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18 juin 2021 5 18 /06 /juin /2021 18:48

(…) L’évêque Dom Vicente Ferreira et le psychanalyste René Dentz ont rassemblé dans un livre d’excellentes études sur le pardon : « Horizontes de Perdão ». Sa singularité : Les exemples en ont été choisis dans différents pays avec leurs propres traditions et cultures. Nous avons voulu commenter cet ouvrage pour ses grandes qualités et parce qu’il touche un thème d’une forte actualité, abordée largement par le pape François dans son encyclique sociale : Fratelli Tutti, Tous frères (2020).


Ce livre veut penser le pardon à partir des souffrances concrètes et terribles subies par des victimes humaines innocentes ou par tout un peuple supplicié pendant des siècles.


Les auteurs examinent comment, au Brésil, la rupture criminelle des deux barrages, de Mariana le 5 novembre 2015 et de Brumadinho, le 25 janvier 2019 (tous deux dans l’Etat du Minas Gerais et tous deux appartenant à la compagnie minière Vale) ont tué respectivement 19 et 272 personnes enterrées sous des millions de mètres cubes de boues et de détritus.


Dom Vicente, lui-même de la région de Brumadinho, analyse l’ensemble de la conjoncture : l’hégémonie du capital, une machine à fabriquer des victimes dans le monde entier. La compagnie minière Vale représente la logique même du capitalisme qui préfère ses intérêts à la vie, acceptant le risque de tuer des centaines de personnes et de porter de profondes atteintes à la nature. Même étant consciente de ces dommages perpétrés, elle résiste à dédommager avec justice et équité les familles touchées par ces catastrophes.


Dom Vicente cherche à comprendre ce processus avec l’aide du sociologue portugais Boaventura de Sousa Santos, des textes de Sigmund Freud et du pape François. L’encyclique Fratelli tutti  témoigne du sacrifice de la victime innocente, du Crucifié, qui a rompu le cercle vicieux de la vengeance et du  ressentiment  en pardonnant à ses bourreaux. René Girard, un penseur français, un de ceux qui ont le mieux étudié la dynamique de la violence prenant son origine dans le désir mimétique excluant ( ?) (quelqu’un veut, pour lui seul, un objet, le refusant à tout autre)…mais la proposition du christianisme a montré que ce désir mimétique peut être transformé en incluant » : nous désirons ensemble et partageons le même objet. par le pardon inconditionnel.


Mais ce pardon comporte l’exigence de justice qui doit être pratiquée par ceux qui ont provoqué la catastrophe criminelle, en l’occurrence , les responsables de la compagnie VALE. Ce combat, l’évêque le mène avec détermination et douceur, avec  chants, poèmes et prières en lien avec la communauté des gens souffrant de cet anéantissement qu’il accompagne, infatigablement, avec une équipe dévouée. Citons, à nouveau, ce que dit l’encyclique Fratelli tutti. : « Il ne s’agit pas de proposer un pardon en renonçant à ses droits devant un puissant corrompu. (…) Celui qui subit une injustice doit défendre avec force ses droits et ceux de sa famille précisément parce qu’il doit préserver la dignité qui lui a été donnée, une dignité que Dieu aime. » (n.241). (…)


(NDLT : Nous nous en tiendrons au seul Brésil mais d’autres exemples nous sont proposés par la Corée du Sud, le Congo Brazzaville ,  la Colombie, l’Afrique du Sud avec Desmond Tutu : « C’est seulement à travers toi que je suis moi ». Tous se sentent reliés les uns aux autres. La stratégie était celle-ci : le tortionnaire avoue son crime  en toute sincérité, la victime écoute attentivement et expose sa souffrance. Alors, là, on restaure la justice réparatrice et qui restaure. Eventuellement une punition curative est acceptée, sauf pour les crimes les plus odieux de lèse-humanité, qui sont acheminés vers les tribunaux compétents. 


 (…) La partie déshumanisée de l’être humain peut, par le pardon et par la réconciliation, être rachetée et transformée. C’est ce que nous apprennent toutes ces initiatives.


Deux livres peuvent nous aider à mieux comprendre la dynamique de la violence et du pardon : « La mémoire, l’histoire, l’oubli » de Paul Ricoeur, (Paris, Seuil 2000) ainsi que « Les damnés de la terre », de Franz Fanon.


D’après Leonardo BOFF (IHU 27 mai 2021)

Traduction libre et abrégée par C & P Clemens


 

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3 avril 2020 5 03 /04 /avril /2020 19:58
Proclamation de Leonardo Boff en faveur de la démocratie

Le 31 mars 1964 notre démocratie a reçu un coup mortel. Une dictature s’est implantée, suite à un coup d’Etat civil-militaire. Pour se maintenir il a dû instaurer des organes de sécurité et de répression qui ont emprisonné, séquestré, torturé, fait disparaître et assassiné beaucoup de gens. Ces morts ne peuvent être oubliées car le sang de ces victimes crie et exige Justice. Ces personnes étaient sous la garde de l’Etat qui a le devoir de sauvegarder leur vie, indépendamment des raisons de leur emprisonnement.

 

En ce 31 mars nous ravivons leur mémoire et nous devons en priorité renforcer notre démocratie qui est menacée par un gouvernement d’extrême droite avec des pratiques autoritaires. Il semble que nous vivions une époque post-démocratique, car la Constitution et les lois sont très souvent violées.

 

Proclamation : Que chacun de nous, confiné dans son appartement ou sa maison, se manifeste de quelque façon que ce soit, en faveur de la démocratie, avec du tapage, des drapeaux, des cris pour la démocratie, de la musique  ou autres gestes afin de montrer notre indignation et notre vigilance.

 

Dans une situation de pandémie (coronavirus) nous sommes tous appelés à vivre la solidarité, le souci des uns envers les autres, la générosité de gestes humanitaires de services, spécialement face aux plus vulnérables.

 

Avec perplexité nous observons le mauvais exemple de l’actuel président qui se comporte en totale désobéissance par rapport à ce qui a été décrété par le Gouvernement lui-même, sortant du confinement, se mêlant au peuple et lui demandant de sortir dans les rues et de retourner au travail. Un tel geste peut propager le coronavirus d’une façon rapide et continue et provoquer un effondrement du système de santé.

 

En dépit de ces gestes irresponsables, nous vivrons et nous subsisterons, car la vie s’est toujours montrée résistante lors des calamités du passé, et elle a survécu. Encore une fois, la Terre-Mère aura de la compassion pour ses fils et ses filles affligés et nous sauvera. (Livre de la Sagesse 11, 26). Les chrétiens croient que Dieu « est l’amant passionné de la vie. » et ne permettra pas que cette crise humanitaire fauche d’innombrables vies.

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27 février 2020 4 27 /02 /février /2020 15:08

 

Precisamos construir pontes na vida e na política

 

Pour commencer ce Carême 2020, nous vous proposons ce texte de Leonardo Boff publié sur son blog le 30 janvier 2016. Petit clin d'oeil à ce que Gaby disait en partant au Brésil : "mon départ se veut d'abord comme un nouveau 'petit pont' entre nos deux continents..." 

Pour lire la version portugaise, cliquer sur le titre.

 

Leonardo Boff, théologien, philosophe, a été un des chefs de file de la Théologie de la Libération dans les années 70 et 80 au Brésil. En 1985 il a été sanctionné par le Vatican en raison des liens entre cette théologie et le marxisme. Cependant beaucoup pensent que le pape François s'est très certainement inspiré de ses écrits sur l'écologie (eux-mêmes fécondés par la "sagesse indigène") pour rédiger son encyclique "Laudato Si". Il nous offre , dans son blog, une sorte de "parabole".

 

 

Deux frères vivaient en bonne entente dans deux fermes voisines. Ils récoltaient des céréales en quantité suffisante, possédaient quelques têtes de bétail et des porcs bien soignés

Un jour, ils eurent une petite dispute. Les raisons en étaient sans grande importance : une génisse du plus jeune frère s'était échappée et avait mangé une bonne partie du maïs de l'aîné. Ils ont discuté haut et fort avec une certaine irritation. Apparemment la chose en resterait là.

Mais il n'en fut rien. A partir de ce moment-là ils ne se parlèrent plus. Ils évitaient de se rencontrer à l'épicerie du village ou sur le chemin. Ils faisaient comme s'ils ne se connaissaient pas.

 

Mais voici qu'un beau jour, un charpentier arriva dans la ferme de l'aîné, il cherchait du travail.

Le fermier l'examina de la tête aux pieds et, avec quelque hésitation lui dit :"Tu vois ce ruisseau là en bas ? C'est la séparation entre ma ferme et celle de mon frère. Prends tout ce bois qui est dans le grenier, et construis une clôture bien haute afin que je ne sois plus obligé de voir mon frère ni sa ferme. Ainsi, je serai en paix."

Le charpentier accepta, prit les outils et se mit à l'œuvre. Entre temps, le frère qui lui avait donné ce travail, s'en fut à la ville pour régler quelques affaires.

Quand il revint à la ferme, à la tombée de la nuit, il fut atterré par ce qu'il vit. Le charpentier n'avait fait  aucune clôture, mais un pont qui franchissait le ruisseau et reliait les deux fermes.

 

Voici qu'à ce moment, au milieu du pont, arrivait son frère cadet disant : "Frère, après tout ce qu'il y a eu entre nous, j'ai du mal à croire que tu aies fait construire ce pont uniquement pour que nous nous rencontrions. Tu as raison, il est temps d'en finir avec notre dispute. Viens dans mes bras, mon frère."

Et ils s'enlacèrent avec effusion et se réconcilièrent. Un frère rencontra l'autre frère.

 

Ils virent alors que le charpentier s'en était allé. Ils lui crièrent : Eh! Charpentier, ne t'en va pas, reste avec nous quelques jours…Tu nous a procuré tant de joie".

Mais lui répondit : Je ne peux pas, il y a d'autres ponts à construire ailleurs dans le monde. Beaucoup de gens ont encore à se réconcilier". Et il reprit son chemin, sereinement, jusqu'à ce qu'une courbe de la route le fasse disparaître.

 

Le monde et notre pays ont besoin de ponts et de charpentiers qui, avec générosité, minimisent les désaccord, et construisent des ponts afin que nous puissions vivre ensemble au delà des conflits et des différences, inhérents à la nature humaine inachevée. Nous avons toujours à apprendre et réapprendre à nous traiter avec humanité et fraternité.

C'est peut-être l'un des impératifs éthiques et humanitaires les plus urgents de l'histoire de notre temps.

Trad Claudette et Paul Clemens

Pont de Vitória à Vila Velha

Pont de Vitória à Vila Velha

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17 avril 2016 7 17 /04 /avril /2016 07:41

Nous sommes unis à nos amis brésiliens et les soutenons par la pensée ou la prière.

Ci-dessous un texte de Leonardo Boff, traduit en français par Claudette et Paul Clemens.

11.04.16 - Brasil

Dez lições da múltipla crise brasileira

Leonardo Boff

Adital

Toda crise acrisola, purifica e faz madurar. Que lições podemos tirar dela? Elenco algumas.

 

 

Primeira lição: o tipo de sociedade que temos não pode mais continuar assim com é. As manifestações de 2013 e as atuais mostraram claramente: não queremos mais uma democracia de baixíssima intensidade, uma sociedade profundamente desigual e uma política de negociatas. Nas manifestações os políticos também da oposição foram escorraçados. Igualmente movimentos sociais organizados. Queremos outro tipo de Brasil, diverso daquele que herdamos que seja democrático, includene, justo e sustentável.

 

Segunda lição: superar a vergonhosa desigualdade social impedindo que 5 mil famílias extensas controlem quase metade da riqueza nacional. Essa desigualdade se traduz em uma perversa concentração de terras, de capitais e de uma dominação iníqua do sistema financeiro, com bancos que extorquem o povo e o governo cobrando-lhe um superávit primário absurdo para pagar os juros da dívida pública. Enquanto não se taxarem as grandes fortunas e não submeterem os bancos a níveis razoáveis de lucro o Brasil será sempre desigual, injusto e pobre.

 

Terceira lição: prevalência do capital social sobre o capital individual. Quer dizer, o que faz o povo evoluir não é matar-lhe simplesmente a fome e fazê-lo um consumidor, mas fortalecer-lhe o capital social feito pela educação, pela saúde, pela cultura e pela busca do bem-viver, pré-condições de uma cidadania plena.

 

Quarta lição: cobrar uma democracia participativa, construída de baixo para cima com forte presença da sociedade organizada especialmente dos movimentos sociais que enriquecem a democracia representativa que, por causa de sua histórica corrupção, o povo sente que ela não mais o representa.

 

Quinta lição: a reinvenção do Estado nacional. Como foi montado historicamente, atendia as classes que detêm o ter, o poder, o saber e a comunicação dentro de uma política de conciliação entre as oligarquias, deixando sempre o povo de fora. Ele está aí mais para garantir privilégios do que para realizar o bem geral da nação. O Estado tem que ser a representação da soberania popular e todos os seus aparelhos devem estar a serviço do bem comum, com especial atenção aos vulneráveis (seu caráter ético) e sob o severo controle social com as devidas instituições para isso. Para tal se faz necessária uma reforma política, com nova constituição, fruto da representação nacional e não apenas partidária.

 

Sexta lição: o dever ético-político de pagar a dívida às vítimas feitas no processo da constituição de nossa nacionalidade e que nunca foi paga: para com os indígenas quase exterminados, para com os afrodescendentes (mais da metade da população brasileira) feitos escravos, carvão para o processo produtivo; os pobres em geral sempre esquecidos pelas políticas públicas e desprezados e humilhados pelas classes dominantes. Urge políticas compensatórias e proativas para criar-lhes oportunidades de se autopromoverem e se inserirem nos benefícios da sociedade moderna.

 

Setima lição: fim do presidencialismo de coalizão de partidos, feito à base de negócios e de tráfico de influência, de costas para o povo; é uma política de planalto desconectada da planície onde vive o povo. Com ou sem Dilma Rousseff à frente do governo, precisa-se, para sair da pluricrise atual, de uma nova concertação entre as forças existentes na nação. Não pode ser apenas entre os partidos que tenderiam a reproduzir a velha e desastrada política de conciliação ou de coalizão, mas uma concertação que acolha representantes da sociedade civil organizada, movimentos sociais de caráter nacional, representantes do empresariado, da intelectualidade, das artes, das mulheres, das igrejas e das religiões a fim de elaborar uma agenda mínima aceita por todos.

 

Oitava lição: O caráter claramente republicano da democracia que vai além da neoliberal e privatista. Em outras palavras, o bem comum (res publica) deve ganhar centralidade e em seguida o bem privado. Isso se concretiza por política sociais que atendam as demandas mais gerais da população a partir dos necessitados e deixados para trás. As políticas sociais não se restringem apenas a ser distributivas mas importa serem redistributivas (diminuir de quem tem de mais para repassar para quem tem de menos), em vista da redução da desigualdade social.

 

Nona lição: a dimensão geopolítica da crise brasileira. Não se pode pensar o Brasil apenas a partir do Brasil mas sempre dentro do contexto geopolítico global. Há grandes interesses dos USA, da China, da Rússia, da Arábia Saudita pela segunda maior jazida de petróleo do mundo, o pré-sal, e também como alinhar a sétima economia mundial dentro da linha geral definida pelos países centrais que controlam a macroeconomia neoliberal e capitalista. Não querem que no Atlântico Sul surja uma potência que siga um caminho próprio, especialmente articulada com os BRICS que fazem um contraponto ao sistema mundial imperante.

 

Décima lição: inclusão da natureza com seus bens e serviços e da Mãe Terra com seus direitos na constituição de um novo tipo de democracia sócio-cósmica, à altura consciência ecológica que reconhece todos os seres como sujeitos de direitos formando um grande todo: Terra-natureza-ser humano. É a base de um novo tipo de civilização, biocentrada, capaz de garantir o futuro da vida e de nossa civilização.

 

Fonte:blog do autor

Ao publicar em meio impresso, favor citar a fonte e enviar cópia para:

Caixa Postal 131 - CEP 60.001-970 - Fortaleza - Ceará -

Brasil

Brasil pela democracia

 

Dix leçons à retenir de la crise brésilienne à multiples facettes.

 

Adital du 11 avril 2016

De Leonardo Boff, philosophe brésilien

Toute crise transforme, purifie et fait mûrir. Quelles leçons pouvons-nous retirer de celle-ci ? En voici quelques unes.

Première leçon: Notre modèle de société ne peut plus continuer tel qu'il est maintenant. Les manifestations de 2013 et celles d'aujourd'hui ont montré clairement ceci : nous ne voulons plus d'une démocratie au rabais, d'une société profondément inégalitaire et d'une politique de marchandages. Dans les manifestations, les politiques, même ceux de l'opposition, ont été chassés. Et aussi les mouvements sociaux organisés. Nous voulons un autre type de Brésil, différent de celui dont nous avons hérité, qui soit démocratique, solidaire, juste et où tous aient de quoi vivre.

Deuxième leçon: Surmonter la scandaleuse inégalité sociale en s'opposant à ce que 5 000 clans familiaux contrôlent presque la moitié de la richesse nationale. Cette inégalité se traduit par une concentration perverse de terres, de capitaux et par une domination inique du système financier, avec des banques qui dépouillent le peuple et le gouvernement qui lui prélève un superavit primaire absurde pour payer les droits de la dette publique. Tant que les grandes fortunes ne seront pas imposées et que les banques ne seront pas soumises à des niveaux de gains raisonnables le Brésil sera toujours inégalitaire, injuste et pauvre.

Troisième leçon: Priorité du capital social sur le capital individuel. Ce qui veut dire: ce qui fait évoluer le peuple, ce n'est pas simplement juguler sa faim et lui permettre de consommer, mais c'est aussi renforcer le capital social destiné à l'éducation, la santé, la culture et la recherche du "bien-vivre", conditions premières d'une citoyenneté à part entière.

Quatrième leçon: Établir une démocratie participative, construite de bas en haut avec une forte présence de la société organisée et tout spécialement des mouvements sociaux qui enrichissent la démocratie représentative par laquelle, à cause de sa corruption historique, le peuple ne se sent plus représenté.

Cinquième leçon: la ré-invention de l’État national. Tel qu'il a été construit dans l'histoire, il s'occupait des classes qui détiennent l'argent,le pouvoir, le savoir et la communication à usage interne au sein des oligarchies en laissant toujours le peuple sur la touche, Il est présent, mais davantage pour garantir des privilèges que pour le bien général de la nation. L’État doit représenter la souveraineté du peuple et tous ses appareils doivent être au service du bien commun, avec une attention toute spéciale aux plus vulnérables (son caractère éthique) et sous le strict contrôle social avec les institutions créées pour cela. Nous avons donc besoin d'une réforme politique, avec une nouvelle constitution, fruit de la représentation nationale et non pas seulement des partis politiques.

Sixième leçon: la dette éthico-politique à payer à ceux qui ont été des victimes lorsque notre nation s'est constituée et qui n'a jamais été payée : envers les Indiens presque tous exterminés (plus de la moitié de la population brésilienne), les descendants d'Africains, amenés ici en esclaves, comme combustible pour la production  ; envers les pauvres en général, toujours oubliés des politiques publiques, méprisés et humiliés par les classes dominantes. Il est urgent d'installer des actions politiques de compensation (...) pour leur donner des opportunités  et leur permettre de profiter des avantages de la société moderne.

Septième leçon: fin du présidentialisme de coalition des partis, fait sur la base de marchandages et de trafic d'influence en tournant le dos aux pauvres ; c'est une politique de gens haut placés, déconnectée de la terre où vit le petit peuple. Avec ou sans Dilma à la tête du gouvernement on a besoin, pour sortir de la crise plurielle, d'une nouvelle concertation entre les forces présentes dans la nation. On ne peut pas s'en tenir aux partis qui tendraient à reproduire la vieille et désastreuse politique d'arrangements ou de coalition, mais une concertation qui accueille des représentants de la société civile organisée, des mouvements sociaux de caractère national, des représentants des entreprises, des intellectuels, des arts, des femmes, des Églises et des religions afin d'élaborer un programme minimum accepté par tous.

Huitième leçon: le caractère clairement républicain de la démocratie qui va au delà de la démocratie néolibérale (...). Autrement dit, le bien commun (res publica) doit devenir prioritaire et passer devant le bien particulier. Ceci se concrétise par des politiques sociales qui tiennent compte des demandes plus générales de la population à partir des nécessiteux et de ceux qui sont laissés pour compte. Les politiques sociales ne se réduisent pas à des distributions mais il importe qu'elles soient redistributives (enlever à celui qui a plus pour repasser à celui qui a moins), en vue d'une réduction des inégalités sociales.

Neuvième leçon: la dimension géopolitique de la crise brésilienne. On ne peut pas penser le Brésil en s'en tenant au seul Brésil,  mais toujours dans un contexte géopolitique global. Il y a de grands intérêts de la part des USA, de la Chine, de la Russie, d’Arabie Saoudite qui convoitent le deuxième gisement de pétrole du monde,(...) ; et par ailleurs, comment intégrer la septième économie mondiale au sein d'un périmètre défini par les pays clés qui contrôlent la macro économie néolibérale et capitaliste. Ils ne veulent pas que dans l'Atlantique sud émerge une puissance qui suive son propre chemin, spécialement si elle fait partie des BRICS qui vont à contre courant du système mondial dominant.

Dixième leçon: Intégration de la nature avec ses ressources et ses services et ceux de la Terre-Mère avec ses droits en constituant un nouveau type de démocratie socio-cosmique, à la hauteur d'une conscience écologique qui reconnaisse tous les êtres comme étant des sujets de droits formant un grand tout : Terre-nature-être humain. C'est la base d'un nouveau type de civilisation, centrée sur le vivant, capable de garantir l'avenir de la vie et de notre civilisation.

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