Bernard Colombe connaît bien les Brésiliens puisque lui aussi a été prêtre à Vitòria, en équipe avec Gaby. Il nous explique ici comment le peuple brésilien a été amené à mettre en oeuvre ces multiples "résistances" en vue d’arriver à se libérer de diverses oppressions.
Le mot Résistance apparaît dans un texte de Leonardo BOFF paru le 20 septembre 2010 dans "Adital". Il dit que les Brésiliens résistent de diverses manières et en particulier par leur inépuisable espérance : Si Dieu veut, les choses vont s'améliorer.
Après la période que Gaby a connue, où on s'encourageait à voir et faire émerger les moments et les lieux de libération et où l'on célébrait, dans la foi, la sortie d'Egypte renouvelée, les résistances d'une partie de la société brésilienne aux changements ont fait apparaître, par contrecoup, le même mot résistance, du côté du peuple cette fois, comme une attitude positive. Il devait résister, à défaut de pouvoir se libérer vraiment, totalement. Cela gardait une posture d'action, ça s'opposait à la passivité toujours possible et bien explicable. Il fallait défendre pied à pied les petites victoires, empêcher qu'elles soient contournées par les tenants des pouvoirs.
Résister paraissait moins ambitieux, plus réaliste, que libérer. Et pourtant, il s'agit bien là d'un aspect d'une libération qui ne peut manquer : la libération intérieure.
Résister par des actions sociales et organisées, certes, dans le domaine du travail, des soins, de l'école, de la vie municipale : les Echos de Vitoria nous rapportent ces actions continues, répétées, réinventées.
Mais pour tenir bon dans ce combat sans fin, il faut être fort à l'intérieur, pas seulement fort parce que nombreux, mais fort parce que dans le vrai, dans le juste, dans le solidaire.
La bataille idéologique, par médias anciens et nouveaux interposés, est au Brésil, me semble-t-il, plus sournoise et plus violente à la fois : la conquête de la pensée de l'autre ne recule devant aucun sacrifice financier.
Une pensée qui résiste, parce qu'elle discerne avec d'autres les enjeux de cette bataille, vaut de l'or.
Espérons que ces chercheurs de cet or ne seront jamais prisonniers d'un puits éboulé. Ou alors : creusons sans fin Ils résistent, rapprochons-nous !
Bernard Colombe
Tiré des EV n°76