Formé dans la culture chrétienne des Communautés de base, Chico Mendes, était un jeune paysan brésilien qui vivait de la récolte de l'arbre à caoutchouc (un seringueiro). Né en 1944 il découvre le communisme dans les années 60 et fonde alors les premiers syndicats de travailleurs ruraux en Amazonie, dans le nord-ouest du Brésil. Il va alors inaugurer, avec ses camarades du syndicat, une forme de lutte non violente inédite dans le monde : des centaines de seringueiros, avec leurs épouses et enfants, se donnent les mains et affrontent, sans arme, les bulldozers des grandes entreprises interessées par la déforestation. Parfois les travailleurs sont vaincus, mais souvent ils réussissent à arrêter, à mains nues, les tracteurs, les bulldozers et les scies éléctriques des destructeurs de la forêt.
Je dois crier, je dois prendre des risques,
Malheur à moi si je ne le fais pas
C'est à partir de cette époque que Chico Mendes commence à recevoir les premières menaces de mort ; en 1980, son camarade de luttes, Wilson Pinheiro, sera assassiné. Au cours de ces années, le combat des paysans et travailleurs qui vivent de l'extraction - du caoutchouc, de la chatâigne, des noix de babaçu - va converger avec celui des communautés indigènes et d'autres groupes de paysans, pour former l'Alliance des Peuples de la Forêt. Pour la première fois, seringueiros et indigènes, qui souvent s'étaient affrontés dans le passé, unissent leurs forces contre l'ennemi commun. Chico Mendes a défini avec solennité les bases de cette alliance :
Plus jamais un de nos camarades ne va verser le sang de l'autre ; ensemble nous pouvons protéger la nature qui est le lieu où nos gens ont appris à vivre, à élever leurs enfants et à développer leurs capacités, dans une esprit d'harmonie avec la nature, avec l'environnement et les êtres qui vivent ici.
Chico Mendes était parfaitement conscient : pour les gros propriétaires terriens, il est un "cabra marcado para morrer", "un gars destiné à la mort". Peu après, en décembre 1988, Mendes est assassiné, devant sa maison, par des tueurs à gages.
Le combat de Chico Mendes est un mouvement exemplaire, qui continue à inspirer de nouvelles luttes, au Brésil et ailleurs.
Texte inspiré d'un article de Frei Betto
J'ose croire, toujours et malgré tout,
à l'homme nouveau.
J'ose croire au rêve de Dieu lui-même
un ciel nouveau, une terre nouvelle
où la justice habitera.