà dans toute sa plénitude.  Et à nouveau la voilà qui se cache. Il me revient ce que racontait le Père Duval dans son livre : « L’enfant qui jouait avec la lune ». Cet astre a beaucoup joué dans le travail de libération de l’emprise impérialiste de l’alcool sur lui, le Père Duval et sur ses amis de l’association des AAA.

 

Je me dis en moi-même : Il te faut continuer à jouer avec la lune et écouter comment nos amis brésiliens ont déjà joué une partie de leur existence sous la vigilance et l’attraction de ce petit astre.

 

Je demande à Jovanir :

Lucien : Comment t’es venue l’inspiration d’écrire cette chanson sur la lune : Nascer da Lua ?

Jovanir : Il y a à peu près 8 ans, peut-être plus. Nous étions à une fête du groupe Congo sur la montagne du Mochuara. C’était au moment de la fête de la naissance de la pleine lune, que nous faisions chaque mois. Le meneur-leadeur de ce moment festif, peut-être à cause du clair de lune qu’il faisait à ce moment-là, et en raison de l’ambiance qui régnait entre nous, cet homme dit : « Pour la prochaine fête vous êtes tous invités à écrire un poème sur la naissance de la lune, sur la pleine lune … » Alors j’ai écrit Nascer da Lua, ce qui signifie : « Surgissement de la pleine lune ».

Paroles et musique sont nées ensemble. J'ai montré ma composition à Raquel et à d'autres amis; ils l'ont beaucoup aimé. A la rencontre qui suivit avec le groupe Congo, nous avons présenté la chanson. Elle a été adoptée. Elle s’est propagée et popularisée par le disque que Raquel a lancé quelques mois plus tard.

Lucien : Et voilà comment elle nous est offerte à nous ce soir, groupe français des Amis de Gabriel Maire, grâce à vous groupe brésilien, Amis du Padre Gabriel.

 

Dans le bus nous continuons à entre-mêler nos voix en prenant conscience dans cette évocation de l’influence de la lune sur la terre, qu’« on n’est jamais trop petits pour le dire aux grands ». C’est ce que nous chantions avec les enfants de l’ACE (Action Catholique des Enfants) lorsque nous étions les aumôniers de ce mouvement à Dole avec Gaby dans les années 1963-1969.

 

La lune continue de s’élever dans le ciel. Le lien entre Gaby et le Père Duval continue de se développer en mon cœur. La lune aura été vigilante sur l’un et l’autre, sur toutes celles et ceux qui se sont laissé interpeler par ces prophètes, afin de bâtir un monde où les petits et les enfants puissent trouver leur place au cœur de l’humanité. Il y a une question qui me travaille et parfois me hante : « Est-ce qu’aujourd’hui, ce soir, je suis au point voulu par la vie et par Dieu ? Est-ce qu’aujourd’hui, je me suis poussé, est-ce que je me suis déplacé pour faire de la place à ceux que je croise et qui n’ont pas encore trouvé la leur ? »

 

Nous ne tardons pas à arriver chez Oscarina. En grimpant l’escalier qui nous permet d’entrer à la chambre haute où elle va nous recevoir, une intense et forte musique, jouée et accompagnée à la guitare par Raquel nous convie à la fête. Oscarina est radieuse de nous accueillir chez elle. Ça se voit sur son visage. Beaucoup de gens arrivent. Parmi eux, une petite fille accompagnée par sa maman. Je dis à la petite fille :

Lucien : Quel est ton beau prénom ?

Joanna qui fait la médiatrice : « C’est Luna »

 

Nous la saluons, émerveillés que nous sommes. En effet, pendant que la lune continue son gravissement dans le ciel étoilé du Brésil, voici que nous est offerte l’apparition dans la casa d’Oscarina de son arrière-petite-fille, Luna. Elle est accompagnée par sa maman que Jean-Marie avant même que soit prononcé son nom, appelle : « Et vous, c’est le soleil ! » La maman de Luna s’appelle Thaïna. Et voici que son papa arrive, il s’appelle Rafael.

Nous rions tous aux éclats devant la multitude de ces correspondances.

 

J’ai été très touché de me laisser raconter et chanter par nos amis brésiliens Nascer da Lua, la naissance de la lune. Ça s’est mis à faire naitre en moi une plénitude d’approfondissements. J’ai continué de découvrir que ce petit astre influence et fait naitre de grandes choses dans le ventre de la terre. La lune y est pour beaucoup dans ce qui pousse à la surface de la terre.

Lulu (Lucien Converset)

Nascer da lua
Nascer da lua
Nascer da lua
Nascer da lua
Nascer da lua

Ça me fait penser à toi Gaby !

 

Tu es un petit enfant de notre humanité. Et tu as fait naitre quelque chose de grand dans le mouvement de la théologie de la libération, au sein des Communautés Ecclésiales de Base (CEB’s). Tu t’es inculturé au sein du peuple brésilien. Ta foi t’a poussé en politique. Tu t’es implanté dans la population brésilienne sans t’y imposer. C’est merveilleux ce que tu as fait pousser de résistance et de résilience que nous font voir nos amis brésiliens.

 

Tu ressembles Gaby au Père Duval qui s’est relié à beaucoup d’amis bouleversés par la dépendance de l’alcool. Il est tombé très bas avec eux et au milieu d’eux. Son témoignage ramassé dans le livre  « L’enfant qui jouait avec la lune » a permis à beaucoup de gens bouleversés par cette maladie, d’entrer dans le mouvement des AAA. Comme lui et avec lui, ils sont sortis libérés et libérant de cette dépendance qui les opprimait.

 

Tu es Franc-Comtois Gaby, du même pays que les sœurs Léonie Duquet et Alice Domon. Elles se sont enfouies, petites graines d’espérance, dans l’immense et grand mouvement des Mères de Mai, marchant et manifestant à la recherche de leurs enfants disparus et capturés par la dictature d’Argentine.

A propos de toutes ces personnes et de ces mouvements de libération, je t’entends dire, ami Jésus, durant la nuit où tu fus livré : « Ceux-ci, Ceci est mon corps … Le sang de ceux-ci est mon sang »

Quelques temps auparavant, pressentant de quelle mort tu serais enlevé de devant nos yeux, la mort de la croix, tu nous avais dit : « Le fils de l’homme, quand il sera élevé de terre, attirera tout à lui »

 

A lua nasceu tão linda por detrás do Mochuara,
Tornando mais belo ainda o céu de Roda d’Água!
Oh, lua tão linda no Mochuara! Oh, gente bonita de Roda d’Água!

Foi como um cantar de sereia: o céu se encheu de esplendor!
A noite enfeitou: lua cheia! Encheu Roda d’Água de amor!

O sol emprestou sua luz e no horizonte pousou,
A lua enfeitou seu vestido com a luz que o sol lhe deixou!

Ecoutez cette belle chanson de Jovanir, interprétée par Raquel !

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26 février 2020 3 26 /02 /février /2020 15:05

Jeudi 5 décembre 2019, en partance pour le Brésil

 

« NE SOMMES-NOUS PAS TOUS, LES MEMBRES DE SON CORPS ? ! »

 

C’est impressionnant de quitter son pays natal pour réaliser un si grand voyage. C’est afin de parvenir au Brésil que je me prépare depuis plusieurs semaines. Je pars marcher sur les pas de Gaby Maire en compagnie de quelques amis. Nous ramasserons là-bas, sous les arbres de la liberté et de la justice, en compagnie d’une multitude de gens, les graines de non-violence que beaucoup ont fait pousser ensemble avec Gaby. Nous y célébrerons le 30ème anniversaire de sa vie donnée à nous tous. Rosaline me facilite le départ. Elle m’emmènera tout à l’heure à Dole rejoindre Jean-Marie Bouhans et Elisabeth Lamy avec qui je pars. Juste avant, afin de nous préparer à un tel voyage, nous allons célébrer la messe à l’abbaye d’Acey.

 

REUNIR LES TRAITS D’UNION

A travers l’eucharistie, nous approfondissons notre conscientisation. Là-bas au Brésil, en nous laissant travailler par le souffle qui animait Gaby, nos amis brésiliens nous feront découvrir et reconnaitre que tous les humains sont les membres du corps du Christ Jésus. C’est cette bénédiction que nous recevons de Jean-Marc, Benoit, Philippe et tous les frères. Nous prions en union avec Joëlle Amiet, ses enfants et petits-enfants. Avec eux nous communions avec Serge son mari, leur papa, leur papy, mort accidentellement il y a dix jours, à leur retour de Mont-Roland du Sénégal. Joëlle et Serge avaient préparé avec nous ce voyage afin de recevoir ce que Gaby et tous les témoins d’Amérique latine, d’Afrique et de la terre entière, veulent continuer à nous donner. Nous croyons qu’ils nous aiment à la ressemblance de Jésus et nous interpellent à nous engager à faire de même.

 

MAINTENIR LES RESURGENCES

Le frère Benoit de l’abbaye d’Acey nous permet de créer beaucoup de traits d’union entre les moines de son abbaye et nous, ainsi qu’avec les moines de Midelt au Maroc. En effet, c’est là que Jean-Pierre Schumacher avec Jean-Pierre Flachaire, Nuno, Antoine et José-Luis, vivent et agissent ensemble pour que humblement, leur communauté de Midelt soit une résurgence de Tibhirine. Ces frères cherchent comment « rester », s’enraciner, s’inculturer dans une terre, un milieu, une culture autres que celles où ils ont plongé leurs racines premières. Et n’est-ce pas cela que Gaby a cherché à réaliser « en restant » au Brésil alors qu’il était menacé de mort en raison de ses engagements ? N’est-ce pas à la ressemblance de Jésus que tous ces témoins ont donné leur vie pour celles et ceux qu’ils aimaient ?

 

NOUS METTRE EN CONDITION D’APPRENTISSAGE

C’est à 9 heures que nous arrivons chez la famille de Jean-Marie-Bouhans : son frère Pierre et leurs deux sœurs, Marie-Françoise et Anne. C’est là que nous retrouvons Elisabeth Lamy que Jean-Marie est passé chercher à Mont-sous-Vaudrey. Autour de la table familiale, savourant le café et le gâteau, nous entendons déjà des messages d’amitié de la part de Roberte et Patrice, Claude et Brigitte, Marie-Françoise et Claude, Antoinette et Rosine … Ils nous racontent chacun à leur manière comment ils se sentent emportés dans nos cœurs, du Jura jusque là-bas à Vitória. Un message de Rachel nous parvient par sa maman, nous disant qu’elle prépare notre rencontre avec les Brésiliennes et Brésiliens dans ce merveilleux pays où elle est déjà depuis quelques semaines. Ils nous signifieront comment en ces lieux, leurs vies se sont entremêlées avec celle de Gaby il y a un peu plus de 30 ans. L’Esprit de Jésus, qui les a fait se rencontrer et vouloir transformer leurs comportements et accéder à une existence digne et humaine, cet Esprit continue à souffler. Nous aurons des chances de le sentir nous proposer d’entrer chez nous aussi et de revenir avec nous, si nous nous mettons en condition d’apprentissage.

Après avoir salué les sœurs de Jean-Marie et Pierre ainsi que Rosaline, nous voilà en partance pour l’aéroport de Lyon Saint Exupéry. C’est Pierre frère de Jean-Marie qui nous y conduit. Quelle délicatesse là-aussi de faciliter ainsi notre voyage. Avant de prendre l’autoroute à Bersaillin, nous repassons par Mont-sous-Vaudrey car Babeth avait préparé des morceaux de fromage de comté qu’elle avait oubliés sur la table de la cuisine. Ce serait dommage de ne pas faire goûter ce si merveilleux produit de nos coopératives-fruitières à nos amis brésiliens.

 

JOURNEE DE GREVE ET MANIFESTATIONS

Nos billets d’avion, par souci d’économie, ont été pris il y a un peu plus de 6 mois. J’aurais préféré partir un autre jour que ce jeudi 5 décembre, car c’est le jour où en France beaucoup de gens vont faire grève à la SNCF et dans bien des domaines. Les manifestations auront pour but d’empêcher que leurs conditions de travail se détériorent, que baisse leur pouvoir d’achat, que perdure leur temps de travail, et soit raccourcie leur espérance de retraite. J’aurais bien voulu manifester en solidarité avec mes nombreux amis de Dole.

 

JEANNOT ET ERIC, SŒUR MADELEINE, MADAME MONTESSORI et CELESTIN FREINET.

Jeannot me gardera les articles de journaux qu’il sait si bien lire et ramasser grâce à ce qu’il a appris en compagnie d’Eric et de combien d’autres, par la médiation de leur institutrice la sœur Madeleine, à l’institut éducatif Jean Bosco au 27 de la rue Pasteur à Dole, là où l’abbé Gaby Bourgeois était directeur. Dans cette école, durant les années 70-80, arrivaient beaucoup d’enfants dont les parents avaient eu grande difficulté de leur trouver normalement une place. Afin que la sœur Madeleine Crespin devienne jardinière d’enfants, ceux auprès de qui elle s’était formée, l’avaient dotée d’outils et de méthodes qui nous émerveillaient. Sans qu’elle nous en dise expressément les noms, nous sentions que les personnes à qui elle se référait étaient à la fois cette grande dame qu’est Maria Montessori et aussi ce grand homme qu’est Célestin Freinet.

 

GREGORY ET PAOLO FREIRE

Durant l’année que nous venons de vivre, Grégory, mon jeune voisin, m’avait fait souvent mémoriser vitalement les paroles que j’avais tirées du livre  « Pédagogie des opprimés », il y a de nombreuses années : « Personne ne libère quelqu’un à sa place. On ne se libère jamais seul. On se libère ensemble. » Les paroles tombées de la bouche de Grégory que j’avais ramassées sur mon cahier-journal, étaient devenues comme une petite fiole d’huile essentielle. J’aimais en déposer quelques gouttes sur les endroits blessés ou tordus de nos affrontements humains, chaque fois que je rencontrais une personne blessée ou laissée seule. J’aimais beaucoup adjoindre ces deux noms : Grégory et Paolo Freire.

 

AEROPORT SAINT EXUPERY. BERNARD, FRANCOIS ET PERE JOSEPH WRESINSKY.

Le voyage dans la voiture de Pierre depuis Dole à Lyon Saint Exupéry se passe bien sans encombre. Nous voilà arrivés à l’aéroport. Nous repensons bien sûr à Antoine de Saint-Exupéry dans son avion mais aussi à Jeannot dans son petit camion (camion sur lequel Jeannot a mis une image du Petit Prince). Nous cassons la croute avec Pierre sur les coups de midi. Nous sommes dans un de ces espaces immenses de l’aéroport où je me sens appelé à penser que beaucoup de gens sont là pour des raisons semblables aux nôtres, afin que s’élève notre humanité. Nous sommes un « peuple immense », chantait le père Aimé Duval. Ce n’est pas toujours que ça va chantant. Nous sommes bien souvent pleurants. J’écris encore quelques lettres avant que nous ne partions et voici qu’arrivent pour nous rejoindre Bernard et François. Ça fait très exactement 20 ans que Bernard Colombe et moi nous nous connaissons. (Bernard était un prêtre fidei donum à Vitória comme Gaby). Nous avions réalisé du 16 au 30 Septembre 1999 la célébration du dixième anniversaire de la mort de Gaby au Brésil avec Yves Patenôtre, notre évêque, et une trentaine de Jurassiens.

Déjà, Bernard avait assuré un sacré lien entre les Brésiliens et nous.

Nous avions apprécié sa façon de nous faire découvrir quel souffle prophétique avait animé Gaby dans sa façon d’être homme et pasteur durant leurs années de ministère commun à Vitoria entre 1980 et 1984.

 

François, engagé comme volontaire dans le mouvement ATD Quart Monde, était venu à Dampierre en 2007, accompagné des familles en vacances à la Bise. Nous avions réalisé une ballade au pas des ânes, le long du chemin de halage. Il avait été le photographe de cette ballade.

Il m’avait offert un beau petit album de ses photos. François, apprenant que nous effectuons ce voyage sur les pas de Gaby Maire, afin de commémorer le trentième anniversaire de son assassinat, s’était inscrit il y a quelques mois pour venir vivre cet événement avec nous. Il nous proposait si nous le voulions bien, d’en être le témoin photographe, ce qui nous réjouissait beaucoup.

 

Durant la longue marche que nous faisons afin de parvenir à l’aire d’embarquement, François nous raconte comment le souffle du Père Joseph Wrezinsky le marque.

François : « J’ai retenu du Père Joseph qu’il faut sans cesse être dans un triple refus :

- la misère n’est pas une fatalité

- les gens qui sont dans la misère ne sont pas coupables

- il ne faut pas se priver de la science développée qui nous fait voir les capacités de chacun » .

 

Nous parlons beaucoup ensemble des personnes auxquelles nous nous référons : à Gaby Maire, à celles et ceux qui nous ont formés, particulièrement à Paolo Freire, dont j’amorce la lecture de son livre : «  Pédagogie de l’Autonomie ».

En attendant à la zone d’embarquement K 49 boarding, François nous cite une autre parole du Père Joseph: « la misère est l’œuvre des hommes. Seuls les hommes peuvent en s’organisant , la supprimer »

 

Il est environ dix-huit heures quand nous montons dans l’avion. Il nous faut un peu plus d’une heure pour aller jusqu’à Roissy. Et de là nous embarquons aux environs de 23 heures, nous voyagerons toute la nuit et nous nous réveillerons à peu près au moment où le soleil se lèvera sur le Brésil …

 

Nous atterrissons à Rio de Janeiro aux environs de sept heures. Marcel Renou et sa femme Teresa nous accueillent avec Carlita venue tout spécialement de Vitória. C’est Odilon, chauffeur de taxi qui les a amenés. Ils tiennent une petite banderole, avec ces mots : « Nous sommes très heureux de cœur et porte ouverte pour vous accueillir. »

Lucien Converset

Départ de Lyon, arrivée à Rio, puis chez Marcel et Teresa avec le portrait de Paulo Freire (Photos E. Lamy, et F. Philiponeau)Départ de Lyon, arrivée à Rio, puis chez Marcel et Teresa avec le portrait de Paulo Freire (Photos E. Lamy, et F. Philiponeau)Départ de Lyon, arrivée à Rio, puis chez Marcel et Teresa avec le portrait de Paulo Freire (Photos E. Lamy, et F. Philiponeau)

Départ de Lyon, arrivée à Rio, puis chez Marcel et Teresa avec le portrait de Paulo Freire (Photos E. Lamy, et F. Philiponeau)

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19 février 2020 3 19 /02 /février /2020 13:30
WE de partages et rencontres avec Pedro et Teresa A. Ribeiro de Oliveira. Dimanche au Centre Biblique. Photo François PhliponeauWE de partages et rencontres avec Pedro et Teresa A. Ribeiro de Oliveira. Dimanche au Centre Biblique. Photo François Phliponeau
WE de partages et rencontres avec Pedro et Teresa A. Ribeiro de Oliveira. Dimanche au Centre Biblique. Photo François PhliponeauWE de partages et rencontres avec Pedro et Teresa A. Ribeiro de Oliveira. Dimanche au Centre Biblique. Photo François Phliponeau

WE de partages et rencontres avec Pedro et Teresa A. Ribeiro de Oliveira. Dimanche au Centre Biblique. Photo François Phliponeau

Vitoria, dimanche 15 décembre 2019

 

« QU’ETES-VOUS ALLES VOIR AU BRESIL ? UN PROPHETE ! » (Luc 7, 26)

 

Au moment où nous quittons la maison de Teresa et de Pedro, je prends intensément conscience du don qui nous est fait d’avoir entendu de leurs bouches, quel a été le travail de Gaby et des Communautés Ecclésiales de Base (Ceb’s). Teresa et Pedro ont connu Gaby au moment où il arrivait à Cariacica. Teresa avait une responsabilité dans la paroisse. Pedro a rencontré Gaby pour la première fois dans une évaluation où Gaby l’avait invité en tant que sociologue.

 

Et hier, durant toute la journée, nous avons écouté Teresa et Pedro. Nous avons reçu d’eux ce qu’ils avaient recueillis de Gaby : son intuition de la relation qui existe fondamentalement entre « foi et politique. » Ce que Gaby a donné et ce qu’il a su recevoir d’eux, c’est ce qui a beaucoup contribué à instaurer le mouvement « Foi et Politique »

 

J’ai envie de te dire Gaby : «Dans l’éducation de ton être, il t’a été beaucoup donné. Tu as su aussi recevoir la capacité d’analyser ce qui nous opprime et en même temps projeter ce qui va nous libérer et nous rendre heureux. Tu nous as appris comment y travailler dès aujourd’hui en nous relayant les uns aux autres. Tu me fais beaucoup penser à Jésus lisant Isaïe. Tu as fait de même en lisant Jean Jourdain qui lisait Henri Godin qui nous ont tant marqués durant nos années de séminaire dans le Jura. C’est pour cela que nous t’appelons et te chantons « Profeta Gabriel ».

 

Ce que j’ai retenu et que je ferai conforter par ce qu’écrivent Xavier de Maupeou, Gustavo Gutiérres et Léonardo Boff :

  • Comment au tout début se sont formées les premières communautés ecclésiales de base.
  • Comment, au moment où Gaby arrive à Cariacica, les CEBs font un travail très intense. Gaby y est pleinement engagé pour continuer à les animer et en instituer d’autres, et les coordonner les unes aux autres.
  • Comment j’aurai le souci de mieux connaitre la situation politique du Brésil et l’attitude de l’Eglise notamment dans sa hiérarchie : Le pape Jean-Paul II, le cardinal Joseph Ratzinger, qui risquent de contribuer à étouffer le souffle des communautés par l’institutionnalisation du mouvement charismatique. 

 

Nous arrivons au CEBI (Centro de Estudos Bíblicos). La célébration de la messe se prépare : Joana, Cleunice, Jovanir et Angela ainsi que Penha y travaillent intensément.

Je me trouve à côté d’Angela professeur de français à l’Université. Je lui demande si elle a connu Gaby. Elle me répond : « J’ai connu Gaby lorsque j’étais jeune. C’était un de nos formateurs. Les CEBs existent encore, mais ce n’est plus la même chose. On n'a plus les mêmes chemins dans nos luttes pour la défense de l’égalité et de la justice comme nous le faisions à l’époque de Gaby … »

 

La célébration est commencée. Après l’évangile, il y a un partage de ce que chacun ressent. A un moment je dis : « Quand nous avons quitté la France pour venir chez vous sur les pas de Gaby Maire, des amis nous ont dit : « Qu’est-ce que vous allez faire au Brésil, à propos de Gaby Maire ? ». De même, Jésus demande aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés contempler au désert ? Qu’est-ce que vous êtes allés voir ? Un prophète ? Oui et bien plus qu’un prophète. » De même, nous sommes venus depuis le Jura à Vitória… Nous faisons une sacrée démarche, un déplacement de nos êtres. Nous venons chercher notre héritage. Nous sommes venus voir, entendre, comprendre, que Padre Gabriel, de chez nous est venu chez vous. C’est chez vous qu’il a été et demeure un prophète. Il l’était déjà chez nous, nous avons eu du mal de le reconnaitre : Profeta Gabriel. C’est là, chez vous qu’il est devenu pleinement disciple de Jésus et que vous cherchez toujours à continuer à le devenir avec lui, en sa compagnie. Qu’est-ce que nous apporte le fait de devenir disciples de Jésus ? Continuer à laisser créer des liens entre Jésus et nous, entre nous tous, afin que nous parvenions ensemble à l’héritage. Commençons par la reconnaissance des plus démunis, tendant à ce qu’il n’y ait « pas d’exclus pour la fête » comme nous le chantions à la JOC. Ainsi nous découvrons et apprenons à relier « foi et politique » dans chacun de nos comportements.

 

Dans cet intense moment de prière, je me dis : « Qu’es-tu venu faire au Brésil ? » Je suis venu chercher comment ne rien laisser de côté, ni les plus petits, ni les plus éprouvés. Je suis venu pour apprendre à nous rencontrer hommes et femmes, comme toi Jésus, tu as su envisager et rencontrer les femmes et les hommes qui étaient sur ton chemin. Tu as su voir les femmes que tu rencontrais dans le respect de leur dignité. Tu as su te laisser envisager et reconnaitre par elles, dans la merveilleuse dignité de ton être d’homme, fils de Dieu. Tu nous communiques la manière dont tu as regardé et rencontré les femmes que tu trouvais sur ton chemin en compagnie de tes disciples. Tu nous donnes ce que tu es devenu sous le regard de ces femmes.

 

Qu’est-ce que je suis venu faire au Brésil ?

Je suis venu sur les pas de Gaby Maire ramasser sa façon d’envisager les femmes et jeunes filles dans toute leur merveilleuse dignité.  Qu’est-ce que vos façons de regarder, voir et envisager les êtres humains, se ressemblent, Jésus et Gaby !

Il y a quelqu’un aussi qui sait réaliser tout cela, c’est le pape François qui dit ces mots que je trouve mis en valeur dans la bibliothèque du Cercle Biblique (CEBI).

« A mulher tem uma sensibilade particular pelas coisas de Deus sobretudo para nos ajudar a comprehender a misericordia, a ternura e o amor que ele tem por nos. » (Francisco.)

«La femme a une sensibilité particulière pour les choses de Dieu surtout pour nous aider à comprendre la miséricorde, la tendresse et l'amour qu'il a pour nous. » (François.)

 

Je suis heureux d’entendre et reconnaitre au profond de l’eucharistie que Jésus et Gaby nous regardent avec confiance et amitié et qu’ils disent à propos de ce que nous disons et faisons : « Prenez et mangez, ceci est mon corps … Prenez et buvez, ceci est mon sang … »

Lucien Converset

Affiches du CEBI de Vitória (Photos E Lamy)
Affiches du CEBI de Vitória (Photos E Lamy)

Affiches du CEBI de Vitória (Photos E Lamy)

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10 février 2020 1 10 /02 /février /2020 16:48

Vitória-Cariacica, le samedi 21 décembre 2019

 

« SOYEZ TOUS LES ACTEURS DE VOTRE HISTOIRE »

(cf. : la journaliste de la télévision de Vitória qui interviewe Gaby le 21 décembre 1989)

 

En ces jours historiques où nous sommes venus célébrer et reconnaitre à Vitória au Brésil, le prophétisme du Padre Gabriel Maire, il y a ce jour-là du 21 décembre 1989. En effet il y a 30 ans aujourd’hui, Gaby était interviewé par une personne de la télévision locale. Cette personne, émerveillée et étonnée par ce que Gaby venait de donner comme parole de vie, lui exprimait sa reconnaissance en lui disant à la fin :  « Gabriel. Merci. Soyez toujours l’acteur de votre histoire. » Gaby pressentait-il que sa mort était déjà décidée à ce moment-là ?

 

Paroles prophétiques de cette personne à l’adresse de Gaby. En effet, Gaby continue d’être l’acteur de son histoire en nous interpelant à l’être de la nôtre. N’est-ce pas ça faire entrer en nous l’esprit de Noël ? Gaby dira : « Noël, c’est Dieu avec nous Emmanuel. Et le Christ incarné dans la chair, Jésus-Christ prisonnier au milieu de la lutte du peuple … Le capitalisme est universel. Il sait très bien faire dévier le sentiment religieux des gens, occuper l’espace, profiter de toutes les fêtes religieuses pour en faire un commerce… Comment devenir levain dans la pâte ? C’est le rôle de ceux qui suivent le choix de Jésus-Christ, qui font le choix des pauvres. »

 

A nous aussi est envoyé un sacré cadeau de Noël !

Nos amis brésiliens nous font comprendre que les paroles, les actes, les moments de vie que Gaby leur a offerts et qu’il savait recevoir d’eux, étaient de sacrés cadeaux. A les entendre tous ces jours nous raconter ce qu’ils ont réalisé avec et grâce à Gaby, nous avons la réelle impression, qu’à nous aussi, est envoyé durant ce jour, un sacré cadeau de Noël. Nous comprenons en effet que ce que ces gens ont reçu par la médiation de Gaby il y a un peu plus de 30 ans, c’est toujours actuel, c’est toujours vivant. Par eux, nous parvient ce message : « Soyez tous les acteurs de votre histoire » Il y a comme un envoyé qui nous dit dans nos tourments :   « Rassurez-vous, car voici qu’aujourd’hui, pour votre vie de maintenant, un sauveur vous est né qui est le Christ Seigneur. » (Luc 2, 11)

 

« S’engager sur le terrain politique, c’est s’engager à aimer » (Pie XI 1931)

Nous voici dans la voiture conduite par notre amie Lourdes. Cette femme est toujours habitée et porteuse d’une parole forte et abondante, afin de renverser ce qui n’est pas juste, à l’égard des femmes et des pauvres. Tout le long du trajet qui nous emmène chez Claudio et Tereza, Lourdes n’arrête pas de faire sortir d’elle une parole libératrice. Une fois parvenus chez nos amis, nous retrouvons dans une maison très accueillante, de nombreuses personnes, assesseurs travaillant à se relever des épreuves traversées au parti des travailleurs (PT). Heureux de retrouver Claudio et Tereza, de les rencontrer chez eux, à « la barre de Jugu ». Nous reparlons de leur venue en France en 2002, probablement quand Dominique Voynet alors ministre de l’environnement les avaient accueillis. Nous les avions reçus aussi dans le foyer Emergence du CAT de Dole. Nous reparlons de Paul et Claudette Clémens qui nous traduisent leurs messages et nous les font parvenir par Elisabeth.

 

Il s’en alla avec ses disciples de l’autre côté du « torrent du Cédron » (Jean 18, 1)

Nous entrons durant la soirée dans ce moment où Gaby venait d’être témoin de l’amour d’un homme et d’une femme en célébrant leur mariage… Nous sommes dans les abords de la chapelle de Castelo Branco. Que s’est-il passé dans l’être de Gaby pour qu’il demande à la fin de la célébration de chanter avec lui ce chant prémonitoire "Eu quis comer esta ceia agora" (Luc 22) C’est de la même veine que ce que dit et fait Jésus le soir du Jeudi Saint après avoir lavé les pieds de ses disciples, partagé le pain et le vin pour signifier qu’il nous donne tout son être… certains lui tournant les talons, il part traverser le Cédron et tombe à terre en agonie au jardin des oliviers, à Gethsémani…

Lors de la célébration dans l'église de Castelo Branco le 21 décembre 2019
Lors de la célébration dans l'église de Castelo Branco le 21 décembre 2019

Lors de la célébration dans l'église de Castelo Branco le 21 décembre 2019

 

Gaby à la manière de Jésus, tu donnes toute la vie, toute ta vie depuis le commencement !

C’est étonnant comment tu nous as appris à remonter en amont des situations injustes, à énoncer et dénoncer ce qui abime notre humanité,

  • tu nous as provoqués à ne pas rester à ce que nous voyons et constatons,
  • tu nous as appelés avec respect et exigence à nous engager à briser les chaines de servitude. Qu’est-ce que la servitude ? Ce qui fait qu’un être pense légitime le fait d’avoir du pouvoir sur un autre, sur beaucoup d’autres. Et il le justifie (les Etats font de même pour partir en guerre en accaparant ce qui ne leur appartient pas)
  • Gaby, nous n’aurions jamais dû partir en guerre en Algérie. Rien ne le justifiait réellement. Nous l’avons appris là-bas.
  • Gaby, tu nous as appris à continuer ce que nous avions entrepris et commencé.
  • Gaby, tu nous as appris à aller jusqu’au bout du don.
  • Gaby, toi qui es arrivé, fais que mes amis et moi nous continuions à nous donner à celles et ceux avec qui nous avons commencé d’envisager de nous tenir par la main, de nous maintenir sans nous prendre.
  • Gaby, fais que je ne prenne pas pour moi, fais que nous ne prenions pas pour nous, celles et ceux avec qui nous nous sommes embarqués.
  • Gaby, fais que je les aime comme tu les as aimés, ces femmes et ces hommes de Vitória, ces femmes et ces hommes du Jura.
  • Gaby, tu avais commencé de les aimer en France avant que tu ne partes pour le Brésil.
  • Gaby, aide-nous à aller jusqu’au bout de ce que nous avons commencé.

 

 

* L'interview de Gaby est visible ici ! Clic ! Interview en portugais, traduite par Marcel Cortey, et lu par Jean Fugeray pour la verson française.

 

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9 février 2020 7 09 /02 /février /2020 16:20
Naitre à l'objection de conscience

 Vaudrey, vendredi 17 janvier 2020

 

« A PROPOS DE LA GUERRE D’ALGERIE JE VOULAIS ENCORE DIRE… » (Gérard Mouquod)

 

Quelques jours après, venant chez Gérard et Marie-Thérèse à Vaudrey pour la réunion de Siloé, nous constatons que nous avons encore beaucoup à recevoir les uns des autres, suite à ce qui fut initié par la venue de nos amis brésiliens lundi dernier. Gérard me dit : 

Gérard : Tu es venu pour la réunion de Siloé, mais à propos de la guerre d’Algérie, j’ai encore des tas de choses à dire.

Lucien : Je prends mon cahier afin de ramasser ce que tu vas nous partager.

 

Gérard : Quand je suis parti à l’armée, j’étais contre la guerre d’Algérie. Un gars de Parcey qui avait quelques années de plus que moi… ses parents et les miens étaient très amis … ce gars était parti soldat en Algérie, comme ça allait bientôt m’arriver… Quand il est revenu en permission depuis l’Algérie, au moment où il est arrivé en gare de Dole, au lieu de continuer jusque chez lui à Parcey, il s’est jeté dans le Doubs… Un autre, Marcel de Villette parti soldat lui aussi en Algérie… quand il est revenu en perm, il nous avait invité chez lui. Il nous a montré des photos. C’était des photos de ses copains morts, des photos de cercueils… triste, il est revenu… triste, il ne s’est jamais remis de cette guerre.

Marie-Thérèse : Dans ma famille, j’avais deux frères soldats en Algérie : Pierre et Jacques …

Lucien : A partir de 1956, il y eut en permanence en Algérie 400 000 soldats …

Gérard : Il y a eu aussi un gars de Goux qui est parti soldat en Algérie en même temps que moi. Il a dû lui aussi voir des horreurs. Il ne s’en est jamais remis. Il est mort jeune.

 

Lucien : Beaucoup d’entre nous, nous avons fait la moitié de ce temps de service en France, nous devions accomplir la deuxième moitié en Algérie où sévissait une guerre coloniale. En arrivant en Algérie, nous découvrions que nous devenions complices du maintien de ce pays sous l’empire et l’emprise de la France. L’opinion de la majorité des Français nous poussait à maintenir que les départements d’Algérie demeurent et restent des départements français.

 

Nous continuons Gérard, Marie-Thérèse et moi à nous dire que si nous en avions eu le temps, on aurait pu dire encore à nos amis brésiliens quel était l’état de l’opinion de la France au moment où nous partions soldats en Algérie. Beaucoup de gens de nos familles, de nos villages et de nos villes, prétendaient que la France allait de Dunkerque à Tamanrasset. Cet esprit impérialisant et colonialiste imprégnait l’opinion d’une grande partie des Français. Une sorte de fatalisme guidait l’attitude du gouvernement de la nation française, des politiques, de l’armée, à qui le gouvernement avait remis un temps tous les pouvoirs. Une part importante de l’Eglise catholique consentait à cet état d’esprit et s’y compromettait.

 

Cependant, dans le peuple français, dans certains partis politiques, le PSU, Le MLP, le PC, dans certains mouvements d’Eglise, les mouvements d’Action Catholique, et beaucoup grâce à un hebdomadaire comme « Témoignage Chrétien » (TC) se référant à l’évangile du sermon sur la montagne où Jésus nous interpelle à être des artisans de paix, nous nous refusions d’être inféodés à ce colonialisme envahissant et criminel. Un général de l’armée française Jacques de Bollardière, en pleine « bataille d’Alger » alla affronter le général Massu puis plus tard le général De Gaulle. Il exprimait sa réprobation devant les méthodes employées par l’armée française durant ce conflit. Il refusa de continuer à servir. Il y eut aussi plus d’objecteurs de conscience que nous ne le pensons.

 

Astreints à ce damné service militaire, nous allions mettre du temps à nous laisser travailler par la non-violence, à devenir objecteurs de conscience. Nous n’avions pas encore découvert que nous n’aurions jamais dû partir dans un service national, qui était en fait nationaliste et asservissant, inféodé au colonialisme qui empestait la France.

 

Jeunes Français, nous partions en fait continuer d’occuper un pays : l’Algérie, où une multitude d’habitants luttaient pour réaliser l’indépendance et l’autonomie de leur pays. Ils étaient le peuple algérien.

 

Afin de justifier notre acte d’occupation militaire et violente, voici comment s’y prenaient les détenteurs de l’autorité civile et militaire qui nous commandaient, nous, soldats du contingent. Nous étions tenus au service militaire de 28 mois. Voici comment nous l’accomplissions : moitié en France ou en Allemagne, avec des stages pro-AFN (Afrique Française du Nord) et la deuxième moitié dans le djébel algérien. Ceux qui pensaient être nos chefs essayaient pour la plupart de nous persuader que tous les résistants algériens étaient des terroristes.

 

Lucien : C’est dans cette terrible guerre que nous allions apprendre à devenir objecteurs de conscience. Je dirai un jour (quand je serai le 8 décembre 2018 à Oran pour la béatification des 7 moines de Thibirine et de leurs 12 compagnons, témoins-martyrs) que « l’Algérie est le pays où je suis né … à l’objection de conscience. » Je dis aujourd’hui que nous n’aurons jamais fini de naitre, renaitre, se reconnaitre dans la non-violence.

 

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28 janvier 2020 2 28 /01 /janvier /2020 12:44

Lundi 13 janvier 2020

 

« OH ! C’EST MON PAPA ET MOI SUR LA BANDE DESSINEE DU PADRE GABRIEL » (Penha Lopes)

 

Pour nos amis brésiliens et pour nous-mêmes Jurassiens, nous ressentons une sacrée impression en redescendant des Monts du Jura, dans la plaine par le « train des hirondelles ».

 

Que de tunnels traversés et de ponts et viaducs enjambés, images des épreuves que nous partageons et des joies que nous nous offrons les uns aux autres au profond de nos êtres.

 

Soirée de témoignages
Soirée de témoignages

Naissance et renaissance de la petite fille Espérance, reconnaissance des personnes avec qui nous créons des liens, appels à les envisager comme ceux-là qui vont nous permettre de nous défaire de ce qui nous empêche d’aller de l’avant.  «  Notre allié, n’est-il pas appelé à devenir notre libérateur ? » (Psaume 143)

 

Les quatre jours où nous avons été accueillis et accompagnés à Chantemerle par Marie-Jo et Jean chez Michel, Geneviève et Aurore, à Bois d’Amont, les Rousses, Saint-Claude par la famille Lamy  et beaucoup d’amis, sont tout remplis de lumière et de musique, de neige et de soleil. Ce sont ces valeurs que Gaby voulait nous voir échanger les uns grâce aux autres en créant « un nouveau petit pont entre nos deux continents. »

 

Lorsque nous arrivons en gare de Mouchard lundi soir à 19h26, c’est Bruno Gauthier et Gérard Mouquod qui sont là pour nous accueillir et nous emmener chez eux à Vaudrey.

 

Nous voici revenus dans la plaine du Val d’Amour. Lorsque nous descendons des voitures dans la cour de la ferme de Gérard et Marie-Thérèse, ce sont des paroles et des mots débordants d’enthousiasme qui jaillissent du cœur de chacun d’entre nous. Jacques, Elisabeth et Rachel sont là, ainsi que Joëlle. Jérémie, le fils de Gérard et Marie-Thérèse et sa compagne Julie, ne tarderont pas d’arriver.

 

En écrivant vos noms, Raquel, Jovanir, Penha Dalva, Joana, Oscarina, Padre Manoel et Penha L., je m’émerveille de continuer à découvrir combien vous êtes résilients, amis brésiliens.  Voici ce que disait une amie à votre sujet, quand vous êtes entrés l’autre jour dans la salle où nous nous apprêtions à entendre vos témoignages, le jour de l’épiphanie à l’abbaye d’Acey : «  Je découvre des mages brésiliens chercheurs passionnés de Gaby Maire né dans le Jura. Ils m’ont paru riches d’une foi tellement vivante, nous interpelant pour chercher avec eux, afin que le témoignage de Gaby vive et rayonne chez nous, comme au Brésil »

 

Nous nous mettons à manger autour de la grande table familiale. Des intonations de voix chantantes, des rires, beaucoup de rires, se mêlent à nos propos les plus sérieux et graves. Nous avons tant de choses à nous dire. Attablés, nous sommes aussi attelés à savoir faire une place en nous-mêmes, à ce que l’autre voudrait nous offrir, nous dire et nous confier.

 

Rachel : Gérard, t’a sûrement des choses à nous partager de ce que tu as vécu avec Gaby. Nos amis brésiliens et nous-mêmes voudrions bien t’entendre.

 

Gérard : J’étais très jeune la première fois que j’ai rencontré et connu Gaby et Lulu. Je venais d’entrer dans la même école qu’eux au petit séminaire de Vaux-sur-Poligny. C’était dans les années 1951-1954. Gaby était un peu plus âgé que moi. Il est de 1936 et moi de 1938. A un moment Gaby qui apprenait bien dans les études avait été choisi pour être notre sous-surveillant. Il était très attentif à nous et on voyait bien qu’il comprenait très vite ce qui marchait bien et qu’il fallait continuer. Mais il saisissait très vite aussi ce qui n’allait pas et qu’il fallait arrêter, changer et transformer pour que ça devienne plus juste entre nous. Nous remarquions que Gaby avait une capacité très vive d’analyser les situations que nous vivions. Je garde surtout ça de Gaby. J’ai quitté cette école pour revenir travailler à la ferme familiale à Villette à côté de Dole pendant quatre ans, jusqu’à mes vingt ans.

 

En France en ce temps-là, les jeunes de notre âge, nous étions très touchés et marqués par la guerre d’Algérie qui allait durer de 1954 à 1962, presque pendant huit ans. Chaque jeune Français de 20 ans était astreint à faire 28 mois de service militaire obligatoire. Je suis parti à l’armée le 4 mars 1958 à Auxonne, dans un régiment assurant les transports,  «  Le Train ». Un an après les classes et les stages, j’arrive à Colomb-Béchar dans le Sahara le 8 mars 1959. Quelle n’est pas ma surprise en arrivant dans le régiment où j’étais affecté, de trouver Gaby Maire. Il était arrivé là un peu avant moi. Nous allons rester ensemble pendant plusieurs mois. Dans ces temps difficiles, quelle joie de rencontrer un ami avec qui parler. Nous vivions tellement de situations difficiles et douloureuses !

Quel bien ça faisait de causer avec Gaby !

Gaby à Colomb-Béchar

Avec quelques copains soldats, nous étions en effet choqués et bouleversés de nous trouver embarqués dans une pareille guerre. Engagés et forcés d’accomplir notre service militaire dans de telles atrocités. Je me trouvais dans un régiment où ma compagnie devait surveiller de nuit le local où des hommes avaient été faits prisonniers, interrogés et torturés. Le matin, on les faisait sortir de leur lieu d’emprisonnement. On voyait bien qu’ils avaient été torturés par des hommes d’une autre section que la nôtre. Nous n’acceptions pas ce qui se passait. Ça nous révoltait. Mais notre espace et notre possibilité de résistance étaient bien petits et minimes. Comment signifier que nous nous opposions à ce qui avait été fait sur ces hommes ?

 

Rachel traduit au fur et à mesure à nos amis brésiliens ce qu’exprime Gérard. Notre attention à tous est très intense.

 

Gérard : Nous nous réunissions avec Gaby, quelques copains et moi, de temps en temps, déjà pour partager entre nous ce qui nous faisait mal. Nous nous demandions comment faire entendre et comprendre que nous n’étions pas d’accord avec ce qui se passait dans notre régiment et que nous nous y opposions. Nous partagions tout cela avec quelques copains, membres de ce petit groupe. Un jour avec Gaby, nous avions écrit au président de la République, le Général de Gaulle, afin de lui exprimer notre révolte devant ces faits. Notre lettre n’obtint jamais de réponse. Nous formions ce que nous appelions : « Le groupe d’amitié ». Par l’aumônerie militaire, les groupes d’amitié étaient fédérés ensemble. Dans ces groupes, nous cherchions à découvrir et reconnaitre la présence de Jésus dans toute cette part de l’humanité que nous formions. Nous luttions comme nous pouvions, afin de ne pas nous laisser déterminer par le fatalisme,  « il y aura toujours des guerres … Il y aura toujours de la violence … Tu ne peux pas empêcher quand un copain est tué qu’on aille en tuer dans le village d’à côté ».

 

Nous étions révoltés aussi de ce qu’on nous envoyait faire dans le djébel, des ouvertures de routes, les risques de sauter sur des mines anti personnelles, la peur de tomber en embuscade.

 

Lucien : Ces groupes d’amitié que nous formions, chers amis brésiliennes et brésiliens, je vais le dire humblement, ça ressemblait parfois à ce qui se vivait « en communauté ecclésiale de base »  (CEBs), au Brésil. Ça nous aidait et nous permettait d’être des résistants à la violence faite aux autres et à nous-mêmes. Ça nous aidait à prier, à reconnaitre que Jésus était notre ami, mais aussi l’ami de ceux que l’on nous faisait croire qu’ils étaient nos ennemis. Nous demandions au Christ qu’il continue à nous donner son souffle, son esprit, sa façon d’envisager tout homme.

 

Nos amis brésiliens et nous tous qui sommes autour de la grande table familiale de nos amis Gérard, Marie-Thérèse, Jérémie et Julie, nous n’avons rien perdu de ce que Gérard vient de nous donner comme témoignage. Ses camarades soldats de Colomb-Béchar et lui-même avaient trouvé durant ces années 1959-1960, en la personne de Gaby Maire, séminariste-soldat, un médiateur. Avec eux, Gaby cherchait toujours et trouvait le créneau, si petit soit-il, pour barrer la route à un déferlement plus envahissant et plus pernicieux de la violence. Rachel avait su capter ce qu’exprimait Gérard et le retraduire à nos amis brésiliens pendant que nous laissions se répandre au fond de nos êtres quelque chose de ce souffle et de cette aspiration à la non-violence. Nous sentions que tout cela nous faisait nous maintenir humblement en humanité durant les tempêtes les plus guerrières qui soient.

 

Rachel : Voici ce que veulent exprimer nos amis du Brésil.

Oscarina : J’avais jamais entendu quelqu’un parler de la guerre.

Penha L : Grâce à ce qui se dit entre vous et nous brésiliens sur les pas de Padre Gabriel, ici dans son pays,  encore ce soir, il y a un pont qui se réalise entre Vitoria et le Jura. Puis timidement elle ajoute, avec des larmes qui perlent au coin de ses yeux : «  Oh ! C’est mon papa et moi, sur la bande dessinée de Padre Gabriel, avec mon petit garçon sur mes genoux »

 

Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que Penha nous dise cela ?

Rachel avait remarqué durant la soirée que la bande dessinée sur la vie de Gaby était dans la bibliothèque de Gérard et Marie-Thérèse, dans la salle à manger où nous étions en train de souper.

Ce livre dépassait un tout petit peu sur l’étagère du haut, juste ce qu’il fallait pour être remarqué.

Rachel l’avait retiré de la bibliothèque et mis sur la table. Pendant que nous partagions le repas, et écoutions le témoignage de Gérard, Penha avait feuilleté cette bande dessinée  réalisée en 1994.

 

Je me souviens que c’étaient les membres des familles de Gaby Maire, des deux prêtres jurassiens auxquels Gaby avait su si bien se référer : Jean Jourdain et Henri Godin, qui avaient donné des photos aux dessinateurs que Philippe Aubert avait su trouver. En ce qui concerne Gaby,  c’était sa sœur Marie-Thérèse qui avait donné les photos qu’elle avait gardées de son voyage auprès de Gaby en 1982.

Elle avait dit : « Ces photos, je les ai prises dans une famille où Gaby nous avait emmenés, Joseph et moi. C’était la famille Lopez chez qui Gaby aimait beaucoup se retrouver. »

Gaby aimait aller voir les gens chez eux. Les gens aimaient bien aussi voir arriver Gaby dans leur maison, c’était sur une de ces  photos que Penha était en train d’attirer notre regard.

 

Elle disait : « J’étais en train de parler avec mon papa, là c’est mon fils assis sur mes genoux ! »

Nous sommes heureux de reconnaître avec elle les traits de son visage et ceux de son papa …

 

Lucien : « Nous étions encore chez tes parents Penha il y a à peine 15 jours. C’est bien les traits de ton visage et ceux de ton papa que nous découvrons sur cette bande dessinée. Quelle relecture des évènements nous sommes en train de vivre ! »

Gaby savait si bien prendre le temps d’apprécier et savourer ces instants et de nous apprendre à faire de même. Accueillir l’évènement, c’est ce que nous faisons. Nous sommes véritablement en train de célébrer et reconnaitre ta vie, ta mort, et ta résurrection Gaby. Nous les relions à celles de toute l’humanité, dans le drame vital de celles de Jésus.

 

Quelques mots s’échangent entre nous sur les recettes et façon de faire les gâteaux que nous sommes en train de partager. Des comparaisons remplies de délicatesse se font avec les gâteaux que nous avons dégustés au Brésil. Souvent les références s’expriment par rapport à nos mamans …

 

Lucien : Il y a aussi un moment qu’il serait important que vous nous partagiez Gérard et Marie-Thérèse, c’est le moment de votre ordination au diaconat. Gaby vous a signifié son amitié et sa prière depuis le Brésil. C’était au début du mois de septembre 1989 quelques mois avant que Gaby donne sa vie jusqu’au bout.

Gérard : Nous étions plusieurs à être ordonnés diacres dans le Jura par le père Gilbert Duchêne : René Besson, Michel Blanc, Jean Roch et moi-même.  Nous avions reçu les échos de Vitoria. Lorsque Gaby était venu durant l’année 1987 dans le Jura pendant deux mois, il était venu nous voir chez nous. Au moment où le jour de notre ordination approchait, voici le télégramme que nous avions reçu de lui :

Et quelques jours après, nous avons reçu cette lettre :

 

Lucien : Quels trésors pour vous et pour nous aussi, que quelques mois avant que Gaby ne donne sa vie jusqu’au bout, il vous avait envoyé ces précieux messages.

Elisabeth : C’était au moment où Gaby avait reçu des menaces de mort. Il était allé chez Roberto et Carlita.

Lucien : Presque le même jour, il envoyait les échos de Vitoria n°26, le 10 septembre 1989. Il nous invitait en commençant son message : «  Croyants ou non, nous pourrons découvrir dans le psaume 55 (54) l’état d’esprit du croyant devant les agressions de ce monde. » Voulez-vous chers amis que nous le reprenions maintenant en prière, en communion avec Gaby :

« Ce n’est pas un ennemi qui m’insulte,

Car je le supporterais.

Ce n’est pas un adversaire qui triomphe de moi …

Mais c’est toi, mon compagnon,

Mon collègue, mon ami intime.

Nous allions ensemble adorer dans le temple avec le peuple,

Et nous conversions en toute liberté ! »

 

Il se fait tard. Il va falloir aller nous reposer. Gérard et Marie-Thérèse nous signifient qu’ils auraient encore beaucoup de choses à nous partager. Ils tiennent à dire à nos amis brésiliens que leur venue chez eux ce soir en communion avec Gaby, nous a apportés à tous une profonde lumière.

Penha découvre la BD "Un jour de soleil, un jour de lumière"
Penha découvre la BD "Un jour de soleil, un jour de lumière"

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6 décembre 2019 5 06 /12 /décembre /2019 09:00
Les clins d'oeil du soleil
Les clins d'oeil du soleil

Rio le 6 décembre 2019

 

Ce matin où le soleil essayait de nous faire quelques clins d’œil à travers les hublots de l’aile gauche de l’avion (nous nous trouvons côté aile droite). Bernard se lève de son siège. Il se retourne, en nous faisant quelques clins d’oreille biblique. Il a trouvé dans la liturgie du jour ce que Dieu essaie de nous dire par la parole que le prophète Isaïe nous transmet au chapitre 29, 17-24 : « Ne le savez-pas ? Encore un peu de temps, très peu de temps et le Liban (j’entends le Brésil) se changera en verger, et le verger sera pareil à une forêt. Les sourds en ce jour-là entendront les paroles du livre… (Je le prends pour moi qui ai du mal à entendre). Les humbles se réjouiront de plus en plus dans le Seigneur, les malheureux exulteront en Dieu, le Saint d’Israël. Car ce sera la fin des tyrans, l’extermination des moqueurs, et seront supprimés tous ceux qui s’empressent à mal faire, ceux qui font condamner quelqu’un par leur témoignage, qui faussent les débats du tribunal et sans raison font débouter l’innocent. C’est pourquoi le Seigneur, lui qui a libéré Abraham, parle ainsi à la maison de Jacob : « Désormais Jacob n’aura plus de honte, son visage ne pâlira plus ; car, quand il verra chez lui ses enfants, l’œuvre de mes mains, il sanctifiera mon nom, il sanctifiera le Dieu saint de Jacob, il tremblera devant le Dieu d’Israël. Les esprits égarés découvriront l’intelligence, et les récalcitrants accepteront qu’on les instruise.»

 

C’est l’espérance exprimée de ce qui est en train de se réaliser pour notre monde dans les mains de Dieu. A condition que nous nous remettions entre tes mains Dieu notre Père comme ton fils Jésus l’a compris dans ce qui est dit au psaume 30 : « Père, en tes mains, je remets mon Esprit. »

 

Il surgit en moi, à l’écoute de ce que Bernard vient de nous lire de la liturgie du jour, un partage de plusieurs mouvements qui correspondent en faisant connexion :

  • La venue de GABY au Brésil afin d’accomplir un petit pont entre les continents, entre le Jura et Vitória,
  • Son travail prophétique,
  • Le fait qu’on a voulu le tuer,
  • La correspondance avec ce qu’a créé Paulo Freire,
  • L’élection de Lula,
  • Ce qui va se passer dans le sillage de Gaby au Brésil, et de tous ces témoins dans tous les pays d’Amérique Latine, , ce que vont nous faire découvrir nos amis brésiliens de la continuation de leurs luttes
  • Ce qu’humblement nous voudrions rapporter et susciter dans le Jura,
  • Tout le travail des mouvements d’action NonViolente avec Jean-Marie Muller, afin que nous nous désarmions de nos violences et que nous ensemencions en nos vies le comportement de ce que nous sommes venus ramasser,
  • Tout ce que le pape François vient nous appeler à faire, lui qui n’arrête pas de se laisser interpeler et convertir,
  • Par la prise de conscience planétaire que l’esprit de Jésus nous pousse à réaliser en chacun de nos déplacements et voyages, je pense à celui de Rachel, à celui que nous sommes en train de réaliser avec elle,
  • Surtout toutes ces allées et venues, ami Jésus, tu dis et tu fais, tu reconnais que c’est ton Corps. C’est ton Sang qui irrigue nos rencontres.

 

Il me faudra reprendre ce que dit Frei Betto à l’élection de Lula ;

L’hôtesse vient de dire : « L’avion va commencer à descendre. » Je vais mieux apercevoir la terre du Brésil. J’ai apporté un petit récipient de terre de Dampierre, du verger de notre papa, du jardin de notre maman. J’aurais dû faire cela à Port-Lesney, à Dole et à Saint-Claude. Avec de la terre où Gaby a laissé ses traces. Je mêlerai cette terre du Jura à celle du Brésil que je suis en train de commencer à contempler. Là où est plantée une partie de l’humanité qui a tant à nous apprendre, que nous réussissions justement notre humanité.

Après avoir répandu cette terre de Dampierre, du Jura dans un jardin des amis qui nous accueilleront, je rapporterai un petit peu de cette terre mélangée et pétrie l’une à l’autre pour réaliser ce pain d’humanité, dont nous avons tant faim, tellement est fort d’amour et de justice le levain qui a été pétri dans cette pâte.

Je prends conscience que nous venons de réaliser le même vol que Gaby les 2  et 3 octobre 1980. Il me tarde de voir où nous allons, de découvrir vos visages, amis qui allez nous façonner, qui allez souffler dans nos êtres ce qu’avec Gaby vous avez pétri dans votre pédagogie, dans votre éducation populaire.

Il me tarde de voir vos visages amis qui allez nous façonner, qui allez souffler dans nos êtres, ce qu’avec Gaby vous avez pétri dans votre pédagogie et votre éducation populaire.

Que va-t-on trouver de ces communautés ecclésiales de base, fondées, animées, accompagnées par Gaby Maire, Xavier de Maupéou, Gabriel de Longueville… ?

Les clins d'oeil du soleilLes clins d'oeil du soleil

Ça y est l’avion a touché le sol du Brésil … Nous sommes accueillis par Marcel et Térésa Renou conduits par Odilon un de leurs amis. Marcel est arrivé au Brésil en 1977. Gaby le nomme dans les échos de Vitoria n°1 page 27. C’est lui Marcel qui est venu attendre Gaby à l’aéroport de Rio. Il était accompagné de Bernard Colombe. Ils étaient repartis ensemble rejoindre Jean Fugeray à Vitoria.

Quel fraternel accueil nous recevons chez Marcel et Teresa. Nous sentons tout de suite que nous sommes des amis de Gaby accueillis par des amis de Gaby : « Tu es là Gaby au milieu de nous. Tu nous fais prendre conscience que toi Jésus tu es au milieu de nous, avec nous. Bernard nous lit ce qui est probablement la dernière lettre que Gaby a écrite. Notre émotion est grande. Puis Bernard dit à Marcel :

Bernard : Tu te souviens, on était venus ensemble, toi et moi, chercher Gaby à l’aéroport de Rio le 4 octobre 1980 … Dans cette dernière lettre que Gaby écrivait, il parle d’inondations très importantes qui de fait ont eu lieu en décembre 1989. Il parle de Color le président qui vient d’être élu … Les militaires sont contents … Color parle de Dieu, peut-être pas le même que celui dont parle la CNBB … Gaby était sans cesse en train d’analyser les faits …

Elisabeth : On a l’impression en écoutant cette lettre, que ce que dit Gaby en 1989 c’est ce qui se passe maintenant … 30 ans après.

Teresa : Les choses continuent …

Lucien : La date de cette lettre est la même que celle de l’interview à la télévision brésilienne …

Et nous prenons ensemble un repas des plus fraternels.

En fin d’après-midi, arrivée de Percival que nous retrouverons plus tard dans une équipe de la pastorale ouvrière.

Lulu

 

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Présentation

  • : Les amis de Gabriel MAIRE
  • : L'association "Les amis de Gabriel MAIRE" a été créée après l'assassinat de Gaby au Brésil le 23 décembre 1989. . A associação "les Amis de Gabriel Maire" foi criada depois da morte do Padre Gabriel em Brasil o 23 de dezembro de 1989.
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