!!! Ne tenez pas compte des liens qui apparaissent sur les mots rencontre et rencontrer !!!!!!
!!! Ne tenez pas compte des liens qui apparaissent sur les mots rencontre et rencontrer !!!!!!
Article de Jean Baptiste Herkenhoff dans une revue juridique, parue le 24 décembre 2009
Le premier sens du mot "prophète", dans le langage quotidien, est celui d'une personne capable de prévoir l'avenir.
Dans les textes bibliques on parle de leur capacité à anticiper ce qui doit venir comme étant un don spécial attribué aux prophètes. Mais cette vision du futur ne provenait pas d'un pouvoir magique. Elle était le fruit de leur sagesse. En dénonçant les vices et l'inconduite les prophètes prévoyaient le résultat de ces plaies. Les prophètes faisaient irruption au sein du peuple, en tant que porte-voix de Dieu.
Si nous nous référons à l'étymologie, le mot "prophète" (de l'hébreu nabi) veut dire celui qui annonce : le prophète annonce.
Au cours de l'histoire, on ne voit pas le prophète surgir du côté du pouvoir, de l'ordre établi, de l'institution, du système. Il surgit du côté de la poésie, du rêve, de la mystique, comme l'a observé Peter F. Ellis.
Dans toute la tradition de l'Ancien Testament, le prophète est celui qui a contesté l'ordre établi, fondé sur l'oppression, et a plaidé pour un autre ordre qui renverserait les valeurs dominantes.
Le peuple s'identifiait au prophète et reconnaissait en lui l'idéal qui animait le fonds même de son être.
Comme le souligne Carlos Mesters, le prophète Amos, un laboureur, vivait dans une époque de progrès économique sous l'impulsion du roi Jéroboam, mais c'était un progrès établi sur l'égoïsme de clans. Ceci provoquait une division en classes, division contre laquelle Amos s'est élevé.
Dans le monde d'aujourd'hui, la prophétie est-elle morte ?
En aucune façon.
Dans cet article je veux adresser un hommage à deux prophètes qui ont annoncé la Justice sur les terres de l'Espirito Santo : Dom João Baptista da Mota e Albuquerque et le Père Gabriel Maire.
Voici quelques dates qui s'entremêlent pour mettre en évidence ces deux vies :
Dom João Baptista est né en 1909. Padre Gabriel en 1936.
En 1957 Dom João Baptista est arrivé comme Evêque dans ce diocèse dont il est devenu Archevêque en 1958.
En 1980 le Père Gabriel Maire, arrive au Brésil, venant de France comme missionnaire. Il est reçu à bras ouvert par Dom João Baptista à Vitòria .
En 1984, Dom João Baptista meurt. On célèbre ses obsèques à la Cathédrale. Padre Gabriel figurait parmi les concélébrants.
En 1989 c'est le Père Gabriel qui meurt, victime d'un crime qui, jusqu'à aujourd'hui, n'a pas encore été dûment éclairci.
En 2009 une double célébration réunit, côte à côte, les deux prophètes : on célèbre le centenaire de la naissance de Dom João Baptista da Mota e Albuquerque, on remémore les vingt années du martyre du Père Gabriel Maire.
Comment peut-on déceler le don de la prophétie chez Dom João et chez le Père Gabriel ?
C'était au mois de février 1979. Une grande crue du Rio Doce s'est transformée en catastrophe publique, envahissant plusieurs villes du Minas Gerais et de l'Espirito Santo. Dans ce dernier Etat, la crue a atteint d'une façon dramatique la ville de Linhares. Des centaines de personnes ont perdu leur logement. Les secours publics se sont montrés inefficaces, justifiant le dicton de la sagesse populaire face à de telles situations : "Va te plaindre à l'évêque". Et c'est justement cela qu'a fait le peuple.
Sous la conduite de l'Eglise, les volontaires de l'Etat tout entier se sont alors dirigés vers Linhares afin de répondre à cette terrible et urgente situation.
Deux catégories de protagonistes se trouvèrent alors face à face, comme s'ils se trouvaient sur les deux rives du fleuve :
- d'un côté, les milliers de personnes modestes, qui avaient vu tout le fruit de leur travail emporté par les eaux : nourriture, leurs quelques meubles, vêtements, matelas, berceaux des enfants.
- De l'autre, des centaines de volontaires qui, motivés par la charité chrétienne étaient là pour porter secours et même pour pleurer avec les gens.
Dom João a prononcé alors, sur les rives du Rio Doce, une phrase qui avait la force d'un appel au courage et à l'union : "Seul le peuple sauvera le peuple."
Qui, sinon un prophète, peut prononcer une telle phrase ?
Dom João a participé au Concile Vatican II (1962 – 1965) A cette occasion, en lien avec d'autres évêques, il a perçu la nécessité de la conversion de l'Eglise pour qu'elle retrouve l'appel des premiers temps du christianisme.
Dom João, lui-même, s'est converti. Il a renoncé à ses origines familiales et a voulu vivre de la même façon que le peuple. Il a troqué sa belle résidence d'évêque, sur la place du Canto, contre un logement modeste, tout en haut de la montée de São Francisco. Là, les pauvres se sentaient autorisés à entrer. Il a renoncé à la voiture de luxe que les catholiques riches donnaient à l'évêque. Il lui a préféré une petite Fusca, qui a circulé dans tout le diocèse (avec pas mal de tôles froissées). Il a mis au rancart sa croix en or et s'est mis à utiliser une croix de bois. Tous ces gestes ont été vraiment des gestes prophétiques.
Le Père Gabriel Maire, dès le début de son ministère à Vitòria, a choisi la cause des pauvres.
Il a embrassé, corps et âme, la lutte du peuple pour la possession d'un petit morceau de terre dans un lieu appelé "Barbados" (aujourd'hui "quartier Padre Gabriel"). Dans cette lutte pour la terre destinée aux pauvres, il s'est heurté aux intérêts immobiliers d'entrepreneurs et de politiques. Ainsi a commencé l'histoire de sa mort.
La recherche d'une terre, dans toute l'histoire de la Bible, a été l'occasion de conflits, mettant face à face les intérêts des puissants et ceux des faibles. Les prophètes ont toujours porté la bannière des faibles.
Lors des affrontements de Barbados, le Père Gabriel Maire a fait une déposition auprès de la Commission Justice et Paix de l'Archidiocèse, rapportant qu'il était "marqué pour mourir".
Tout ceci a été porté à la connaissance du Pouvoir judiciaire, des autorités en général et de l'opinion publique. Personne ne peut alléguer qu'il ne savait pas.
La lutte du Père Gabriel a toujours été inspirée par la foi. Il n'a jamais prétendu à des charges publiques ni à des gratifications. Il n'a jamais rien demandé pour lui-même.
Dom João Baptista da Mota e Albuquerque et le Père Gabriel Maire sont deux prophètes de l'Espirito Santo.
A partir de novembre 2014, le blog devient bilingue. Les pages pour nos amis brésiliens sont visibles à partir du lien "Em portuguès" N'hésitez pas à vous inscrire ci-dessous pour être informé des mises à jour. Merci !
A partir de novembro de 2014 o blog se torna bílingue. As páginas para os nossos amigos brasileiros ficarão disponíveis com o "vínculo "Em português". Não hesitem em inscriverem-se para serem informados das notícias actualizadas.Obrigada !
« Prophète Gabriel, ta lutte n’a pas été vaine.
Le sang des martyrs est semence de nouveaux Chrétiens. »