Nous n'étions pas nombreux à Port-Lesney cet après-midi, pour faire mémoire de la vie donnée de Gabriel. Mais nous portions tous ceux qui ne pouvaient pas venir, et nous avons mis tout notre cœur pour être en lien avec nos amis brésiliens qui vont célébrer l'Eucharistie avec l'APGM, ou vivre un moment sur la place de Cobi de Cima.
Au cimetière, c'est le texte de Claudio qui a aidé notre méditation.
Padre Gabriel, Présent ! - Les amis de Gabriel MAIRE
Padre Gabriel, Présent ! - Quel est cet homme, au milieu des pauvres qui luttent pour survivre ? Père Gabriel, présent ! - Quel est cet homme, signe de contradiction entre le monde premier, viva...
http://amisgaby.over-blog.com/article-padre-gabriel-present-58282268.html
Nous avons fait une petit marche, notre caminhada ! Et nous avons poursuivi ce temps de mémoire, dans l'église, en passant devant la stèle placée sur la place Gabriel Maire.
En septembre 1988, les Cercles bibliques ont invité le peuple à écrire ses propres psaumes. A PORTO de SANTANA et à FLEXAL, beaucoup de membres des Communautés Ecclésiales de Base ont écrit ou dicté les mots qu'ils avaient sur le cœur. Gaby a écrit le sien, il a été transcrit sur une banderole que l'on retrouve dans toutes les célébrations de mémoire des martyrs de la caminhada. C'est ce psaume de Gaby qui a été lu par Jean-Marie.
Oscarina n'a pas connu Gaby de son vivant. C'est par le témoignage reçu de ses amis qu'il est devenu son ami. Elle écrit de nombreux poèmes pour parler de lui. Elle a écrit celui-ci spécialement pour ce 32ème anniversaire de l'assassinat de Gaby.
C’est au séminaire où il enseigne que Gaby raconte son dialogue avec Dieu :
Dieu s'assit à côté de moi, et resta immobile.
Il attendait que je lui pose la question que tout le monde se posait,
Mais j'étais révolté, plein de doutes,
C'était sur leurs visages que je voyais la faim des jeunes. Ils avaient faim de pain, d'amour, de justice, c'est sur le visage de ces jeunes que j'avais connu la faim de pain, d'amour et de justice.
Non, nous n'étions pas tous égaux,
mais les professeurs nous apprenaient à aimer Dieu de la même manière.
Alors je l'ai regardé, et avec ma timidité dissimulée mais audacieuse je lui ai demandé :
- Qui es-tu pour permettre des inégalités entre ceux qui te louent ?
- Qui es-tu, toi qui abandonnent ceux qui croient en toi ?
La réponse n'est pas venue. Alors, courageusement, j'ai continué à parler :
- Dieu, un jour j’étais encore tout petit, je t'ai dessiné dans mon cœur. Tu étais plein de lumière, tu étais sensé et serein. Ce jour-là j'ai promis de te suivre, C'est pour cela que je suis ici. Dis quelque chose si tu veux que je continue à croire et à te suivre.
La réponse fut aussi tranchante que le fil d'un rasoir coupant l'être incrédule que je voulais devenir. Elle est venue de manière ferme, douce et définitive :
- Comment veux-tu servir la lumière sans connaître les ténèbres ? - Il te reste encore beaucoup à voir. Tu verras l'avidité et la cruauté des hommes, tu sentiras le froid de la mort des frères abandonnés à leur propre sort. Tu toucheras la terre souillée du sang des luttes avec un pouvoir injuste et tu parcourras des terres lointaines. Cela te rendra fort et intrépide, et tu m'honoreras de ta foi et de toncourage.
Après avoir dit tout cela il s’est levé. Mais j'ai encore pris la parole : - Je n'ai pas choisi ça !
Il a répondu :
- C’est certain, tu n'as pas choisi de vivre ça, c’est moi qui t’ai choisi. Maintenant, va, avec ta ténacité le long des chemins que la vie t'offrira. Distingue jusqu’où tes yeux et ta voix peuvent atteindre le peuple pour l’aider. Et après tout cela, comprends que la mort n'est pas la fin du combat, mais le début d'une grande bataille. Et souviens-toi : aucune graine ne germe sans tomber, et le jour où tu seras semence, tes enseignements germeront, et tout le peuple d’une même voix répétera tes paroles : « J’aime mieux mourir pour la vie que vivre pour la mort. »
Nous avons terminé avec le dévoilement d'un poster représentant une crèche vivante. Il y a 2 ans, nous avons vécu la veillée de Noël dans la famille Lopes, et ce sont les jeunes et les enfants qui ont interprété cette scène.
Puis nous avons écouté les paroles de ce chant du jeudi saint, tirés de l'Evangile de Luc : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! » . Gaby avait proposé de la chanter à la fin du mariage qu'il venait de célébrer. Chant prémonitoire, ce n'était pourtant pas un chant à chanter au moment de ces derniers jours de l'Avent. C'est ce soir-là qu'il a été assassiné.
Ci-dessous la célébration à Cobi de Cima :
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