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30 décembre 2010 4 30 /12 /décembre /2010 18:21

"Bonjour Gabriel. Comment est le ciel ?

Gabriel, pardonne-nous de ne pas avoir parlé français avec toi.

Merci d'être resté avec nous pendant neuf ans

Mais maintenant tu es au ciel. Profites-en !

Dis à Dieu que la situation ici est bien difficile

Discute avec Lui, parle clairement

Dis-Lui que nous ne voulons pas de vengeance

Dis-Lui que nous ne voulons pas de revanche

Mais parle clairement.

Dis-Lui, à Lui qui nous a créés

Qui nous anime et nous donne la force

Que nous ne voulons pas que tu reviennes

Mais nous ne renonçons pas à notre rêve commun : LA JUSTICE !

Et si, même là-haut dans le ciel

La chose n'est pas très claire

Fais comme tu as fait ici.

Lutte ! Crie ! Sois un ange rebelle

Mais continue à réaliser ce que Dieu nous a enseigné, L'Amour !

Ciao Gabriel, réserve-nous un petit morceau du ciel".

 

Poème de Graça Andreatta, écrit en 1989 pour le martyre de Gaby

et lu le 19 décembre 2010 à la messe à Arbois

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 12:15

A l'aéroport, l'adieu du peuple. Jeudi 28/12. Très tôt, il y avait déjà des cars et de nombreuses voitures. Je ne sais pas d'où surgissaient tant de calicots. Un jeune demanda une musique et l'offrit en ultime hommage au Père Gabriel. De la paroisse Sao Francisco de Assis, deux gerbes de fleurs accompagnaient le cercueil. Tout le peuple le suivait. Déjà brûlait en chacun de nous cette douleur de la séparation. Chaque pas effectué vers l'aéroport augmentait le vide. Moment indescriptible !  Arrivés là, Dom Silvestre et Dom Geraldo ont fait une dernière prière en guise d'au revoir. Dom Silvestre, très ému, n'avait plus de voix. Devant tant de tristesse et de chagrin, on avait une envie folle de changer le cours de cette histoire. Nous voulions nous réveiller, mais aussi oublier ce cauchemar. D'ici peu, le corps de Père Gabriel ne serait plus parmi nous. Beaucoup d'entre nous aurions voulu crier, pleurer, mais peu eurent le courage d'articuler quelques mots. Déjà l'ambiance était au désespoir, mais quelques uns, plus forts, rassuraient les autres. Nous étions tous inconsolables. Et nous nous demandions : « Jusqu'à quand cela va-t-il continuer ? Nous voulons la justice ! Nous ne pouvons pas rester ainsi avec tant d'impunité ! Combien tu vas nous manquer,' Gabriel ! »

Les gens ont attendu jusqu'au décollage de l'avion. A la terrasse de l'aéroport se vivait une véritable agonie collective. Nous nous embrassions, nous disions des prières.

Immédiatement après le départ de Gaby, tous allèrent au Palais du Gouverneur pour remettre la pétition avec les 25 000 signatures et demandait avec fermeté l'intervention de la Police Fédérale dans le procès. L'attente fut très longue...

A Rio, il y eut également une messe dans la petite chapelle de l'aéroport. La messe du 7ème jour fut célébrée à l'Eglise du Bon Pasteur. Une grande participation des laies. Dom Geraldo parla fortement : « Père Gabriel, cette terre est maintenant arrosée de ton sang, versé par des mains assassines. Au nom du peuple, au nom de l'Eglise, au nom du Christ, nous demandons justice. Nous ne voulons pas de haine... Nous voulons justice pour arriver à la paix. Au nom de Dieu, nous crions : Assez de violence ! Arrêtez la violence dans notre municipe de Cariacica. Assez de morts dans cet Etat de l'Esprit Saint. Fraternité, oui !  Violence, non !  Ils se trompent ceux qui pensent avoir réduit au silence la voix de l'Eglise. Engagée avec l'Evangile, 1'Eglise continuera ferme dans 1'exercice de sa mission prophétique, prenant appui sur la parole du seigneur / Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l'âme. »

Comme nous l'affirmions également dans notre communiqué officiel "l'action pastorale du Père Gabriel fut toujours marquée par une prédilection toute spéciale pour les plus pauvres et les victimes de 1'injustice, en accord avec les enseignements de l'Evangile et les choix et les directives pastorales de l'Eglise de Vitoria."

Pressentant que son engagement de vie, son combat pour la justice et sa position à côté des pauvres pourrait lui coûter la vie, le Père Gabriel a proclamé d'une voix prophétique : "Je préfère une mort qui conduit à la vie, à une vie qui conduit à la mort."

"Père Gabriel, l'Eglise de Vitoria te remercie pour ton témoignage, ton ministère, ton dévouement, ta vie. Dans la Pastorale Ouvrière, la JOC, le bulletin "Ferramenta", les mass-médias, la Pastorale de la Périphérie, les Groupes de Femmes, les cours à l'Institut de Philosophie et de Théologie, les Paroisse du Bon Pasteur et de Saint-François d'Assise, la Coordination de la zone pastorale de Cariacica-Viana, le Conseil Pastoral de 1'Archidiocèse de Vitoria… tu as donné le témoignage de l'amour de l'Eglise, l'engagement missionnaire, le zèle infatigable et la disponibilité à servir.

Père Gabriel, merci à ta famille, à ton diocèse de St-Claude, à ta patrie - Que le sang du Père Gabriel et le sang de tous ceux qui donnèrent leur vie pour cause du règne de Dieu, mêlé maintenant au sang rédempteur du Christ, féconde cette terre de notre vie et fasse germer la justice et la paix!"

Après tout cela, le nombre des réunions augmenta. L'Equipe pastorale et les agents pastoraux de Porto de Santana discutaient pour savoir comment continuer 1'action.

 

Darcio MOQUEM EV27

 

Cette vidéo montre :

- le départ du corps de Gaby à l'aéroport le 28 décembre 1989

- le 1er anniversaire de sa mort à Vitoria avec son frère le père Joseph MAIRE.

 

                               

 

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30 septembre 2010 4 30 /09 /septembre /2010 13:20

Il est venu de loin,

Apportant l'amour, l'espoir en demain

Il a dit : Mon frère, toi qui es à genoux,

Tu dois vivre debout.

 

Tu ne possèdes rien,

Tes enfants mendient un morceau de pain

Leurs corps crient famine et leur âme est meurtrie,

On étouffe leur cri.

  

Tu travailles tout le jour

Amaigri, blessé, sans autre secours

Que le bras du frère qui soulage le fardeau

Qui fait courber le dos.

 

Il faut que tu oublies

Ta résignation, ta faim, ton ennui.

Tu dois lutter mon frère, ne plus craindre les coups

Que t'assènent les loups.

 

A la tombée du jour,

Tu courras les rues parlant de l'amour

Que nous portait ce frère, celui qui, sous le joug,

Donna sa vie pour nous.

 

Dans mon pays lointain

Il y a aussi des hommes qui luttent pour demain,

Ils sont tes frères, de combat et d'amour,

Ils sont présents toujours.

 

Quand je serai parti

Lorsqu'un coup de feu m'ôtera la vie

Si l'on me fait taire afin que tous m'oublient

Fais que naisse un grand bruit.

 

Que les voix s'élevant,

Déchaînent la colère qui gêne les puissants.

Des cris naît le souffle qui balaie l'oppression,

Le délit d'opinion.

 

Mon sang coulera,

Sera la semence qui fécondera

Ta terre, mon frère, ma seconde patrie,

Adieu Brésil, mon ami...

 

  Printemps 1990

 

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 14:41

II y a cinq ans, les séminaristes avaient demandé à Gabriel de venir vivre au milieu d'eux au grand séminaire de Vitoria. Presque tous issus des communautés ecclésiales de base, ils voulaient rester fidèles au monde populaire qui les avait fait grandir comme hommes et comme chrétiens. Gabriel fut, pour eux, prêtre accompagnateur, habitant avec eux durant un an, sans jamais cesser d'accompagner les communautés dont il avait la charge.

Depuis trois ans, il était chargé du cours de pastorale au grand séminaire de Vitoria. Tous les séminaristes ont un engagement pastoral hors séminaire. Le cours de pastorale a pour fonction de les aider à revoir ce qu'ils font, d'en améliorer la pratique et de la fonder théologiquement. Il donne de la matière première aux études théologiques en lui posant les questions que la vie du peuple de Dieu pose et il rend opérationnelles les études théoriques.

L'Eglise locale, déjà si riche en laïcs engagés dans une évangélisation libératrice, voit maintenant surgir des ministres ordonnés et des consacrés en communion profonde avec les grands choix de Vatican II, Medellin et Puebla. Le diocèse de Vitoria do Espirito Santo a eu une extraordinaire fécondité parce qu’il y a eu continuité depuis le retour du concile de ses évêques Dom Joao et Dom Luis.

Gabriel est arrivé dans un mouvement pastoral puissamment enraciné depuis déjà une quinzaine d’années  et il était normal qu’après le temps où de nombreux laïcs ont découvert et vécu le message «l'Eglise, c'est nous», quelques-uns parmi eux se posent la question de la vocation sacerdotale ou religieuse et qu'ils cherchent un chemin de formation adapté à leur origine populaire et à leur futur ministère dans des communautés de base du monde populaire.

Dans cette étape de l'histoire du diocèse de Vitoria, Gabriel a pris aussi normalement sa place. Il est facile de penser que le développement d'un jeune clergé bien du pays issu du monde populaire, très en lien avec lui, fortement enraciné dans une pastorale latino-américaine libératrice dérange davantage les classes installées. Elles étaient plus à l'aise jusqu'alors avec un clergé à leur dévotion ou des religieuses pansant les plaies laissées par la société.

Aimant profondément l'Eglise, il a donné du temps à la formation des personnes qui aiment l'Evangile. Il a aussi souffert des lenteurs de cette Eglise, de ses hésitations et de ses marches  arrière. Il a souffert de l'énorme difficulté qu'a l'Eglise en Europe de comprendre vraiment ce qui se passe dans le peuple de Dieu en Amérique latine. Il a passé du temps, écrit de nombreuses lettres animées d'une fougue passionnée pour nous aider à mieux comprendre et à ne pas perdre l'espoir : une Eglise évangélique où les petits aient tout leur place, c'est possible !

Nous témoignons de cet espoir, nous qui avons eu la chance de faire partie de cette Eglise durant plusieurs années, dont quelques-unes avec Gabriel Maire à Vitoria.

Nous rédigeons ce témoignage à trois voix, le jour de la fête de saint Etienne, premier martyr. Nous relisons ensemble, avec l'émotion que vous devinez, la parole de Jésus : « Méfiez-vous des hommes, ils vous livreront aux tribunaux et vous flagelleront dans leurs synagogues. Vous serez détestés de tous à cause de mon nom. Mais celui qui aura persévéré jusqu'au bout, celui-là sera sauvé. »

 

Témoignages de Bernard COLOMBE, du diocèse de LYON, de Marcel CORTEY du diocèse d'AUTUN, de Jean FUGERAY  du diocèse de LANGRES

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 14:35

Dans ces communautés, Gabriel rencontrait tous les jours le monde ouvrier. Les dernières années ont été très difficiles : l'inflation était galopante, plus de 20 % par mois, le pouvoir d'achat ne cessait de diminuer (n'oublions pas qu'au Brésil, de 1986 à 1989, on a ôté six zéros à la monnaie). Arrivant à Vitoria, Gabriel a perçu très vite la situation catastrophique des ouvriers ; à cette époque, la pastorale ouvrière était en route depuis quelque temps déjà au niveau du diocèse et au niveau du pays. La « Commission nationale de pastorale ouvrière » s'organisait. Gabriel a pris part très vite à tous ces efforts.

II s'agissait d'aider les ouvriers des communautés ecclésiales de base à découvrir, analyser, réfléchir aux causes de leur misère. La communauté, lieu d'Eglise, se devait d'être l'espace d'une telle réflexion.

Au temps de la dictature militaire, on avait commencé, dans le diocèse, à faire paraître le journal Serramenta-(l'outil), qui avait surtout pour but d'informer les ouvriers sur les événements ouvriers du pays et de les conscientiser petit à petit. Gabriel avait le don du journalisme, il a repris ce petit journal, a trouvé des collaborateurs, veillait jalousement à son impression, ses dessins et à sa distribution. Ce petit mensuel devait être de qualité.

Gabriel faisait souvent l’éditorial ; c'étaient généralement des chefs-d'œuvre de clarté et de simplicité où il reprenait les événements les éclairant de la lumière évangélique. Il ravivait sans cesse la conscience des ouvriers des communautés pour qu'ils s'engagent, sortent de la résignation et comprennent qu'être chrétien c'est participer à cette longue gestation d'une classe ouvrière plus consciente, plus organisée, plus libre et plus juste. Et pour que tout cela passe mieux dans quelques-unes de ces communautés, c'était l'équipe de pastorale ouvrière qui assumait, une fois par mois, l'animation liturgique du dimanche.

Le deuxième samedi après Pâques, il y a, à Vitoria, le pèlerinage des hommes au sanctuaire de Nossa Senhora da Penha, situé selon les cas à quinze ou vingt kilomètres des communautés. Les hommes partent vers 20 h des communautés et se rassemblent au sanctuaire, situé sur la hauteur, vers minuit.

Comme coordinateur de son secteur, Gabriel a beaucoup fait pour que ce pèlerinage parle le langage des ouvriers, entre dans leurs préoccupations, les aide à sortir de la résignation et de l'inertie. Naturellement, il marchait avec les hommes de ces communautés toute la nuit et passait aussi beaucoup de temps à préparer, avec les confrères, la célébration pour que les ouvriers se sentent interpellés et chez eux. Ce pèlerinage ordinaire a pris, grâce à Gabriel, une couleur vraiment ouvrière.

Bien souvent, on se demandait où Gabriel puisait tant d'énergie, aussi bien sur le plan physique que spirituel car, lorsqu'il y avait des grèves ou des meetings publics pour la défense des ouvriers et de la démocratie, il était toujours présent malgré tout son travail et son agenda bourré de rendez-vous.

Gabriel lisait et se nourrissait de la parole de Dieu : c'est grâce à la révélation d'un Dieu qui n'a fait qu'un avec notre histoire que Gabriel avait la force de ne faire qu'un avec l'histoire du peuple qui lui a été confié.

Témoignages de Bernard COLOMBE, du diocèse de LYON, de Marcel CORTEY du diocèse d'AUTUN, de Jean FUGERAY  du diocèse de LANGRES

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 14:24

Le 8 octobre dernier, Gabriel Maire était installé comme curé de la paroisse Saint-François-d'Assise, le frère, le pauvre, le non-violent, sur la commune de Cariacica. Paroisse toute nouvelle créée comme un rassemblement de dix communautés ecclésiales de base. L'évêque, Mgr Sylvestre Scandian, venait de renouveler pour trois ans son mandat dans le diocèse. Gabriel était heureux de voir aboutir un long travail de formation de centaines de chrétiens, jeunes et adultes. Depuis neuf ans, il accompagnait cette population de 40 000 habitants, de gagne petit, soumis à de dures conditions de transport, de travail, de logement et de sécurité.

A l'autre bout de la même commune, il était au service d'une demi-douzaine de communautés de la paroisse du Bon Pasteur. Ce long cheminement quotidien de visites, de réunions, de célébrations, de joies et de souffrances individuelles et collectives, avait donne à Gabriel une énergie très forte pour défendre cette population contre tous ceux qui se moquaient d'elle. Il y avait des gens qui ne supportaient pas ce travail de libération, de mieux être collectif, d'espérance populaire que quelques droits fondamentaux seraient un jour respectés. C'était notamment le cas d'un petit groupe d'hommes qui s'étaient maintenus à la tête de la mairie pendant vingt ans, pour en tirer les meilleurs bénéfices et retarder le plus possible les installations de routes, égouts, écoles, postes de santé dont les gens avaient besoin.

Le 15 novembre 1988, un nouveau maire est élu sur un programme social qui va forcément léser les intérêts de ce groupe. Diverses manœuvres que Gabriel a racontées dans les Echos de Vitoria vont empêcher le maire élu, Vasco Aives, d'exercer son mandat. Les communautés se mobilisent alors dans toute la commune « pour la paix et la démocratie à Cariacica », selon le slogan adopté et affiché devant toutes les églises.

Avec deux autres prêtres, Gabriel reçoit alors des menaces de mort, en juin 1989. Protégé par la police pendant un ou deux jours, il préfère ne plus dormir chez lui pendant quinze jours. En décembre, les menaces reprennent, anonymes ou directes. L'évêques les a rendues publiques au cours de la célébration des funérailles de Gabriel, à la cathédrale de Vitoria, le dimanche 24 décembre. Devant des milliers de paroissiens et d'amis, cette annonce a coupé court à la version divulguée par les journaux d'un crime crapuleux... alors que rien n'a été volé, ni la voiture ni les documents ni l'argent.

Gabriel est mort d'une balle dans le cœur tirée à bout portant. L'enquête de la police fédérale devra chercher le tueur et ses motifs. Peut-être montrera-t-elle qui a donné l'ordre de tuer. Même si elle ne le faisait pas, les gens, eux, ont compris la logique de la vie du Padre Gabriel : ensemble, on peut faire quelque chose pour se rendre la vie moins dure ; ensemble on peut faire respecter quelques lois et pour cela il faut de la ténacité et du courage.

Les  gens  des  communautés  l'ont entendu réagir, prier, prêcher sur les événements qui abîmaient ou supprimaient la vie de tant d'êtres humains appauvris, opprimés par des « structures de péché » comme dit Jean-Paul II. Il voulait que cela change, il formait des responsables en grand nombre et dans une intense diversité de fonctions : baptêmes, Bible, trésorerie, associations, politique, rédaction de bulletins, histoire des communautés, chants, conseils, etc. Sa capacité d'animation et de coordination avait été reconnue : il était le coordinateur des communautés de Cariacica (200000 habitants) et célébrait souvent la messe télévisée locale.

Témoignages de Bernard COLOMBE, du diocèse de LYON, de Marcel CORTEY du diocèse d'AUTUN, de Jean FUGERAY  du diocèse de LANGRES

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 14:08

GABRIEL MAIRE : « MARQUÉ POUR MOURIR »

Agé de 53 ans, Gabriel Maire était, depuis neuf ans, prêtre d'une paroisse de Vitoria, la capitale de l'Etat d'Espirito Santo (jouxtant l'Etat de Rio). Au Brésil, mais aussi en France par l'intermédiaire d'une lettre intitulée « Echos de Vitoria », il ne cessait de lutter pour une Eglise engagée aux côtés des plus pauvres, dans la lutte pour la justice et la défense des droits de l'homme. Au Brésil, ces militants — qu'ils soient chrétiens ou non — sont généralement « marqués pour mourir » : c'est-à-dire que leur tête est mise à prix...

S'opposant depuis plusieurs années aux manœuvres de la famille Santini — qui règne sur Cariacica, la commune de Gabriel Maire, parla démagogie, la corruption et l'assassinat — Gaby était « marqué pour mourir ». La « sentence » a été exécutée le 23 décembre : après une réunion à l'église, quelqu'un lui a demandé de le conduire en voiture a quelques kilomètres de la ; on devait retrouver le cadavre de Gabriel Maire, tué d'une balle en plein cœur... Inutile de dire que « l'autostoppeur » avait disparu. Nous avons demand2 à trois prêtres français qui étaient ses amis, de dire qui était Gabriel Maire, quel était le sens de sa vie, quel est celui de sa mort.

1) Dans une Eglise qui grandit avec les pauvres

2) Dans une Eglise qui grandit avec le monde ouvrier

3) Dans une Eglise qui grandit avec ses séminaristes

Témoignages de Bernard COLOMBE, du diocèse de LYON, de Marcel CORTEY du diocèse d'AUTUN, de Jean FUGERAY  du diocèse de LANGRES

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 13:03

Mgr SCANDIAN EXIGE TOUTE LA VÉRITÉ

 

Mgr Sylvestre Luis Scandian, archevêque de Vitoria, au Brésil, est venu témoigner vendredi, à Paris, de ce que fut l'œuvre du P. Gabriel Maire, prêtre jurassien envoyé comme Fidei donum au Brésil en 1980, assassiné le 23 décembre (LA CROIX l'Événement du 27 décembre).

Aux journalistes invités à cette conférence de presse organisée par José de Broucker, directeur de L'Actualité religieuse dans le monde, Mgr Scandian a précisé que le P. Maire était coordinateur de la pastorale de Cariacica, une zone très pauvre qui compte sept paroisses regroupant 200 000 habitants. « II a fait ce travail en accord avec une Église dont la pastorale était dam la ligne de l'organisation du peuple qui lutte pour la justice et les droits de l'homme. »

 

C'est sans doute ce qui a coûté la vie à ce prêtre de 53 ans, très engagé dans un combat local opposant le maire de Cariacica, Vasco Alves Junior, à ce que le P. Gabriel Maire appelait les « forces conservatrices ». Ancien avocat de la Commission Justice et Paix de l'archidiocèse de Vitoria, V. A. Junior se vit retirer en 1988 son mandat. « Depuis plus de vingt ans, une famille régnait sur Cariacica par tous les moyens : corruption, assassinats de gêneurs, démagogie effrénée », écrit le prêtre dans une lettre à ses amis français datée du 10 septembre dernier. Quand le maire fut destitué pour « irrégularités », « tout le monde comprit aussitôt que c'était à peine un prétexte pour en finir avec une expérience qui allait contredire et contrecarrer les habitudes de corruption de la municipalité ».

 

Le P. Gabriel Maire, lui aussi, dut être perçu comme un « gêneur ». C'est ce que laisse entendre Mgr Scandian : « La vérité sur l'assassinat n'est pas pleinement faite. L'Église n'a pas accepté la version selon laquelle il s'agissait d'un crime de droit commun. Le Père Gabriel avait reçu en juillet des menaces de mort... Nous avons demandé que le gouverneur désigne un commissaire spécial pour faire la vérité sur le crime, et que l'enquête soit menée non par la police locale mais par la police fédérale. » L. C.

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 12:35

UN PRÊTRE FRANÇAIS ASSASSINÉ AU BRÉSIL

 

Un prêtre français qui travaillait depuis neuf ans au Brésil, l'abbé Gabriel Maire, 53 ans, a été assassiné par balles samedi soir dans un quartier pauvre et violent de Vitoria, capitale de l'Espirito Santo, État voisin de Rio de Janeiro.

Pour les responsables locaux des forces de l'ordre, « tout indique qu'il s'agit d'un crime crapuleux ». Cependant, le délégué français du Comité épiscopal France-Amérique latine (Cefal), le P. Salvador Martinon, ainsi que l'archevêque de Vitoria, Mgr Silvestre, ont affirmé que le P. Gabriel Maire « avait déjà reçu plusieurs menaces personnelles de mort » ainsi que d'autres prêtres de la région et que « tout indiquait que le crime avait été planifié et était politique ».

Selon le P. Salvador, le P. Gabriel du diocèse de Saint-Claude (Jura) s'occupait des communautés ecclésiales de base et des groupes ouvriers locaux depuis son arrivée au Brésil en 1980. II avait inauguré une paroisse le 8 octobre dernier dans le bidonville de Porto de Santana et venait de renouveler un contrat pour rester trois ans de plus au Brésil.

Il y a quelques jours, le P. Maire avait fait parvenir en France une lettre où il expliquait la situation sur place. « Depuis plus de vingt ans, une famille régnait sur Cariacica par tous les moyens, corruption, assassinat des gêneurs, y compris des maires élus, démagogie effrénée dispensant les grandes entreprises commerçantes de la commune de payer leurs impôts, achetant la justice, etc. », expliquait-il notamment.

Il racontait ensuite comment la résistance s'était organisée, notamment sous la direction de l'Église. « L'Église locale, écrivait-il, a été la principale force organisatrice du peuple utilisant un slogan : paix et démocratie à Cariacica, respectez le vote du peuple. En dix jours 15 000 signatures recueillies pour de mander aux conseillers municipaux de respecter la démocratie. Devant la plupart des églises surgirent de grandes banderoles avec le slogan cité ci-dessus. »

Des rassemblements de prière étaient organisés sur de nombreuses places de la commune, au pied de la banderole. Le 21 juillet avait eu lieu une grande manifestation de type pacifique et non violent. Considéré, semble-t-il, par le groupe corrompu comme le grand organisateur de cette opposition, le P. Maire affirmait : « Ces quatre mois furent d'une grande intensité, une expérience de plus de ce que sont le règne de l'argent, la soif absolue de pouvoir, le mépris total du peuple, la violence des puissants à l'état pur. »

Le responsable du Cefal a indiqué que 4 000 personnes de Porto de Santana ont accompagné, à pied sur six kilomètres, dimanche après-midi, le cercueil du prêtre assassiné jusqu'à la cathédrale de Vitoria où une messe a été célébrée en son honneur.

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Présentation

  • : Les amis de Gabriel MAIRE
  • : L'association "Les amis de Gabriel MAIRE" a été créée après l'assassinat de Gaby au Brésil le 23 décembre 1989. . A associação "les Amis de Gabriel Maire" foi criada depois da morte do Padre Gabriel em Brasil o 23 de dezembro de 1989.
  • Contact

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