Ce sera la fin des tyrans,
l’extermination des moqueurs,
et seront supprimés tous ceux qui s’empressent à mal faire,
Ceux qui font condamner quelqu’un par leur témoignage,
qui faussent les débats du tribunal
et sans raison font débouter l’innocent.
Cliché de Aristide et François, 2 prêtres français arrêtés, torturés et menacés d'expulsion. (cf www.pavablog.com/)
'La répression tombe violemment. Tortures physiques et morales sur les paysans arrêtés. Par ces procédés, on fait dire à l'un d'eux, au bout de huit jours, que la bagarre est le résultat des paroles du Père Aristide, lors d'une célébration du 8 août. Le 31 août, la Police fédérale arrête François et Aristide."
"A repressão cai violentamente. Torturas físicas e morais contra os camponeses presos. Por estes métodos, um deles foi persuadido a dizer, após oito dias, que o confronto é o resultado das palavras do Padre Aristide, durante uma celebração ocorrida no dia 8 de agosto. Em 31 de agosto, a Polícia Federal detém Francisco e Aristide."
Leia a carta integra em português abaixo.
Un Clic ici pour toute information sur les publications : "Chemins d'Avent avec Gaby"
Echos de Vitόria
N° 6 - 20 novembre 1981
De « Andorinhas » à Nostradamus
Beaucoup de ceux qui m'écrivent insistent pour que je continue à donner les réactions des lecteurs des Échos de Vitόria. Je pourrais résumer ainsi celles qui sont arrivées depuis septembre :
- les É.V n° 5 ont « impressionné », spécialement les événements survenus à Andorinhas et la lutte des récupérateurs d'ordures ;
- la situation française observée avec plus de recul ;
- l'avenir du monde vu en couleurs sombres.
Impressionnée, jusqu'à en être complexée, cette correspondante : « Je me sens coupable de vivre en France, coupable d'avoir plus que le superflu, coupable de manger à ma faim tous les jours... ». D'autres personnes ont donné de l'argent « pour les habitants d'Andorinhas ». Occasion pour moi de rendre compte à ce niveau. J'ai remis un chèque de 20 000 cruzeiros (environ
Certains semblent penser : « Tu as de la chance : au Brésil il y a des tas de choses à faire ! Chez nous, il n'y a plus rien à faire ! Là-bas les gens savent s'unir et réagir ; chez nous, c'est tout pourri ! ». Si le résultat de mes lettres était de complexer et de décourager, elles seraient nuisibles. Je continue à penser que n'importe lequel d'entre vous a quelque chose à faire aussi pour changer la société. Quelqu'un m'écrit : « Tu as choisi la meilleure part ». Peut-être bien. Et peut-être aussi, en définitive, la plus facile et la plus voyante.
Quelques-uns expriment déjà impatience, voire découragement, parce que le gouvernement français n'a pas encore « tout changé ». Plus réalistes, d'autres soulignent que ce n'est pas encore demain que les Français parviendront à une conscience collective et bien solidaire. Alors que vous me dites : « Quelles merveilles au sein de ce peuple Brésilien ! C'est formidable ! » (ce qui est vrai, mais incomplet), j'entends ici certains me dire : « Quelle chance ont les Français ! Bonne conscientisation au plan politique, socialisme, etc... ». D'un côté comme de l'autre il faut relativiser. Pour ma part, j'essaie de vous décrire, le plus fidèlement possible, un peu de ce que je vois, entends, ressens, mais je dois sélectionner les faits parmi des centaines qui mériteraient d'être contés, je dois les donner en raccourci, et taire des choses intéressantes mais qui, sans explication orale complémentaire, prêteraient à de fausses interprétations.
La peur enfin. Peur du nucléaire et de la troisième guerre mondiale. Cette lettre :
La situation du monde devient de plus en plus inquiétante. Nostradamus et ses prophéties ont un succès fou, de même l'astrologie... qui développent une sorte d'indifférence et de fatalisme face à une éventuelle guerre mondiale... Où se trouve l'homme maintenant ? Reagan peut être content et faire ce qui lui plaît puisque, de toutes manières, la guerre tragique est déjà écrite. Quant aux Témoins de Jéhovah, ils sont contents car, d'après eux, ils ont enfin raison : nous approchons de l'apocalypse, et ils se font de plus en plus pressants, avec le même slogan : « Dépêchez-vous de vous convertir, la fin est pour bientôt ! ».
Eh bien ! ici on pense moins à ça. D'abord, la guerre sous forme de guerre mondiale comme en Europe, on ne connaît pas. Il y a d'autres raisons. Entre autres, la propagande permanente : « Nous sommes un grand pays, qui n'est jamais en guerre » (mais personne ne semble s'inquiéter de lire dans le journal d'hier qu'un envoyé de Reagan disait que le Brésil pourrait fabriquer la bombe atomique). Et puis, tans de gens ont tant de problèmes immédiats ! Enfin, regardez une carte : un habitant de Vitόria, par exemple, se trouve à
Si la « guerre » n'existe pas officiellement, la violence, elle, est bien présente... Quand un enfant sur dix meurt avant d'atteindre 1 an... Quand les attentats se multiplient, surtout dans les grandes villes, de la part des voleurs, mais tout autant de la police... Quand, dans notre ville de Cariacica (200 000 habitants), en moins d'un an, deux maires meurent de mort violente (le troisième maire depuis décembre
Quelques correspondants m’ont précisé :
Si tu ne peux pas répondre chaque fois, ne te préoccupes pas. Nous tenons à t'écrire, mais notre lettre est une réponse à É.V., que nous considérons comme une vraie lettre personnelle.
Merci à ceux qui ont écrit dans ce sens et à qui je n'ai pas répondu.
J'ai eu la joie d'accueillir quelques jours Patrick et Annie Valette qui, de Saint-Claude, sont partis, travailler à
Ceux qui le peuvent, proposez-vous pour aider davantage l'équipe de réflexion et de diffusion de ces Échos.
Aristide et François
Vous avez entendu parler d'eux ? Un peu ? Au Brésil, leur arrestation le 31 août, leur emprisonnement, les menaces d'expulsion, la promesse d'un jugement, sont les facettes d'un événement national, politique et religieux, de première importance.
Aristide Camio et François Gouriou, deux prêtres français, des Missions Etrangères de Paris, dans l'État du Para (un État du Nord du Brésil), commune de Conceição do Araguaia[1]. Région de conflits violents.
• Un peu d’histoire…
Dans la forêt vivait l'Indien traqué depuis des siècles. Pour l'agriculture courante, on a installé le paysan, venu du Nordeste, du Centre, de tous les coins déjà occupés du pays. On en a fait un « posseiro » (celui qui possède), occupant légitime en raison de la nécessité de vivre, mais aussi d'une reconnaissance institutionnelle. Le Régime stimula ces migrations, par exemple avec le tracé de routes comme la Transamazonienne. À Conceiçao de Araguaia, seulement 5 % des habitants sont originaires de l'État même, le Pará !
Mais États, organismes officiels, notaires..., tous s'unirent pour nier aux petits paysans la possession de la terre et donner celle-ci à de gros propriétaires (latifundia rios). Et les forces publiques, même le pouvoir judiciaire, font généralement alliance avec les tueurs à gage (pistoleiros) des gros propriétaires !
De 1977 à juillet 1981,
Qui écrit cela ? Le Conseil permanent de la CNBB (Conférence nationale des Evêques brésiliens). La CPT parle aussi de tortures, prisons arbitraires...
Tout cela pour servir le capitalisme agraire. Prêts, incitations fiscales, exonérations d'impôts, absence de contrôles, rien ne manque de la part du pouvoir pour servir des groupes industriels, banquiers, etc... sans vocation agricole ni tradition rurale, et sans scrupules. Les grandes sociétés, brésiliennes et multinationales, accourent donc, le capital international est heureux de l'aubaine, mais il a besoin que 1'ordre règne. Dans cet unique but fut créé un organisme officiel, le GETAT, directement lié à la Présidence de la République : force de choc pour « nettoyer le terrain », serviteur des grands projets multinationaux.
• Situation d’injustice + option préférentielle pour les pauvres = persécution.
Cette équation est quasi inévitable. Une Église qui, comme celle du Brésil, dit faire « l'option pour les pauvres » (je trouve d'ailleurs étrange, mais significatif, qu'une Église soit obligée de préciser ce qui découle si directement de l'Évangile !) n'a pas le choix devant de telles situations. Elle ne peut pas être, même un tout petit peu, avec le capitalisme, puisque c'est pour servir le capitalisme que l'on méprise et tue les petits. L'Église locale prend donc fait et cause avec les posseiros.
Le 13 août, treize paysans se trouvent face à deux voitures du GETAT et neuf hommes fortement armés. En situation de légitime défense, ils tirent. Un homme du GETAT « serait » tué, d'autres blessés. La répression tombe violemment. Tortures physiques et morales sur les paysans arrêtés. Par ces procédés, on fait dire à l'un d'eux, au bout de huit jours, que la bagarre est le résultat des paroles du Père Aristide, lors d'une célébration du 8 août. Le 31 août, la Police fédérale arrête François et Aristide.
En septembre, les quinze prisonniers (treize paysans, deux prêtres) sont conduits à Belém, capitale du Pará. Commence alors un gigantesque mouvement de solidarité : visites, veilles permanentes, messes, cultes œcuméniques, manifestations de masse, pétitions à travers tout le Brésil, etc. Le 25, devant l'immeuble de
• L’arrestation des deux prêtres parait préméditée
Le ministre de la Justice, Abi-Ackel, affirme que :
Un certain nombre d'étrangers abusent de la liberté qui règne dans le pays pour lancer un type de prédication qui n'a rien de religieux et tout de subversif. » Il ajoute que « le gouvernement ne peut permettre que, au nom d'intérêts inférieurs, se répandent dans le vaste territoire de la nation, invasions de propriétés légitimement acquises ou héritées... (A Gazeta – 26.10.1981).
Les « intérêts inférieurs », vous l'avez compris, c'est la vie de millions de paysans avec leurs familles. Quant aux propriétés « légitimement acquises »... bon ! Vous avez compris aussi !
C'est aussi le moment choisi par un des sénateurs les plus fameux du parti au pouvoir, M. Passarinho, pour lancer des attaques violentes contre l’Église, et pour tenter de montrer qu'il y a opposition entre le Pape et les évêques brésiliens. Naturellement, on n'oublie pas de dire que les prêtres souhaitent l'appui du Parti communiste du Brésil. (Dire que François et Aristide, menacés d'expulsion du Brésil, ont été expulsés du Laos il y a quelques années ! Décidément, les dictatures de tous poils n'aiment guère l’Évangile et préfèrent les curés à la sacristie !).
Quand Aristide et François sont conduits à Brasilia, on s'attend chaque jour à leur expulsion. Finalement, début novembre, le Président de
• Réactions
À Brasilia, les deux prêtres reçurent de nombreuses visites : leur évêque, les représentants des évêques brésiliens ; l'Ambassade de France s'est manifestée quasi quotidiennement. Quant au Nonce (ambassadeur du Pape au Brésil) il est allé les voir (quelqu'un nous écrit : « les interroger ? ») une fois.
Pour notre part, nous avons écrit à l'Ambassade de France. Comme représentant des prêtres Français au Brésil-Sud, Bernard Colombe a écrit au Nonce :
Le Pape est d'accord avec le Ministre Abi-Ackel quand il dit que le gouvernement ne peut tolérer qu'au nom d'intérêts inférieurs s'organisent des invasions de propriétés légitimes ? Qui, au Brésil, dira la vérité au nom du Pape ? Nous attendons de connaître vos déclarations sur ce sujet de la légitimité des grands domaines, quand la vie de milliers de tout-petits paysans est en jeu... Heureux ceux qui sont persécutés parce qu'ils font la volonté de Dieu ! »
On peut résumer ainsi la réponse du Nonce : « Le Pape a déjà parlé sur ces questions. Je n'ai rien à dire. » Alors on peut commenter : à quoi peut donc servir un Nonce ? Le moins qu'on puisse dire, c'est que celui du Brésil n'aide pas les évêques dans leur tâche ! Un espoir : il arrive au bout de son mandat l'an prochain. Le choix du successeur sera un test : l’Évangile vécu par l’Église du Brésil fait-il peur à Rome ? Autrement dit : de la diplomatie ou de l’Évangile, qu'est-ce qui paraît plus important au Vatican ? Les belles paroles de la dernière encyclique seront-elles concrétisées ?
Mon intention première n'était pas de parler aussi longuement de ce fait. Mais il est tellement caractéristique de la situation actuelle brésilienne que je ne pouvais pas en parler sans développer : problèmes de la terre et réalité du capitalisme international ; rapport Église-État ; rôle de l’Église dans la société ; tensions internes à l’Église… Faute d’intérêt de la presse étrangère. À bien des égards, ce fait peut susciter une réflexion de groupe. À vous d’en juger !
Dom Luis est muté…, Dom Silvestre est arrivé…
Encore un événement d’Église significatif de la réalité brésilienne. Un éditorialiste d'un journal local n'a pas hésité à écrire que ce changement d'évêque auxiliaire à Vitόria pouvait constituer « l'événement politique le plus important de l'année dans l’État de l'Esprit-Saint, surtout avant les élections de 1982 ». Dom Luis, ici depuis quinze ans, mais que beaucoup espéraient voir succéder à l'archevêque, malade et âgé de 72 ans, est considéré comme un des évêques de pointe au Brésil pour la création et le développement des Communautés ecclésiales de base. Il est maintenant à Campina Grande, dans l’État de Paraïba. Dom Silvestre arrive d'un des diocèses ruraux les plus pauvres du Brésil. Ce qui fut frappant lors de l'Assemblée générale du diocèse, fin octobre, c'est la délicatesse des gens : avec franchise et sans détours, par-devant Dom João (l'archevêque) et Dom Silvestre, ils disaient leur désaccord sur la manière mystérieuse de « muter Dom Luis », mais en même temps, ils ne manquaient aucune occasion d'exprimer à Dom Silvestre confiance et espoir, et surtout volonté de continuer fermement dans la direction imprimée par Dom Luis. Le dimanche 6 décembre, une immense célébration préparée par les deux cent soixante-quinze communautés de base de la banlieue de Vitόria doit redire cette même détermination.
« Quand la panthère est morte, tous veulent profiter de sa peau ! »
Après des mois et des mois de lutte, et malgré la mauvaise volonté, voire l'obstruction, de politiciens locaux, la commission des Habitants de Flexal 2 (un des quartiers les plus pauvres que j'accompagne) a obtenu une deuxième ligne de bus, indispensable. Ils ont préparé l'inauguration. Ils ont refusé que ce soit un officiel qui coupe le ruban : ce fut le chauffeur du bus. Ils ont tout organisé eux-mêmes, accordant seulement un droit de parole de cinq minutes à un représentant de la municipalité, un de l'entreprise des bus, un des services des transports de l’État. Ils avaient préparé une douzaine de banderoles. Quand le maire commença à parler, attribuant à la mairie tout le bénéfice de cette réalisation, ils levèrent cette banderole : « Quand la panthère est morte, tous veulent profiter de sa peau ! ». Un tract rappelait que tout ce qui existait à Flexal 2, y compris le tracé des rues, c'est à la commission des Habitants qu'on le devait, et non aux politiciens. Ce qui est parfaitement exact.
Les banderoles disaient aussi :
« Peuple qui lutte, qui s'organise, ne peut être exploité » ; « Peuple qui vit comme le Christ a vécu : il est mort en croix pour la libération. Nous non plus, peuple, nous n'avons pas peur de la croix, en luttant pour notre libération. » ; « Un quartier sans égouts, c'est un peuple plein de vers. Qu'allons-nous faire ? » ; « Des promesses, nous en sommes pleins ; nous voulons des résultats. »
Dans les communautés, c'est en Jésus qu'est mise l’Espérance. Je vous fais part de leur cri (un livret de préparation à Noël 1981) : « Chaque fois que les petits se sont unis pour lutter pour leurs droits, là est née l’espérance d'un monde nouveau, là est né Jésus. »
Je vous souhaite la même espérance active pour 1982.
Gaby
Un chant, fréquemment repris dans les réunions :
plein d'humour pour parler de la réalité
De l’autre côté, seulement qui fait sa promotion
De notre côté, seulement qui descend
De l’autre côté, seulement qui profite
De notre côté ; seulement qui supporte.
De l’autre côté, table pleine, à 1’heure du repas
De notre coté, un petit amuse-gueule de maïs, et haricot
De l’'autre côté, dessert, confiture de noix de coco et de fruits
De notre côté, pas même,
un cure-dents pour nettoyer tous les trous.
De l'autre côte, le doigt fait mal,
le docteur vient et soigne la main
De notre côté, le bras est cassé ; non, ce n'est rien, non.
De l’autre côté, pour une consultation
il suffit de montrer un gros billet
De notre côte, c'est seulement la file d’attente,
qui ressemble à une procession.
[1] Sur Conceição do Araguaia, voir le livre : Petites Sœurs de Jésus, En Amazonie, renaissance de la tribu indienne des Tapirapé, Karthala, collection Signes des temps (2011).
ECOS DE VITÓRIA Nº 6
20 de novembro de 1981
DE “ANDORINHAS” A NOSTRADAMUS
Muitos daqueles que me escrevem insistem que eu continue a dar as reações dos leitores dos “EV”. Eu poderia resumir assim aquelas que chegaram desde setembro:
- Os “EV” nº 5 me “impressionaram”, especialmente os acontecimentos ocorridos em Andorinhas e a luta dos catadores de lixo.
- A situação Francesa observada numa perspectiva de maior recuo.
- O futuro do mundo visto em cores sombrias.
De uma pessoa impressionada, chega a ser complexa esta correspondência: “Eu me sinto culpado de viver na França, culpado de ter mais que o supérfluo, culpado de comer minha cota diária todos os dias...”. Outras pessoas deram dinheiro para os “moradores de Andorinhas”. Oportunidade para eu relatar a este nível. Eu entreguei um cheque de 20.000 cruzeiros (cerca de 1000 F) à comissão pelo direito à moradia (um dos ramos da Comissão Justiça e Paz da diocese) que forma pessoas das comunidades confrontadas com esses problemas e defende, in loco, os moradores ameaçados. Eu já falei da construção de uma casa para descanso e reuniões de final de semana dos militantes da JOC e da PO: em nome de vocês repassei para eles o valor de mais de 6000 F para essa obra.
Alguns parecem pensar: “Você tem sorte. No Brasil há tanta coisa a fazer! Aqui não tem mais nada a fazer! Aí as pessoas sabem se unir e agir; no nosso país tudo está podre!”. Se o resultado da minha carta fosse de complexar e desencorajar acho que seria prejudicial. Eu continuo a pensar que dentre vocês há alguém que ainda pode fazer algo para mudar a sociedade. Alguém escreveu: “Você escolheu a melhor parte”. Talvez sim. E talvez também, em última análise, a mais fácil e mais visível.
Alguns já exprimem impaciência, ou desânimo, porque o governo francês não mudou em nada. Outros, mais realistas, apontam que ainda não é para amanhã que os franceses alcançarão uma consciência coletiva e fortemente solidária.
Então você me diz: “Que maravilhas dentro deste povo brasileiro! É formidável!”: (o que é verdade, mas incompleto); eu escuto aqui alguns dizerem: “Que sorte têm os franceses! Boa conscientização no nível político, socialismo, etc...”.
Tanto de um lado como do outro é relativo. De minha parte, eu tento descrever, o mais fielmente possível, um pouco o que eu vejo, ouço e sinto... Mas eu devo selecionar os fatos em meio às centenas que mereceriam ser contadas; eu tenho que lhes dar um atalho, e silenciar coisas interessantes, mas que, sem explicação oral complementar, poderiam se prestar a interpretações falsas.
O MEDO enfim. Medo da guerra nuclear e Terceira Guerra Mundial. Esta carta: ‘’A situação do mundo torna-se mais e mais inquietante. Nostradamus e suas profecias têm um sucesso louco, bem como a astrologia... que desenvolvem uma espécie de indiferença e de fatalismo em face de uma eventual guerra mundial... Onde se encontra o homem agora? Reagan[1] pode ficar contente e fazer o que lhe agrada uma vez que, de todas as maneiras, a guerra trágica já está escrita. Quanto às Testemunhas de Jeová, eles estão contentes porque, segundo o que apregoam, eles teriam razão: aproximamo-nos do apocalipse, e eles fazem cada vez mais pressão, repetindo sempre o mesmo slogan: “Apressem-se para a conversão, o fim está chegando!”.
Bem, aqui nós pensamos menos sobre isso. Primeiro, a guerra, na forma de guerras mundiais como na Europa, não conhecemos. Há outras razões. Entre outras coisas, a propaganda permanente de que “Somos um grande país, que nunca está em guerra” (mas ninguém parece se incomodar de ler no jornal de ontem em que um enviado de Reagan disse que o Brasil poderia fabricar a bomba atômica). E depois, são tantas pessoas e com tantos problemas imediatos! Enfim, olhem para um mapa: um morador de Vitória, por exemplo, está no mínimo 2.000 Km da fronteira mais próxima! Tudo que não é brasileiro é “estrangeiro”: A maioria das pessoas não parece ter o sentimento de ser “latinoamericano”. Não saberia dizer se o Chile, por exemplo, é mais distante ou menos distante que a Itália. Quanto à França, ela deve existir, uma vez que existem franceses; mas muitas pessoas parecem surpresas ao saber que só podemos chegar lá de navio ou de avião. Então, abordar problemas mundiais no meio do povo ou falar de “globalização” provavelmente não terá muito eco.
Se a “guerra” não existe oficialmente, a violência... Quando 01 criança a cada 10 morre antes de completar um ano... Quando os atentados aumentam, sobretudo nas grandes cidades, por parte dos ladrões, assim como da polícia... Quando na nossa cidade de Cariacica (200.000 habitantes), em menos de um ano, dois prefeitos morrem de morte violenta (o terceiro prefeito - de dezembro de 1980 pra cá - foi nomeado ontem)...!
Alguns correspondentes já me disseram: "se você não pode responder a cada vez, não se preocupe. Nós continuaremos a escrever para você, mas a nossa carta é uma resposta aos EV, que nós consideramos uma carta verdadeiramente pessoal” Obrigado àqueles que têm escrito nesse sentido e para quem eu não respondi.
Eu tive a alegria de acolher alguns dias Patrick e Annie Valette que, de Saint-Claude, partiram para trabalhar na Martinica. Eles aproveitaram da proximidade – “relativa” – de Vitória. Há mais visitas anunciadas para o próximo ano.
Aqueles que puderem, proponham-se a ajudar ainda mais a equipe de reflexão e de difusão destes “Ecos”.
ARISTIDE E FRANCISCO[2]
Vocês ouviram falar deles? Um pouco? No Brasil, sua detenção no dia 31 de agosto, sua prisão, as ameaças de expulsão, a promessa de um julgamento, são as facetas de um acontecimento nacional, político e religioso, de primeira importância.
Aristide CAMIO e Francisco GOURIOU, dois padres franceses, das Missões Estrangeiras de Paris, no Estado do Pará (um Estado ao norte do Brasil), cidade de Conceição do Araguaia. Região de CONFLITOS VIOLENTOS.
UM POUCO DA HISTÓRIA.
Na floresta, viviam os índios perseguidos por séculos. Para a agricultura atual foi instalado o camponês, vindo do Nordeste, do centro, de todos os cantos já ocupados do país. Fez-se assim o “posseiro”, ocupante legítimo em razão da necessidade de viver, mas também de um reconhecimento institucional. O Regime estimulou a imigração, por exemplo, com a abertura de estradas, como a Transamazônica. Em Conceição do Araguaia, somente 5 % dos habitantes são originários do próprio Estado, o Pará.
Mas os Estados, os organismos oficiais, cartórios... todos se uniram para negar aos pequenos agricultores a posse da terra e a dar aos grandes proprietários (latifundiários ). E as forças do governo, mesmo o poder judiciário, fazem em geral aliança com os assassinos (pistoleiros) dos grandes proprietários!
“De 1977 a junho de 81, a CPT (Comissão Pastoral da Terra) registrou 916 conflitos por questão de terra, envolvendo 251.891 famílias, com 1.972.989 pessoas! Ao mesmo tempo, assassinato de 45 trabalhadores rurais e de agentes de pastoral; dentre eles, três advogados. Deve-se notar que, embora se conheçam os nomes, datas, lugares desses assassinatos, NENHUM DELES FOI RECONHECIDO OFICIALMENTE PELO PODER”. Quem escreveu isto? O Conselho Permanente da CNBB (Conferência Nacional dos Bispos do Brasil). A CPT fala também de torturas, prisões arbitrárias...
TUDO ISSO PARA SERVIR AO CAPITALISMO AGRÁRIO. Empréstimos, incentivos fiscais, isenções fiscais, falta de controle,... nada falta da parte do poder para servir aos grupos industriais, banqueiros, etc., sem vocação agrícola nem tradição rural, e sem escrúpulos. As grandes sociedades, brasileiras e multinacionais, então se apressam; o capital internacional está satisfeito com o negócio. Mas é necessário que A ORDEM REINE. Neste único objetivo, foi criado um organismo oficial, o GETAT[3], diretamente ligado à Presidência da República: força de choque para “limpar o chão”, servo dos grandes projetos multinacionais.
SITUAÇÃO DE INJUSTIÇA + OPÇÃO PREFERENCIAL PELOS POBRES = PERSEGUIÇÃO. Esta equação é quase inevitável. Uma Igreja que, como a do Brasil, diz fazer “a opção pelos pobres” (acho um tanto estranho, mas significativo que uma Igreja seja obrigada a especificar o que se deriva tão diretamente do Evangelho!), não tem escolha diante de tais situações. Ela não pode estar, nem um pouco, com o capitalismo, uma vez que é para servir ao capitalismo que se desprezam e matam os pequenos. A Igreja local, portanto, assume a causa com os “posseiros”.
No dia 13 de agosto, treze agricultores se encontram em face de dois carros do GETAT e nove homens fortemente armados. Em uma situação de legítima defesa, eles atiram. Um homem do GETAT “estaria” morto; outros, feridos. A repressão cai violentamente. Torturas físicas e morais contra os camponeses presos. Por estes métodos, um deles foi persuadido a dizer, após oito dias, que o confronto é o resultado das palavras do Padre Aristide, durante uma celebração ocorrida no dia 8 de agosto. Em 31 de agosto, a Polícia Federal detém Francisco e Aristide.
Em setembro, os quinze prisioneiros (treze camponeses, dois padres) são conduzidos a Belém, capital do Pará. Começa então um gigantesco movimento de solidariedade: visitas, vigílias permanentes, missas, cultos ecumênicos, manifestação de massa, petições em todo o Brasil, etc. No dia 25, diante do prédio da Polícia Federal, missa concelebrada por muitos padres, 14 bispos e um representante da CNBB. Movimentos populares, Igrejas evangélicas, sindicatos, partidos de oposição, apoiam maciçamente a causa dos agricultores e dos dois padres.
A PRISÃO DOS DOIS PADRES PARECE PREMEDITADA
O Ministro da Justiça, Abi-Ackel[4], afirma que “um certo número de estrangeiros abusa da liberdade que prevalece no país para lançar uma espécie de pregação que não tem nada de religioso e tudo de subversivo”. Ele acrescenta que: “O governo não pode permitir que em nome de interesses inferiores, se espalhe em todo o vasto território da nação, invasões de propriedades legitimamente adquiridas ou herdadas...” (A Gazeta – 26/10/81). Os “interesses inferiores”, vocês entenderam, é a vida de milhões de agricultores e suas famílias. Quanto às propriedades “legitimamente adquiridas”... Bem! Você entendeu também!
Este também é o momento escolhido por um dos mais conhecidos senadores do partido no poder, Sr. Passarinho[5], para lançar ataques violentos contra a Igreja e para tentar mostrar que há oposição entre o Papa e os bispos brasileiros. Naturalmente, não se esqueceu de dizer que os padres querem o apoio do Partido Comunista do Brasil (Dizer que Francisco e Aristide ameaçados de expulsão do Brasil, foram expulsos do Laos há alguns anos! Certamente as ditaduras de todos os tipos não gostam do Evangelho e preferem os padres na sacristia!).
Quando Aristide e Francisco foram conduzidos a Brasília, esperava-se a cada dia, sua expulsão. Finalmente, no início de novembro, o Presidente da República, decide confiar o caso dos dois padres franceses à Justiça, o que foi saudado por todo mundo como um sinal de democracia. O julgamento poderá permitir que se fale a fundo sobre o problema, diante da opinião pública,... - o que não é o caso até agora.
REAÇÕES
Em Brasília, os dois padres receberam muitas visitas: seu bispo, os representantes dos bispos do Brasil; a Embaixada da França manifestou-se quase que diariamente. Quanto ao Núncio (Embaixador do Papa no Brasil[6]), este foi vê-los (alguém nos escreveu: “lhes interrogar?”) uma vez.
De nossa parte, nós escrevemos à Embaixada da França. Como representante dos Padres Franceses no sul do Brasil, Bernard Colombe escreveu ao Núncio: “O papa concorda com o Ministro Abi-Ackel quando ele diz que o governo não pode tolerar em nome de interesses inferiores que se organizem invasões de propriedades legitimas? Quem, no Brasil, dirá a verdade em nome do Papa? Nós esperamos conhecer suas declarações acerca desse assunto e sobre a legitimidade dos latifúndios onde a vida de milhares de pequenos agricultores, está em jogo... Bem-aventurados os que são perseguidos porque eles fazem a vontade de Deus!”.
Pode-se resumir assim a resposta do Núncio: “O Papa já falou sobre estas questões. Não tenho nada a dizer.” Então se pode comentar: para que pode, então, servir um Núncio? O mínimo que se pode dizer é que este do Brasil não ajuda os bispos na sua tarefa! Uma esperança: ele chega ao final de seu mandato no próximo ano. A escolha do sucessor será um teste: O Evangelho vivido pela Igreja do Brasil põe medo em Roma? Em outras palavras: a diplomacia ou o Evangelho: o que parece ser mais importante para o Vaticano? As belas palavras da última Encíclica[7] serão concretizadas?
Minha primeira intenção não era de falar tanto deste fato. Mas é tão característico da atual situação brasileira, que eu não podia falar sem desenvolver: problemas da terra e a realidade do capitalismo internacional - relação Igreja-Estado - papel da Igreja na sociedade - tensões internas da Igreja... Falta de interesse da imprensa estrangeira. Sob muitos aspectos, isso pode estimular uma reflexão de grupo. Julguem vocês mesmos sobre isso!
DOM LUÍS ESTÁ MUDO... DOM SILVESTRE CHEGOU
Mais um evento da Igreja significativo da realidade brasileira. Um editor de um jornal local não hesitou em escrever que essa mudança do bispo auxiliar de Vitória poderia constituir “o acontecimento político mais importante do ano no Estado do Espírito Santo, especialmente antes das eleições de 1982”. Dom Luís, aqui há 15 anos, e que muitos esperavam vê-lo suceder o Arcebispo (doente e idoso de 72 anos), é considerado como um dos bispos de ponta no Brasil para a criação e desenvolvimento das Comunidades Eclesiais de Base. Agora ele está em Campina Grande, no Estado da Paraíba. Dom Silvestre chega de uma das dioceses rurais mais pobres do Brasil. O que foi marcante durante a Assembleia Geral da diocese, no final de outubro, é a delicadeza das pessoas: com franqueza e sem contornos, de frente com Dom João (o Arcebispo) e Dom Silvestre, manifestaram seu desacordo sobre a forma misteriosa de “emudecer Dom Luís”, mas ao mesmo tempo, eles não perderam oportunidade para expressar a Dom Silvestre confiança e esperança e, especialmente, o desejo de continuar fortemente na direção impressa por Dom Luís. No domingo, 6 de dezembro, uma imensa celebração preparada pelas 275 Comunidades de Base da periferia de Vitória deve repetir esta mesma determinação.
“AGORA QUE A ONÇA MORREU TODOS QUEREM DESFRUTAR DA SUA PELE”
Depois de meses e meses de lutas - e apesar da má vontade, ou obstrução, dos políticos locais - a Associação de Moradores de Flexal 2 (um dos bairros mais pobres que eu acompanho) tem uma segunda linha de ônibus, o que é essencial. Eles prepararam a inauguração. Recusaram que na posse um funcionário oficial cortasse a fita: seria o motorista do ônibus. Eles providenciaram tudo sozinhos, permitindo apenas o direito de falar por 5 minutos a um representante do Município, um da empresa de ônibus e um do serviço de transporte do Estado. Eles preparam uma dúzia de faixas e cartazes. Quando o prefeito começou a falar, dando à prefeitura os méritos integrais desta conquista, eles levantaram esta faixa: “Agora que a onça morreu todos querem desfrutar de sua pele”. Um folheto lembrou que tudo o que existia em Flexal 2, incluindo a abertura de ruas, é graças à Associação de Moradores, e não aos políticos. O que é perfeitamente verdadeiro.
Os cartazes também diziam: “Povo que luta, que se organiza, não pode ser explorado” – “Povo que vive como Cristo viveu - e morreu na Cruz pela libertação - também não tem medo da cruz, lutando por nossa libertação” - “Um bairro sem esgoto, é um povo cheio de verme. Que vamos fazer?”- “De promessas estamos cheios, queremos resultados”.
Nas comunidades é em Jesus que se põe a esperança. Compartilhando com vocês o seu clamor (livrinho de preparação do Natal de 81): “Cada vez que os pequenos se unem para lutar por seus direitos, nasce a esperança de um mundo novo. Aí nasce Jesus”. Eu vos desejo a mesma esperança ativa para 1982.
Gaby
Uma canção, frequentemente repetida nas reuniões: bem-humorada para falar da realidade.
Do lado de lá, só quem sobe.
Do lado de cá, só quem desce.
Do lado de lá, só quem goza.
Do lado de cá, só quem padece.
[1] Ronald Reagan: 40º Presidente dos EUA. Presidiu o país nos anos 1981 a 1989.
[2] "Aristide CAMIO" e "François GOURIOU": “Padres franceses da Igreja Católica. Líderes da Comissão Pastoral da Terra. Presos e torturados em agosto de 1981 na sede do GETAT (Grupo Executivo de Terras Araguaia/Tocantins) junto com outros 13 lavradores. Libertados em 1983. Deixaram o Brasil em 1991”. (Informações extraídas de http://www.pavablog.com/2014/04/02/veja-lista-de-evangelicos-e-catolicos-vitimas-da-ditadura-militar-no-brasil/ no dia 14 de abril de 2014).
[3]Grupo Executivo de Terra do Araguaia/Tocantins: “instrumento do regime militar que privilegiou altos funcionários civis, militares, o filho de um ex-ministro e um ex-governador de Goiás”. (informação encontrada no site “Gente de Opinião”, no dia 19 de abril de 2014.
[4]Ibrahim Abi-Ackel foi ministro da Justiça no período do presidente João Figueiredo (1979-1985). Seu nome aparece envolvido num caso de contrabando de pedras preciosas, no ano de 1983. (informações extraídas do site do "Museu da Corrupção", no dia 19 de abril de 2014.
[5] Jarbas Passarinho era, nessa ocasião, presidente do Senado Federal do governo Figueiredo (1981-1983)
[6] Dom Carmine Rocco era o Núncio Apostólico de então. Representou - de 1973 a 1982 - a Sé Romana no Brasil.
[7] Padre Gabriel se refere aqui à Encíclica LABOREM EXERCENS (SOBRE O TRABALHO HUMANO), de 14 de setembro de 1981, do Papa João Paulo II. Destacamos aqui um trecho dessa Encíclica, que certamente deve ter inspirado Gabriel a citá-la: “Para se realizar a justiça social nas diversas partes do mundo, nos vários países e nas relações entre eles, é preciso que haja sempre novos movimentos de solidariedade dos homens do trabalho e de solidariedade com os homens do trabalho. Uma tal solidariedade deverá fazer sentir a sua presença onde a exijam a degradação social do homem-sujeito do trabalho, a exploração dos trabalhadores e as zonas crescentes de miséria e mesmo de fome. A Igreja acha-se vivamente empenhada nesta causa, porque a considera como sua missão, seu serviço e como uma comprovação da sua fidelidade a Cristo, para assim ser verdadeiramente a « Igreja dos pobres ».” (do site: http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_14091981_laborem-exercens_po.html , no dia 19 de abril de 2014)
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