A l'aéroport, l'adieu du peuple. Jeudi 28/12. Très tôt, il y avait déjà des cars et de nombreuses voitures. Je ne sais pas d'où surgissaient tant de calicots. Un jeune demanda une musique et l'offrit en ultime hommage au Père Gabriel. De la paroisse Sao Francisco de Assis, deux gerbes de fleurs accompagnaient le cercueil. Tout le peuple le suivait. Déjà brûlait en chacun de nous cette douleur de la séparation. Chaque pas effectué vers l'aéroport augmentait le vide. Moment indescriptible ! Arrivés là, Dom Silvestre et Dom Geraldo ont fait une dernière prière en guise d'au revoir. Dom Silvestre, très ému, n'avait plus de voix. Devant tant de tristesse et de chagrin, on avait une envie folle de changer le cours de cette histoire. Nous voulions nous réveiller, mais aussi oublier ce cauchemar. D'ici peu, le corps de Père Gabriel ne serait plus parmi nous. Beaucoup d'entre nous aurions voulu crier, pleurer, mais peu eurent le courage d'articuler quelques mots. Déjà l'ambiance était au désespoir, mais quelques uns, plus forts, rassuraient les autres. Nous étions tous inconsolables. Et nous nous demandions : « Jusqu'à quand cela va-t-il continuer ? Nous voulons la justice ! Nous ne pouvons pas rester ainsi avec tant d'impunité ! Combien tu vas nous manquer,' Gabriel ! »
Les gens ont attendu jusqu'au décollage de l'avion. A la terrasse de l'aéroport se vivait une véritable agonie collective. Nous nous embrassions, nous disions des prières.
Immédiatement après le départ de Gaby, tous allèrent au Palais du Gouverneur pour remettre la pétition avec les 25 000 signatures et demandait avec fermeté l'intervention de la Police Fédérale dans le procès. L'attente fut très longue...
A Rio, il y eut également une messe dans la petite chapelle de l'aéroport. La messe du 7ème jour fut célébrée à l'Eglise du Bon Pasteur. Une grande participation des laies. Dom Geraldo parla fortement : « Père Gabriel, cette terre est maintenant arrosée de ton sang, versé par des mains assassines. Au nom du peuple, au nom de l'Eglise, au nom du Christ, nous demandons justice. Nous ne voulons pas de haine... Nous voulons justice pour arriver à la paix. Au nom de Dieu, nous crions : Assez de violence ! Arrêtez la violence dans notre municipe de Cariacica. Assez de morts dans cet Etat de l'Esprit Saint. Fraternité, oui ! Violence, non ! Ils se trompent ceux qui pensent avoir réduit au silence la voix de l'Eglise. Engagée avec l'Evangile, 1'Eglise continuera ferme dans 1'exercice de sa mission prophétique, prenant appui sur la parole du seigneur / Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l'âme. »
Comme nous l'affirmions également dans notre communiqué officiel "l'action pastorale du Père Gabriel fut toujours marquée par une prédilection toute spéciale pour les plus pauvres et les victimes de 1'injustice, en accord avec les enseignements de l'Evangile et les choix et les directives pastorales de l'Eglise de Vitoria."
Pressentant que son engagement de vie, son combat pour la justice et sa position à côté des pauvres pourrait lui coûter la vie, le Père Gabriel a proclamé d'une voix prophétique : "Je préfère une mort qui conduit à la vie, à une vie qui conduit à la mort."
"Père Gabriel, l'Eglise de Vitoria te remercie pour ton témoignage, ton ministère, ton dévouement, ta vie. Dans la Pastorale Ouvrière, la JOC, le bulletin "Ferramenta", les mass-médias, la Pastorale de la Périphérie, les Groupes de Femmes, les cours à l'Institut de Philosophie et de Théologie, les Paroisse du Bon Pasteur et de Saint-François d'Assise, la Coordination de la zone pastorale de Cariacica-Viana, le Conseil Pastoral de 1'Archidiocèse de Vitoria… tu as donné le témoignage de l'amour de l'Eglise, l'engagement missionnaire, le zèle infatigable et la disponibilité à servir.
Père Gabriel, merci à ta famille, à ton diocèse de St-Claude, à ta patrie - Que le sang du Père Gabriel et le sang de tous ceux qui donnèrent leur vie pour cause du règne de Dieu, mêlé maintenant au sang rédempteur du Christ, féconde cette terre de notre vie et fasse germer la justice et la paix!"
Après tout cela, le nombre des réunions augmenta. L'Equipe pastorale et les agents pastoraux de Porto de Santana discutaient pour savoir comment continuer 1'action.
Darcio MOQUEM EV27
Cette vidéo montre :
- le départ du corps de Gaby à l'aéroport le 28 décembre 1989
- le 1er anniversaire de sa mort à Vitoria avec son frère le père Joseph MAIRE.